Le Web perd la mémoire. Si le nombre de sites croît de façon exponentielle, le contenu de la plupart d’entre eux ne cesse de se modifier. Certains ferment du jour au lendemain et, avec eux, c’est un peu de la mémoire collective qui
disparaît. Les Américains ont été les premiers à se pencher sur la question. La Wayback Machine (www.archive.org) archive ainsi, depuis 1996, la plupart des sites recensés par les moteurs de recherche. Cette
nouvelle ‘ bibliothèque d’Alexandrie ‘ renferme plus de 30 milliards de pages. En France, c’est la Bibliothèque nationale de France (BNF) qui se prépare à cette tâche titanesque.Il sera impossible de tout répertorier : les sites sont trop nombreux. De plus, les moteurs de recherche actuels ne permettent pas de scanner tout le Web. Bases de données, journaux, sites protégés, blogs : toute une partie
d’Internet, ce que l’on nomme Web invisible, leur échappe. Avant de se lancer, la BNF doit définir les critères de sélection et étudier les différentes méthodes d’archivage possibles. Pour cela, elle analyse les expériences menées dans d’autres
pays : l’Australie, qui enregistre des extraits de tous les sites ; la Suède qui archive à intervalle régulier l’ensemble des sites ; la Bibliothèque nationale du Congrès américain, qui aspire les sites thématiques… Il faut
faire vite. Cet automne, l’Assemblée nationale examinera un projet de loi visant à soumettre le Web à l’obligation de dépôt légal. Si la loi est votée, elle contraindra tous les éditeurs de sites à déposer une copie de leurs pages Internet auprès de
la BNF.Ceux contenant des séquences vidéo ou radio dépendront de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), qui a déjà en charge certaines archives des chaînes de télévision publiques.Mais l’archivage du Web pose d’énormes questions éthiques : quels critères retenir afin de donner aux générations futures une idée de ce qu’était le Web au début du siècle ? Pourra-t-on demander à ce que son site personnel
ne soit pas archivé ? Doit-on vraiment tout garder ? Entre le devoir de mémoire et le besoin d’oubli, le législateur devra trancher.
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