Tapoter des doigts sur la table n’est pas un acte aussi anodin qu’il y paraît. Outre le bruit plus ou moins audible et mélodieux qui s’en échappe, cela crée des sons qui circulent dans la table elle-même sous la forme d’ondes acoustiques. Avec une particularité intéressante : les caractéristiques d’une onde sonore ainsi provoquée dépendent du point d’impact initial. Autrement dit, une frappe du doigt dans le coin d’une table ne ‘ sonne ‘ pas comme en son milieu. A chaque point de la table peut être associée une ‘ signature acoustique ‘ unique.A l’inverse, l’étude des ondes sonores se propageant dans un support permet de localiser avec précision le choc originel. C’est le principe sur lequel travaille la société Sensitive Object, créée fin 2003 et issue du laboratoire ondes et acoustique du CNRS. Son objectif ? Rendre tactile n’importe quel objet du quotidien.En pratique, deux capteurs acoustiques sont disposés sur une surface quelconque (bois, céramique, métal, verre, plastique…), isolée des vibrations extérieures. Lors d’un impact sur le support, ces petits microphones enregistrent les ondes sonores résultantes. Une puce électronique, le véritable c?”ur du système, se charge alors de traiter les informations pour déterminer la position correspondante sur le support. Et c’est tout ! Enfin, presque, il faut encore décider que toucher tel point, transformé en bouton virtuel, entraînera telle action (allumer, éteindre, taper une lettre, lancer une vidéo, ouvrir un site Internet, etc. ).
De nombreuses applications
Une phase d’apprentissage est au préalable nécessaire. Elle consiste à stocker, dans la mémoire de l’électronique embarquée, les signatures acoustiques des boutons virtuels et les actions associées. La technique s’applique aussi bien à des objets uniques qu’à des produits fabriqués en série. Dans ce dernier cas, les matériaux utilisés doivent avoir une structure très homogène, comme le verre ou le métal, afin que les signatures acoustiques soient identiques d’une unité à l’autre.Par rapport aux technologies concurrentes (résistive, capacitive, à infrarouge), utilisées par exemple, sur les écrans tactiles (voir Micro Hebdo numéro 502, pages 36 et 37), la technique acoustique se distingue par une grande souplesse. Elle s’applique à n’importe quelle forme plane, bombée ou tridimensionnelle, et à n’importe quel matériau. Elle est également insensible aux rayures comme à la poussière, et fonctionne aussi bien sur de petites surfaces que sur de grandes. Enfin, le support utilisé n’a pas besoin de recevoir un traitement particulier et, une fois le système calibré, il ne bouge pas dans le temps. Les applications envisagées sont d’ores et déjà nombreuses. Outre les écrans tactiles, la technologie acoustique, réclamant très peu de maintenance, s’adapte bien aux exigences des points d’accès publics comme les distributeurs, les horodateurs, les bornes d’information… Les boutons étant virtuels et non mécaniques, on pourrait aussi la voir apparaître sur des appareils électroménagers placés dans des conditions de température et d’humidité extrêmes, comme les hottes aspirantes ou les machines à laver.
Sensible aux nuisances
La technique connaît néanmoins quelques inconvénients sur lesquels planche l’équipe de Sensitive Object. Comme elle repose sur les sons, elle peut, dans des cas extrêmes, être perturbée par les bruits environnants. Un horodateur peut ainsi être littéralement ‘ assourdi ‘ par les vibrations sonores d’un marteau-piqueur à proximité, redevenant opérationnel dès que la nuisance disparaît. De la même façon, la résonance des gouttes de pluie sur une vitrine de magasin doit également être prise en compte. Mais l’équipe se veut rassurante : ‘ Nos écrans supportent un bruit de 85 dB. Or, un restaurant très bruyant est à 75 dB et une rue particulièrement fréquentée à 80 dB. ‘La solution passe aussi par la reconnaissance et le filtrage électroniques des sons perturbateurs. ‘ C’est juste une question de temps pour mettre au point les algorithmes ‘, assure Marc Vasseur, vice-président de Sensitive Object.Reste le coût économique par rapport aux autres technologies tactiles. Hervé Martin, directeur général de la société, n’en fait pas mystère : ‘ Notre technique devient intéressante sur de grandes surfaces et à partir d’un certain nombre de boutons. ‘ Les exemples présentés dans le showroom fraîchement inauguré sont là pour convaincre les derniers sceptiques.
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