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Des chips pour tous les goûts

Moins connu que le processeur, le chipset prend en charge tous les composants du micro et s’emploie même à en remplacer certains. Qui est donc ce mystérieux élément très sollicité ? Réponse de l’intéressé.

Micro Hebdo : Je suis surpris, je pensais rencontrer une puce et vous êtes deux…Northbridge : Effectivement ! Quand on dit chipset, on pense a priori à un seul élément. Mais ce nom anglais se traduit littéralement par ‘ jeu de puces ‘, ou ‘ ensemble de composants ‘. En pratique, nous travaillons toujours par deux, plus exactement, en couple. Je me prénomme Northbridge, le ‘ pont du nord ‘, et voici ma compagne, Southbridge, le ‘ pont du sud ‘.Joli… Mais vous n’avez pas de nom de famille ?Southbridge : Si, bien sûr. Nous avons le nom de nos fabricants : Via, SIS, Ali, nVidia ou Intel. Mais nous avons également des surnoms de génération, car nous évoluons au même rythme que les processeurs. C’est pourquoi vous nous trouvez sous l’appellation de Via KT400, SIS 735 ou encore Intel i845.Que faites-vous exactement dans la vie ?Northbridge : Nous travaillons dans la communication, et… plus particulièrement dans l’échange d’informations. Vous savez sans doute qu’il faut beaucoup de composants pour fabriquer un ordinateur : un processeur, de la mémoire, un disque dur, une carte graphique… Tous ces éléments sont assemblés sur une carte électronique principale, dite carte mère. Ma compagne et moi sommes soudés sur cette carte. Nous y assurons la communication entre les différents éléments du micro en établissant des ‘ ponts ‘,d’où nos prénoms… Je suis au centre des communications entre le processeur, la mémoire et la carte graphique. Ma compagne, elle, s’occupe du reste.Que faites-vous avec la mémoire ?Northbridge : Le processeur a besoin des informations stockées en mémoire pour faire ses calculs. Je suis chargé de les lui apporter, puis de ranger le résultat de ses opérations dans la mémoire. Et en tant que manutentionnaire, je ne gère pas des stocks infinis. Je suis donc obligé de limiter la quantité de mémoire du micro. Dans mes versions les plus récentes, je suis tout de même capable de gérer plus de 2 Go de mémoire. Généralement, je n’accepte qu’un seul type de mémoire : SDRam, DDR-SDRam ou Rambus. Aujourd’hui, je préfère la DDR-SDRam qui fait l’unanimité des fabricants pour ses performances et son prix.Des contraintes similaires vis-à-vis du processeur ?Northbridge : Oui. J’ai un peu de honte à l’avouer, mais c’est de ma faute si l’on ne peut pas installer d’Athlon dans un PC équipé de Pentium 4 et vice-versa. Chaque processeur parle un langage spécifique et suffisamment compliqué pour que je ne puisse comprendre que l’un ou l’autre, jamais les deux.Vous avez aussi évoqué le graphisme…Northbridge : En effet. Je me suis lancé dans la vidéo à l’apparition du port AGP, dont la responsabilité m’a été confiée. Puisqu’on m’en demande toujours plus, j’intègre parfois un circuit graphique ; je suis alors capable d’afficher directement sur un écran, sans passer par une carte graphique. Du coup, certains fabricants de cartes mères en profitent pour me confier complètement l’affichage. Pour être honnête, au départ je n’étais pas très performant en 3D. Mais aujourd’hui, dans certaines de mes déclinaisons, j’arrive à atteindre le niveau de bonnes cartes spécialisées.Et vous, Southbridge, quel est votre rôle ?Southbridge : Pour faire simple, disons que je me charge des ‘ relations extérieures ‘ : prises série, parallèle, PS2, USB 1.0, USB 2.0, PCI…, je gère à peu près tout ce qui se branche sur le PC, en dehors de l’affichage. Certaines de mes déclinaisons récentes sont même capables de gérer du FireWire ou des réseaux.Mais qui s’occupe du disque dur ?Southbridge : C’est moi ! Et je me charge aussi des lecteurs et des graveurs de CD et de DVD. Nous communiquons ensemble par le biais de la norme ATA, qui nous sert de langage commun. Mais contrairement à ce que fait Northbridge avec la mémoire, j’accepte aussi bien les anciens disques (ATA 33 et 66) que les nouveaux (ATA 100 et parfois 133).N’êtes-vous pas aussi un peu musicienne ?Southbridge : En effet ! Depuis quelques années, je possède souvent des fonctions audio comme une vraie carte son. Au début, je me limitais à la stéréo. Mais aujourd’hui, je sais faire du multicanal sur 6 voies, en mode 5.1. Il fallait bien que je réponde aux attentes des amateurs de DVD-Vidéo et de jeux avec des effets surround.Pourtant, les ordinateurs n’ont pas toujours toutes les fonctions et toutes les prises que vous énumérez ?Southbridge : C’est vrai. Il y a deux explications à cela. D’une part, je ne suis pas toujours capable de gérer toutes les connexions qui existent. En effet, mon fabricant construit parfois deux versions : une bridée pour les micros d’entrée de gamme, et une complète pour des micros haut de gamme. D’autre part, le fabricant de la carte mère sur laquelle je suis implanté est libre d’utiliser ou non mes possibilités. Par exemple, sur les portables, je suis systématiquement capable de contrôler un port série, mais je ne le fais pas toujours car cette prise tend à disparaître pour privilégier d’autres connecteurs sur l’espace limité à l’arrière des portables.Vous arrive-t-il, à tous les deux, de communiquer entre vous ?Southbridge : Oui, nous le faisons en permanence, en empruntant un bus de communication spécifique à chaque constructeur. C’est pourquoi notre mariage est arrangé par notre fabricant. Mais notre association n’est pas figée : un Northbridge peut tout à fait être couplé à différents Southbridge, et réciproquement.Pourquoi acceptez-vous tout ce travail ?Northbridge : Tout d’abord, pour une raison simple : il faut faire baisser le coût des ordinateurs. Puisque nous avons appris à tout faire (ou presque), il n’est plus nécessaire de multiplier les puces et les cartes à l’intérieur des micros. Actuellement, avec nos versions les plus évoluées, il suffit d’ajouter à la carte mère un processeur, de la mémoire, un disque dur et un lecteur de CD ou de DVD pour fabriquer un ordinateur complet ! Doù le second intérêt : outre le coût, cela entraîne un gain de place très important qui a pour conséquence le développement des mini-PC, très à la mode en ce moment et aussi performants que des micros classiques.

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Vincent Lheur