Bonjour. Peut-être pourriez-vous d’abord vous présenter ?Bien sûr ! Je m’appelle IP, pour Internet Protocol. Mon nom est souvent accolé à un autre sigle, TCP (Transmission Control Protocol), pour former le TCP/IP.Concrètement, comment travaillez-vous ?J’identifie les ordinateurs connectés à Internet. Pour cela, je leur attribue (en permanence ou momentanément) une adresse IP. Dans ma version actuelle, baptisée IPv4 (Internet Protocol version 4), il s’agit d’une suite de quatre nombres compris entre 0 et 255 et séparés par des points, par exemple 212.64.32.11.Ce schéma paraît effectivement simple. Alors pourquoi est-il remis en question ?Pour une raison simple : les adresses IP ne sont pas en nombre illimité ! Un simple calcul montre que, en théorie, je pourrais distribuer jusqu’à 256 ?- 256 ?- 256 ?- 256 adresses, soit 4,3 milliards. C’est beaucoup, mais toutes les adresses ne sont pas utilisables : certaines sont interdites sur le Net car réservées aux réseaux locaux. En fait, 64 % des adresses sont déjà occupées, et l’IETF l’organisme chargé du développement d’Internet estime que d’ici à 2008 au mieux, voire 2005 au pire, il n’y en aura plus de disponibles ! Or, la pénurie d’adresses IP empêcherait l’accès à Internet de toute une partie de la population mondiale. L’Asie serait la première menacée (la Chine et l’Inde notamment), mais l’Europe et même les Etats-Unis (pourtant les mieux lotis en la matière) sont menacés d’épuiser leur stock d’adresses IP.Quelle solution proposez-vous alors ?L’utilisation d’un nouveau standard qui permettra d’augmenter considérablement le nombre d’adresses IP disponibles. Ce standard existe déjà et, bien qu’encore en cours de développement, il est déjà en service. Il s’appelle IPv6 (Internet Protocol version 6), et permet d’obtenir un nombre faramineux d’adresses : 3,4 ?- 1038 ! Oui, 34, suivi de 37 zéros… Je ne suis pas sûr qu’il existe un nom pour une telle quantité mais, pour vous donner une idée, si les 4,3 milliards d’adresses IPv4 actuelles étaient représentées par un millimètre, le nombre d’adresses IPv6 représenterait 80 fois le diamètre du système galactique !Très impressionnant ! Mais qu’est-ce que ça va changer pour les internautes ?En réalité… presque rien ! Ou plutôt, si, tout va changer, mais ce sera un changement quasi invisible, une transition en douceur. Vous le savez, lorsque vous tapez l’adresse d’un site dans votre navigateur Internet, celui-ci la traduit en adresse IP pour déterminer l’ordinateur sur lequel le serveur Web est situé.Justement, à quoi ressemble-t-elle, cette nouvelle adresse IP ?D’une façon générale, le format utilisé par IPv6 est semblable à celui des adresses actuelles : il s’agit d’une suite de nombres séparés par une ponctuation. IPv4 utilisait quatre nombres séparés par des points, IPv6 en utilise huit exprimés dans un système à base 16 (hexadécimal et séparés par des doubles points. Par exemple, 8000:0000:0000:0000:0123:4567:89AB:CDEF, est une adresse IPv6.Oh ! là ! là ! Ça se complique ! Il va vraiment falloir apprendre l’hexadécimal ?Bien heureusement, non ! L’un des intérêts de la démultiplication des adresses IP obtenue grâce à IPv6, c’est qu’il sera bientôt possible d’attribuer une adresse IP fixe à chaque ‘ objet ‘ connecté à Internet. De nos jours, lorsque vous vous connectez à Internet, votre FAI vous attribue une adresse IP choisie au hasard dans son stock. Celle-ci change donc à chaque connexion.Quels autres avantages présente IPv6 ?Pour répondre à cette question, il faut tout d’abord souligner qu’IPv4 a fêté ses 20 ans en 2001. Or, il y a 20 ans, les besoins n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui et les technologies n’étaient pas non plus aussi avancées.Et quand tout cela doit-il arriver ?IPv6 est déjà en cours de déploiement.
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