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De peer en peer !

Je m’étais pourtant promis, ce mois-ci, de vous parler d’autre chose. Mais, encore une fois, l’actualité commande. Quotidiens, radios, télés, tous se sont emparés du débat…

Je m’étais pourtant promis, ce mois-ci, de vous parler d’autre chose. Mais, encore une fois, l’actualité commande. Quotidiens, radios, télés, tous se sont emparés du débat sur les droits d’auteur ?” du feuilleton, devrais-je
dire, chaque épisode amenant son lot de coups de théâtre, de revirements et d’intrigues. A l’heure où j’écris ces lignes, impossible de savoir si, quand vous les lirez, le projet de loi aura été voté, et sous quelle forme, ou sera toujours en cours
de discussion ou bien renvoyé aux calendes grecques… Pourquoi un tel cafouillage ? Tout simplement, me semble-t-il, parce que mis à part une dizaine de députés ayant réellement planché sur le sujet, la classe politique discutant
d’Internet ressemble à une assemblée d’évêques légiférant sur le sexe : ils n’y connaissent rien ! La plus belle illustration en est la création du site
lestelechargements.com, annoncée à grand renfort de marketing par le ministre de la Culture comme un site de débat… alors même que la nouvelle mouture du projet de loi était déjà
bouclée. On se croirait sur un site soviétique (si Internet avait existé à l’ère soviétique !), tellement tous les intervenants officiels délivrent le même message du parti de l’industrie culturelle. Du coup, les discussions ouvertes aux
internautes ont tourné au désastre pour les positions du ministre, à tel point qu’elles ont été rapidement fermées ! C’était couru d’avance ; il aurait suffi de se connecter sur les forums traitant du sujet pour le comprendre. Mais les
énarques du cabinet du ministre savent-ils même ce qu’est un forum ? En tirant la ficelle du peer-to-peer, il est évident qu’ils n’avaient pas conscience que toute une pelote viendrait avec : atteinte aux libertés individuelles, risque de
mainmise accrue des industriels de tout poil sur la culture et sur la création informatique par la remise en cause des logiciels libres, risque d’opacifier la fraude via des réseaux cryptés, etc. Heureusement qu’il s’est trouvé des parlementaires,
de tous bords et de tous âges, pour leur mettre le nez dans… leurs contradictions. Quand on sait, en plus, que
lestelechargements.com a coûté la bagatelle de 180 000 euros, payés avec nos impôts à l’agence Publicis, alors que n’importe quel jeune webdesigner (embauché en CPE, tant qu’à faire, mais
avec un bon salaire !) l’aurait fait pour dix fois moins cher, on se demande vraiment si on vit sur la même planète virtuelle… et dans le même pays réel.

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Bernard Montelh