Qu’est-ce qui est réel et qu’est-ce qui ne l’est pas ? En regardant un film aujourd’hui, vous pouvez encore répondre à cette question. Dans cinq ou dix ans, ce ne sera sûrement plus le cas. Les technologies numériques à la
disposition des réalisateurs ne cessent de se perfectionner. Notamment pour la création d’acteurs virtuels. Les superproductions récentes donnent un avant-goût de ce qui sera l’ordinaire de nombreux films dans les prochaines années. Dans
Spider-Man, aviez-vous remarqué que le super-héros est souvent un personnage purement virtuel ? Les scènes n’ont jamais été jouées par un humain mais sont produites image par image, sur ordinateur. Dans le deuxième épisode du
Seigneur des anneaux, les deux tours, le personnage Gollum est virtuel. Mais il reproduit les mouvements de l’acteur Andy Serkis, qui a réellement tourné toutes les scènes, 25 caméras enregistrant ses mouvements sous tous les
angles afin de donner ensuite ‘ vie ‘ au personnage virtuel.L’avenir du cinéma passe assurément par l’utilisation accrue de personnages virtuels. Des ‘ synthespians ‘, comme les ont appelés Jeff Kleiser et Diana Walczak, précurseurs en matière
d’images de synthèse et tous deux à la tête d’une société très cotée à Hollywood, spécialisée dans l’animation assistée par ordinateur. Ces synthespians ont réussi à s’imposer en montrant qu’ils peuvent être porteurs d’émotion. Gollum mais aussi
Yoda, de la Guerre des étoiles – épisode 2, sont des personnages imaginaires mais crédibles, virtuels mais réalistes. La même chose est-elle faisable avec des personnages humains ? Est-il possible qu’un jour nous confondions
acteurs réels et personnages virtuels, même en gros plan dans une salle de cinéma ? Les ‘ créatures ‘ extraordinaires, comme les dinosaures de Jurassic Park, peuvent faire illusion. Mais
recréer par ordinateur des humains plus vrais que nature constitue un défi nettement plus complexe. ‘ La marche vers le photoréalisme parfait est en avant, mais nécessite beaucoup de développements pour modéliser de façon précise
la structure et le fonctionnement des muscles faciaux, et offrir des prestations convaincantes même en gros plan ‘, explique Jeff Kleiser, dont la société a produit les effets numériques de Spider-Man et
X-men. Les recherches concernent donc toujours le visage des acteurs virtuels. ‘ Il faudra encore quelques années avant de disposer d’une technologie permettant à des personnages virtuels humains d’être
indiscernables de vrais acteurs. Et cela coûtera plusieurs millions de dollars par personnage et par film ‘, commente Stephen Regelous, l’un des ingénieurs responsables des effets spéciaux du Seigneur des
anneaux.
Des comédiens fictifs mais doués de sentiments
Pourtant, les synthespians sont déjà presque des créatures banales. Cette année, la Broadcast Film Critics Association, principal regroupement des critiques professionnels de cinéma outre-Atlantique, leur a même dédié un prix,
destiné à récompenser la ‘ meilleure performance d’un acteur numérique ‘. Il a été décerné au personnage Gollum. Hollywood s’habitue aux stars virtuelles, qui n’ont sans doute pas fini de voler la vedette aux
comédiens réels. Car les développements en cours visent à donner de l’intelligence à ces acteurs virtuels. Pour qu’ils apprennent à jouer eux-mêmes leurs scèneset adoptent un comportement (courir, frapper un autre personnage…) sans que
celui-ci soit prévu dans le script. Cette technique a été utilisée dans certaines scènes du film le Seigneur des anneaux, les deux tours. La scène de l’attaque du château fait appel à une multitude de personnages virtuels créés
par Massive, un logiciel très sophistiqué. Ces ‘ agents ‘ sont largement autonomes et évoluent sans intervention humaine, leurs interactions étant gérées de façon automatique par l’ordinateur, via des processus
d’intelligence artificielle. ‘ Nous n’avons encore qu’effleuré l’intelligence artificielle. Pour l’instant, les personnages virtuels sont capables de réagir de façon réaliste à ce qui se produit autour d’eux. Dans un futur proche,
ils sauront apprendre, explique Stephen Regelous. En incorporant la technologie des ” réseaux neuronaux ” dans le ” cerveau ” des personnages virtuels, ils pourront améliorer leur
comportement.
‘ Le cinéma de demain pourrait donc mettre en scène des personnages doublement virtuels : des créatures en images de synthèse, dotées d’une autonomie comportementale, voire d’une personnalité, comme celle d’un acteur
disparu.
Films et jeux vidéo vont devenir indissociables
Les personnages dotés d’une intelligence artificielle existent déjà dans des jeux vidéo, comme Warcraft ou Age of Empires. Les personnages y réagissent différemment à une situation
donnée. Cinéma et jeux vidéo vont probablement converger, au point qu’il deviendra difficile de séparer les deux genres. ‘ Certaines scènes de ” Matrix Reloaded ” débutent dans le jeu vidéo et se terminent dans le
film ‘, expliquait Joel Silver, le producteur, insistant sur le fait que le film et le jeu sont deux supports d’une même ‘ expérience ‘ pour le spectateur-joueur. ‘ Les
nouveaux films viendront davantage de l’univers du jeu que le contraire. Les jeux s’orientent déjà vers une narration conduite par le joueur, et cette tendance va se perpétuer. Avant la fin de la décennie, j’imagine qu’on pourra prendre part à des
films en même temps que d’autres personnes, réelles et virtuelles, sans être capable de les distinguer ‘, prédit Stephen Regelous.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.