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De l’autre côté du miroir

Jeune réalisateur, Michaël Raoult vient de terminer Le Miroir ovale, un court-métrage en DV sur le délire d’un écrivain qui donne vie à ses personnages. Le film mêle l’esthétisme du noir et blanc aux effets spéciaux numériques.

Un écrivain tape sur sa machine à écrire, plonge dans un délire et donne vie à ses personnages. Ces derniers apparaissent en chair et en os à côté de lui, prennent peu à peu le pouvoir sur leur créateur et tentent de le tuer. Mais la réalité reprend le dessus et les personnages disparaissent… Tel est le synopsis du film de Michaël Raoult, Le Miroir ovale. Une fiction abstraite soutenue par une atmosphère dérangeante et illustrée de contrastes monochromes, presque graphiques. Le Miroir ovale est un film en noir et blanc dans la tradition de la Nouvelle Vague des années soixante. Michaël Raoult joue sur l’esthétisme et la symbolique :
‘ J’ai voulu mettre face à face le bien et le mal, le dur et le doux, le noir et le blanc. Le Miroir ovale est une métaphore de cette idée. ‘
Ce court-métrage à petit budget (5 000 euros), d’une durée de dix-sept minutes, a réclamé trois jours de tournage. Les scène sont été tournées dans des décors entièrement montés dans des studios à Ivry-sur-Seine, les effets spéciaux réalisés dans les studios de la Société française de production (SFP) à Bry-sur-Marne. Des moyens de pro, donc, mais à un coût raisonnable. ‘ La SFP met à disposition un studio avec des fonds bleus pour les productions de courts-métrages à raison de 300 euros la journée. C’est un tarif adapté pour un budget serré comme le nôtre ‘, confie Michaël Raoult. Quant à l’équipe technique, elle était elle aussi complète : un chef électricien, un machiniste, une maquilleuse, un ingénieur du son, un régisseur, et des décorateurs qui ont passé deux jours à fabriquer la pièce principale du film (fenêtre, cloisons, peintures, meubles). Enfin, les acteurs étaient également des professionnels… Mais personne n’a été rémunéré. ‘ Les techniciens sont des anciens amis de l’école de cinéma et nous nous faisons con fiance pour nous donner des coups de main ‘, explique Michaël. Le matériel ? Une caméra d’épaule Sony DVCam, quelques spots d’éclairage et un rail de travelling.

La magie de l’écran bleu

Achevé en février 2004, le tournage a été suivi d’un long travail de montage sur une station Media 10 0. Michaël Raoult s’est notamment lancé dans la retouche d’image numérique avec la technique du fond bleu, largement utilisée dans ce film. Ce système appelé aussi Chroma Key, bien con nu des professionnels du cinéma, permet d’intégrer une image dans une autre image en utilisant un fond bleu que le logiciel de retouche pourra aisément supprimer. De nombreuses scènes ont été travaillées de cette façon, notamment celle où le personnage attend dans un couloir (une photo intégrée) et encore les plans où la protagoniste poignarde l’écrivain (avec un superbe effet d’éclatement).Le Miroir ovale a été projeté en vidéo au cinéma l’Entrepôt à Paris, en décembre dernier. Aujourd’hui, Michaël Raoult a l’ambition de devenir réalisateur professionnel et souhaite mettre en scène un film plus rationnel, plus proche de la réalité : ‘ Je privilégie les films à message. C’est ce qui motive ma créativité ainsi que l’esthétique de l’image. ‘ Mais pour financer son projet, il doit trouver l’appui d’une société production. Une quête difficile dans un milieu où le court-métrage est encore peu soutenu.

Atmosphère, atmosphère…

Sur ces images issues des premières minutes du film, on constate que chaque plan est construit comme une photo. Le travail des lumières, des ombres et du contraste ajouté au noir et blanc crée une atmosphère irréelle. Michaël Raoult soigne particulièrement l’esthétique visuelle : ‘ J’ai été jusqu’à ajouter du bruit sur le film pour donner un effet argentique. ‘ La comédienne Véra Raccosta (ci-dessous) interprète un rôle double dans le film.

Couloir virtuel

L’acteur est filmé devant un fond bleu dans lequel on intègre une photo noir et blanc retravaillée avec Photoshop. L’illusion est parfaite.

Jeu de miroir

Le plan du miroir ovale (une métaphore symbolisant le passage du réel vers l’imaginaire) est une belle démonstration de Chroma Key. On filme le premier acteur devant le miroir, puis le second acteur (sans reflet). Le plan final montre le reflet de l’un face à l’autre.

Explosion

L’explosion du visage de l’héroïne au moment où elle poignarde l’écrivain est un effet d’éclatement contenu dans le logiciel After Effects d’Adobe. Un morcellement parfaitement rendu avec une progression et un détourage étonnants.

Décor en carton-pâte

La fabrication des décors représente une part importante du travail en coulisses. Des décorateurs professionnels (mais bénévoles) fabriquèrent en 48 heures une pièce avec un bureau et un canapé dans les studios d’Ivry-sur-Seine. L’éclairage de la fenêtre, lui, fut simulé à l’aide d’un spot 5k de Fresnel.

Coup de poignard

La scène du poignard est une composition formée de trois plans. Les acteurs sont d’abord filmés séparément : l’actrice devant un fond bleu et l’acteur dans le décor. Le personnage féminin est ensuite intégré avec le logiciel After Effects pour apparaître enfin sur les genoux de l’acteur.

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Édouard Maire