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Biométrie, en quête d’identité

Adieu papiers d’identité, clés et autres mots de passe : avec la biométrie, c’est le corps entier qui devient le sésame absolu. Pourtant, les techniques actuelles de reconnaissance montrent déjà leurs limites. Les chercheurs explorent d’autres voies.

Depuis cet été, les visiteurs de la Statue de la Liberté, à New York, ont une surprise à leur arrivée. Pour des raisons de sécurité, ils doivent en effet laisser leurs sacs à dos dans des casiers verrouillés par un lecteur d’empreintes digitales. Finies les clés ou autres codes pour ouvrir et fermer la consigne : une petite pression du doigt suffit. L’avenir ? Plutôt le passé. Pour de nombreux chercheurs, la détection des empreintes digitales est déjà obsolète…

Identifications fiables et infalsifiables

Selon Philippe Wolf, un expert gouvernemental français, responsable du centre de formation de la Direction centrale de la sécurité des systèmes d’information, une simple prothèse en gélatine, réalisée à partir d’une empreinte relevée avec du Scotch, peut leurrer la plupart des lecteurs biométriques actuels. Le genre de problèmes d’authentification que veulent justement éviter les chercheurs qui travaillent déjà au futur de la biométrie. Forme de l’ongle, odeur, cartographie de l’oreille : aucune piste n’est négligée pour permettre une identification fiable et infalsifiable des personnes.L’identification biométrique repose sur des systèmes permettant de reconnaître un individu parmi d’autres en se fondant sur des caractéristiques distinctives, non reproductibles et immuables dans le temps. Aujourd’hui, deux pistes sont suivies : d’une part, la biométrie physiologique, de l’autre, la biométrie comportementale. La première s’intéresse aux caractéristiques physiques de la personne, telles que les empreintes digitales, la forme du visage, l’iris et la rétine de l’?”il, etc. La seconde se penche sur les attitudes et les mouvements propres à un individu donné : sa voix, sa diction, sa signature, son écriture, sa démarche, etc. Si la biométrie physiologique a énormément progressé ces dernières années, au point que le gouvernement français envisage, dès la fin de l’année 2005, d’introduire les premiers passeports ‘ biométriques ‘ (voir Renforcer les papiers d’identité), la biométrie comportementale en est toujours au stade de l’expérimentation. Et l’on est encore loin d’obtenir des résultats satisfaisants.

La biométrie, panacée en matière de sécurité pour les gouvernements

Le problème pourrait se résumer à une question de dosage : en augmentant la précision du dispositif de détection, on accroît le risque de rejeter la bonne personne, mais en la diminuant, on augmente celui d’accepter la mauvaise. Un arbitrage délicat. En outre, il faut que les données stockées soient infalsifiables et, surtout, que le temps d’analyse soit minime. Pas question en effet pour l’usager d’attendre plusieurs minutes devant un distributeur automatique de billets, le temps que la machine ait fini d’analyser son iris…Ainsi, l’étude de la structure de l’ADN ­ à partir d’un cheveu, par exemple ­ a été très vite abandonnée : il faut en effet compter plusieurs jours entre le prélèvement et le résultat. Mais la plupart de ces problèmes devraient être réglés d’ici peu, tant la biométrie semble être aujourd’hui considérée, par tous les gouvernements, comme la panacée en matière de sécurité.

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Karyn Poupée