Le 28 juillet, l’industrie du disque, les fournisseurs d’accès à Internet et le gouvernement signaient une charte pour lutter contre les téléchargements illégaux de musique. En fait, un traité de capitulation devant les exigences
des grandes maisons de disques. Désormais, celles-ci auront le droit, comme aux Etats-Unis, de procéder à la collecte automatisée des adresses IP des ‘ délinquants ‘ et de saisir un juge pour qu’il
ordonne aux FAI de résilier immédiatement leur abonnement. Qu’y a-t-il à redire à cela ? D’abord, que l’utilisation de robots amène à de nombreuses bavures, déjà attestées outre-Atlantique. Ensuite, que cette politique répressive va contre le
sens de l’histoire, et prouvera vite son inefficacité. Essayer d’endiguer des millions d’échanges de fichiers sur les réseaux peer-to-peer, c’est comme tenter de remplir le tonneau des Danaïdes. Et si les maisons de disques s’engagent désormais à
promouvoir la vente en ligne payante après l’avoir freinée tant qu’elles pouvaient , elles ‘ oublient ‘ que sur Internet s’échangent aussi des morceaux introuvables, qu’elles ne jugent pas bon de
rééditer. Oui, le peer-to-peer participe à la démocratisation mondiale de la culture. Et c’est bien ! Restent les artistes. Rappelons d’abord que tout morceau, même illégalement acquis, transféré sur un disque gravé ou un baladeur à disque dur
leur rapporte de l’argent, par le biais de la taxe sur la copie privée. Ajoutons que les principales associations de gestion des droits des artistes sont les premières à dénoncer cette charte. Leur proposition : instaurer une taxe sur les
abonnements à Internet contre le droit de télécharger librement. Certes, cela lèserait ceux qui ne téléchargent pas. Mais si la taxe est raisonnable (5 euros par mois ?), ce ne serait pas plus insupportable que de payer des impôts pour les
routes quand on n’a pas de voiture. Et cela rapporterait des centaines de millions d’euros, répartis entre tous les artistes, même ceux dont les ?”uvres ne seront pas vendues sur les sites payants. Ainsi, le peer-to-peer participerait à
l’encouragement de la création. Et ce serait bien. Mais cela profiterait moins à l’industrie musicale, qui a trouvé avec l’internaute un bouc émissaire idéal. Car en même temps que les ventes de disques chutaient de 20 à 30 %, d’autres
industries subissaient une crise. Ainsi, le tourisme en France, cet été, aurait perdu aussi 30 %. C’est sûrement la faute aux internautes !
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