‘ La numérisation des grandes bibliothèques d’Europe est un enjeu fondamental pour la diversité culturelle. ‘ Quelques mois après l’annonce par Google de la création d’une immense
bibliothèque virtuelle, cette déclaration de Jacques Chirac, le 16 mars dernier, a le mérite d’être claire : pas question de laisser à une firme privée américaine le monopole de la numérisation du savoir. En prévoyant de mettre en ligne,
d’ici à six ans, 15 millions de livres libres de droits issus des collections de grandes universités américaines (Michigan, Stanford et Harvard) et anglaise (Oxford), Google a, en effet, mis le feu aux poudres. Le président français a été l’un des
premiers à monter au créneau. Craignant une uniformisation de la culture mondiale (ou plutôt l’avènement d’une ‘ sous-culture générale dans le monde ‘, qui ferait la part belle au patrimoine anglo-saxon
au détriment de la culture européenne), le chef de l’Etat a exhorté ses partenaires européens à unir leurs forces. La Bibliothèque nationale de France a lancé depuis plusieurs années la mise en ligne de ses collections (80 000 ouvrages sont
d’ores et déjà disponibles sur son site,
gallica.bnf.fr). Mais les 15 millions d’euros dépensés chaque année par la France pour numériser son patrimoine (archives télévisuelles, films, livres, journaux…) font pâle figure à côté des
150 millions d’euros engagés par Google pour mener à bien son projet.L’intention de Jacques Chirac est de créer une vaste bibliothèque – européenne du savoir, seule à même de faire contrepoids à la superpuissance américaine. Tout premier exemple de cette future collaboration européenne, le projet
Michael lancé par la France, l’Italie et le Royaume-Uni, qui recensera, sous forme de fiches, l’ensemble des collections culturelles de ces trois pays. Même s’il ne s’agit encore que d’un colossal inventaire, voilà peut-être le premier pas vers un
vieux rêve humaniste. Celui d’une base de données, universelle, encyclopédique et, surtout, accessible à tous.
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