Yves Bolognini, dit ‘ Bolo ‘, 31 ans, a toujours eu la passion des collections. A 7ans, il récupère les bouchons en liège des bouteilles de vin et les stocke dans sa chambre. Puis ce sont les billes, les autocollants et les capsules de sodas. Adolescent, Bolo s’attaque aux timbres et aux pièces de monnaie, puis aux billets de banque et aux bouteilles de bière. En 1995, alors étudiant en informatique, il tombe sur une drôle de machine abandonnée sur un trottoir de Lausanne. ‘ C’était un Apple IIe, l’un des premiers Apple, se souvient Yves. Cela n’avait déjà rien à voir avec les machines du moment. Je l’ai rapporté chez moi et je l’ai allumé : il fonctionnait encore parfaitement. ‘ Après avoir goûté à toutes les collections possibles et imaginables, Yves avait cette fois trouvé sa voie ! En quelques années, il amasse pas moins de 500 ordinateurs différents, datant de 1975 à 1990, et un total de 1 000 objets, consoles de jeux, souris, joysticks et même calculatrices et stations de travail. ‘ Au début, je déposais des annonces dans les supermarchés en proposant aux gens de les débarrasser de leur vieux matériel, explique Yves. Mais aujourd’hui, étant plus connu, les entreprises et les particuliers s’adressent directement à moi. Plutôt que de jeter leur matériel, les gens ont l’impression de lui donner une seconde vie en le léguant à la collection. ‘
80 % des micros fonctionnent
Sa plus grande réserve, dans un local discret à deux pas de la gare de Lausanne, est une véritable caverne d’Ali Baba. Au hasard des rayonnages, Yves dévoile toutes sortes de machines : des dizaines d’Amstrad, d’Atari ST, d’Amiga, ou encore un Pong, le premier jeu vidéo de l’histoire, en parfait état de marche. Sans oublier les logiciels, les manuels d’utilisation et les magazines d’époque. Autre pièce maîtresse, le IMSAI 8080, star high-tech du film Wargames en 1983. Et près de 80 % des micros fonctionnent. Comme le HP 2100 de 1971, pour lequel il suffit de tourner la clé pour entendre de nouveau le ronronnement caractéristique et exécuter un petit programme maison qui fait briller les diodes.
‘ Avec l’informatique, cela va bien plus loin que la simple collection, explique-t-il. On ajoute un volet historique et un volet conservation des modèles. Dans ce domaine tout va très vite et les gens oublient rapidement à quoi ressemblaient les ordinateurs d’il y a seulement 10 ans. Nous nous devons de garder des traces. ‘Et Yves Bolognini ne conserve pas tous ses trésors pour lui. Non content d’avoir réuni une collection très complète, il est aussi le premier à avoir ouvert un vrai musée. En 2002, l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne lui propose d’organiser une petite présentation et, face au succès, l’exposition temporaire devient un musée permanent. Aujourd’hui, le ‘ musée Bolo ‘ propose une cinquantaine d’objets, sous vitrines sécurisées, avec explications détaillées et scénographie futuriste. ‘ Nous avons choisi de retenir quelques-uns des grands classiques de l’informatique qui rappellent immédiatement des souvenirs ‘, explique-t-il. Au fil de la visite, on trouve donc le premier Macintosh, de 1984, et le premier IBM PC, son aîné de trois ans. Un peu plus loin, voici l’ordinateur Alice ou le T07 chers aux Français. Là, les premières consoles de jeu : la Nintendo Nes et la Sega, de 1985.Yves n’a pas non plus résisté à présenter quelques exemples du savoir-faire suisse en la matière, avec notamment plusieurs Smaky, la marque d’ordinateurs helvétique. Jouxtant l’une des immenses salles informatiques de l’école polytechnique, le musée a séduit les étudiants. ‘ C’est amusant de voir l’évolution ‘ , explique Loïc, 20 ans, en troisième année à l’EPFL. Romain, un camarade de promotion, jette un regard ému vers l’antique Nintendo Nes. ‘ C’était ma toute première console de jeux ! ‘ , lance-t-il. Ouvert au public, le musée accueille aussi quelques groupes tout au long de l’année. Retraités de sociétés informatiques ou passionnés français ont déjà fait la visite. Reconnu officiellement par l’Association des musées suisses depuis novembre dernier, le musée entend bien prendre de lampleur dans les années à venir. ‘ Je recherche un sponsor qui nous permette de nous agrandir, explique Yves Bolognini. Mon rêve serait de devenir conservateur à temps complet. ‘www.bolo.ch
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