Tout le génie de la console Wii tient dans la Wiimote. La manette de jeu, sans fil, offre une grande liberté et un réalisme sidérant. Pour taper dans la balle au jeu Wii Tennis, on l’empoigne comme une raquette, on vise l’écran, on mime le geste du tennisman, et la balle fuse. Le secret de la Wiimote réside dans la présence de capteurs de mouvements (lire l’encadré page 30). Les possibilités de jeu sont immenses, pour un prix modique de 35 euros la manette.Il n’en fallait pas plus pour exciter la curiosité des plus bricoleurs. Leur espoir : réussir à associer la Wiimote à leur PC afin d’en détourner l’usage. Coup de chance, la manette utilise le Bluetooth, une norme de transmission sans fil universelle, pour communiquer avec la console. Les signaux sont donc faciles à intercepter. Restait à les déchiffrer, ce dont s’est chargé l’Américain Carl Kenner. Son logiciel GlovePie, mis gratuitement à disposition des internautes, trompe l’ordinateur équipé d’une connexion Bluetooth. Il fait passer la Wiimote pour un ensemble clavier-souris. Ensuite, place à l’imagination. Les exemples de détournement sont légion. En voici trois représentatifs, du ludique au pédagogique. Pour en trouver d’autres, il suffit de taper ‘ Wii Hack ‘ dans YouTube pour être servi.www.wiili.org
Mixage Wiidéo
Le monde de la nuit et celui de la musique sont les deux premiers univers à avoir été séduits par la Wiimote. Certains DJ s’en servent pour déclencher leurs boucles sonores en direct et des musiciens l’utilisent pour piloter leur synthétiseur.Au Ninkasi, salle de spectacle lyonnaise, un écran géant diffuse des vidéos à l’enchaînement hypnotisant. Aux manettes, deux ‘ vidéo-jockeys ‘ (VJ) du collectif Wii Skiller Krew. ‘ Normalement, on pilote les vidéos en live sur une console de mixage, explique Yannick. Mais depuis peu, on utilise aussi la Wiimote et l’autre manette de la Wii, le Nunchunk. Ce n’est pas plus pratique, mais c’est plus spectaculaire. On peut descendre dans le public avec les manettes. On pilote les vidéos en dansant : c’est grisant, on a un meilleur feeling rythmique. ‘ Sur l’écran géant, trois boucles vidéo se superposent. ‘ Si j’appuie sur la touche X en inclinant la Wiimote, je change la transparence de la vidéo numéro 1. Si je donne un coup de Wiimote vers le bas, je zappe d’une vidéo à l’autre. Je peux également déclencher des filtres d’effet ‘, renchérit le vidéo-jockey.Dans la salle du Ninkasi, les VJ en action ne passent pas inaperçus. Regards étonnés garantis. ‘ Le but est d’être vu ! ‘, conclut Yannick.Démonstrations en vidéo sur www.myspace.com/wiiskillerkrew.
Manette au pied
Troquer la souris de l’ordinateur contre la manette Wii offre de nouvelles sensations aux amateurs de jeu vidéo sur PC. La palme de l’immersion revient à Pro Evolution Soccer, jeu de simulation de football. La Wiimote se glisse… dans la chaussette ! Pour faire une passe, on tape avec le plat du pied. Pour tirer, on shoote avec le pied bien droit. Un passement de jambe ? On décrit un cercle avec le pied. Les sensations sont naturelles, les footballeurs apprécieront.Hélas, pour jouer à Pro Evolution Soccer à l’aide de la Wiimote, il faut voyager dans les Alpes jusqu’au domicile de Jérôme Cornuau. Cet autodidacte en programmation a écrit un script, grâce auquel la Wiimote pilote le jeu sur ordinateur. Pas encore satisfait du résultat, il ne veut pas le publier. Des scripts, Jérôme en a écrit une quarantaine, à raison de cinq heures de travail par jour pendant neuf mois ! Des centaines d’internautes les ont téléchargés sur le site www.wiidows.fr. Gratuitement. Son rêve ? Etre embauché par un éditeur de jeux pour la Wii.
Un tableau numérique interactif pour 50 euros
‘ Trop chers les tableaux numériques, a tranché le comptable du lycée Paul Valéry (Paris). Pas question de dépenser 1 500 euros par classe. ‘ Pour contourner le problème, Franck Blascheck, professeur de physique et des sciences de l’ingénieur, s’intéresse à la TNWii. Cette fois, c’est la caméra de la manette qui est mise à contribution.L’idée vient du tableau numérique interactif (TNI), un appareil qui mémorise ce qu’on y écrit. Problème : il coûte cher. Pas tant le vidéoprojecteur, ni le PC, indispensables à son fonctionnement, et dont les écoles disposent déjà, que le capteur à placer en haut du tableau, pour détecter les mouvements du stylo. A lui seul, il coûte 800 euros ! Grâce à la Wiimote, la facture fond et passe à 50 euros. L’investissement se résume en fait à l’achat de la manette, d’une clé Bluetooth et de composants électroniques. La marche à suivre est expliquée sur le site PR-TICE (www.prtice.info) qui recense plus de 400 classes équipées. On bricole d’abord un stylo à pointe lumineuse, l’occasion de s’illustrer pour les profs de techno. Un bouton-poussoir, une pile et une diode infrarouge, fixés dans un tube en plastique de la taille d’un feutre, font l’affaire. On immobilise ensuite la Wiimote sur le vidéoprojecteur, juste au-dessus du faisceau lumineux. Au moment d’écrire, la caméra de la Wiimote filme la diode infrarouge et enregistre ses mouvements. Seul inconvénient, il ne faut pas masquer le stylo, plus exactement la diode, à la vue de la manette. La position d’écriture latérale qu’on est forcé d’adopter n’est pas des plus confortables. Mais pas de doute, le monde de l’enseignement s’est emparé de cette idée. Un professeur de Mulhouse l’exploite pour enseigner la chute des corps. Un autre de Montpellier apprend aux collégiens les bases de la sismologie en faisant subir de petits chocs à la manette.
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