Les CD et DVD enregistrables ne sont pas éternels. La qualité des disques vierges, et donc la fiabilité des données qu’ils contiennent, varie selon le procédé de fabrication et les conditions de stockage.
Un DVD qui devient totalement illisible quelques mois après avoir été gravé ; un CD-R qui se casse lorsqu’on l’extrait de son emballage ; une gravure qui échoue en cours de route… Des mauvaises surprises de cet acabit, tout le monde en a connu. Et pas seulement avec des supports à bas prix ! Car, contrairement à ce que certains pensent encore, les disques enregistrables (CD-R, CD-RW, DVD-R, etc.) ne sont pas éternels. Et tous les supports ne se valent pas. Aucune norme de qualité ne labellise les médias vierges vendus au grand public. Seules les spécifications du fameux Orange Book, formulées par Philips et Sony à l’origine du CD, doivent être respectées par les fabricants. Elles définissent des caractéristiques géométriques et des propriétés optiques de façon à établir des standards de compatibilité avec les constructeurs de graveurs.Mais elles ne stipulent rien en termes de qualité ! Résultat : l’information du consommateur est souvent des plus allusives. Les mentions ‘ Carbone ‘, ‘ Crystal ‘, ‘ Gold ‘, ‘ Azo ‘ qui figurent sur certains disques vierges ne sont pas très explicites. ‘ Si l’acheteur ne déballe pas le produit, il ne peut juger de rien ‘, admet Nicolas de Saint-Rémy, commercial chez Verbatim, fabricant de supports vierges. En effet, la plupart du temps, pas moyen de savoir quel type de pigment (la couche photo-sensible sur laquelle les informations sont gravées) compose le disque. Pourtant, les constructeurs en conviennent, tous les pigments ne résistent pas à la lumière de la même façon. Ceux à base de phtalocyanine sont supérieurs à ceux de type cyanine et devraient être privilégiés lorsqu’on recherche un support d’archivage pérenne. Pas davantage de détails sur la date de fabrication du produit. Pourtant, les experts que nous avons rencontrés sont tous d’accord : pour obtenir une gravure stable dans le temps, mieux vaut ne pas graver sur des supports ayant passé des années dans un carton. Alors, à quand une date de péremption ou tout au moins de fabrication ?
Les protocoles de contrôle de qualité ne sont soumis a aucune norme
Du coup, le consommateur a souvent tendance à se fier aux grandes marques. Mais, là encore, ce n’est pas une garantie de qualité. Avec une trentaine de labels pour une demi-douzaine de fabricants, le marché des médias vierges est devenu opaque. Lorsqu’on achète un CD-R Hi-Space, il peut avoir été fabriqué par le français MPO (Moulages Plastiques de l’Ouest), propriétaire de cette marque, dans son usine de Mayenne. Mais il peut aussi avoir été acheté par MPO à un autre fabricant. ‘ Nous sommes en permanence à la recherche de nouveaux fournisseurs, concède Caroline Barlet, chef de produit chez MPO. Nous leur envoyons un cahier des charges, puis nous testons un échantillon du produit qui nous est proposé. ‘ Car dans le monde du média vierge, la qualité peut être très fluctuante d’un lot à un autre ! Pour ne pas apposer leur nom sur des ‘ fruits pourris ‘, certaines marques disposent même d’un contrôleur de qualité posté chez leurs fournisseurs attitrés.Et, là encore, rien n’est simple : les protocoles de contrôle de qualité et les tests de vieillissement accéléré, réalisés par les fabricants pour jauger la durée de vie de leurs produits, ne sont soumis à aucune norme. Selon Frédéric Beaugrand, ingénieur de fabrication chez MPO, ‘ à l’issue des contrôles de qualité, les fabricants peuvent jeter jusqu’à 30 % de leur production… ou choisir de tout vendre. ‘ Une façon de diminuer les coûts, en vendant des médias d’une qualité très moyenne. Enfin, les vendeurs, qui ont compris tout l’intérêt qu’ils pouvaient tirer des supports vierges, n’hésitent pas à employer des moyens parfois illégaux pour faire baisser leurs prix et attirer le chaland.