Aujourd’hui, le Blu-Ray et le DVD-HD incarnent le futur du stockage optique, mais pour combien de temps ? Afin d’augmenter encore les capacités des disques, les chercheurs explorent de nouvelles solutions à base d’hologrammes, de
multicouches et d’ultraviolets. Objectif : passer la barre symbolique du téraoctet.
Le DVD vit ses derniers jours. Bientôt, le Blu-Ray et le DVD-HD l’auront remplacé dans les platines de salon et les ordinateurs. Films en haute définition, stockage sans limite de fichiers… ces nouveaux disques, offrant des capacités respectives de 50 et 32 Go en double couche (contre 8,5 Go pour un DVD), représentent ce qui se fait de mieux en matière de stockage optique. Ce gigantesque bond en avant est dû à l’utilisation d’un rayon laser à lumière bleue, dont la longueur d’onde, plus courte que celle du laser rouge du DVD (405 contre 650 nanomètres), permet d’augmenter la densité des informations stockées sur une même surface.
Des progrès rapides qui inquiètent Sony et son Blu-Ray
Pourtant, le Blu-Ray et le DVD-HD semblent déjà menacés. Depuis quelques mois, Sony, l’un des principaux chantres du Blu-Ray, réaffirme sans discontinuer que sa technologie a de l’avenir et multiplie les annonces, promettant des disques de 100 Go sur 4 couches dès 2007, puis de 200 Go sur 8 couches en 2009. Le Blu-Ray aurait donc un dangereux rival ? Aujourd’hui, non, mais il se prépare en coulisses de nouveaux disques optiques bien plus performants qui, s’ils étaient mis au point dans les cinq ans à venir, pourraient anéantir, ou du moins limiter, l’avenir commercial du Blu-Ray… Ainsi le Taïwanais Ritek travaille-t-il, en collaboration avec l’université de Taïwan, sur une technologie d’enregistrement en ‘ champ proche ‘ ( Near Field ), qui permettrait d’augmenter considérablement la finesse de gravure et donc la densité des informations. Les premiers prototypes sont d’ores et déjà opérationnels : avec un traditionnel laser rouge, ils peuvent contenir 100 Go de données ! Un coup dur pour les inconditionnels du laser bleu, dont les produits sont plus chers à fabriquer.Mais le véritable danger pour le Blu-Ray ou le DVD-HD, ce sont les futurs disques optiques de 1 To (téraoctet) : 1 024 Go sur une simple galette, soit l’équivalent de 117 DVD-vidéo… Pour arriver à une telle prouesse, constructeurs et laboratoires indépendants tentent de repousser les limites physiques de la technologie optique atteinte avec le laser bleu. En effet, la longueur d’onde utilisée est quasiment à la limite du spectre de la lumière visible. Les chercheurs explorent donc de nouvelles voies : holographie, Mods, multiplication des couches du disque, remplacement du laser par un faisceau d’électrons, rien n’est négligé (voir encadrés).
L’alternative de demain : stocker beaucoup ou stocker longtemps
L’une des idées les plus audacieuses (mais loin d’être opérationnelle) concerne le stockage atomique holographique, ou Atomic Holographic Optical Nanostorage. Un terme bien compliqué pour qualifier le passage du laser bleu aux… ultraviolets (UV), dont la longueur d’onde peut descendre à 50 nanomètres. Son atout au regard des autres technologies : la possibilité, encore très théorique, d’obtenir des disques de 10 To. La société Colossal Storage Corporation, par exemple, travaille depuis plusieurs années sur le sujet. Pour l’instant, elle en est seulement à développer les technologies qui conduiront à la mise au point des premiers prototypes…Les nouveaux disques de 1 To pourraient également bouleverser le marché du stockage professionnel. Actuellement, les disques magnéto-optique Udo ( Ultra Density Optical ) des sociétés Plasmon et Verbatim peuvent abriter 30 Go de données grâce, là encore, à la technologie du laser bleu. Et ils devraient, dans quelques années, pouvoir grimper jusqu’à 200 Go. Mais cela suffira-t-il ? Les disques Udo ont pour eux leur exceptionnelle durée de vie (50 ans au minimum, contre quelques années à peine pour les CD actuels). La Nasa les a d’ailleurs choisis comme support de stockage amovible pour sa dernière mission sur Mars. C’est peut-être là leur dernier atout face aux disques optiques du futur.