Par un beau matin de printemps, Stéphane Natkin, professeur de l’Ecole nationale du jeu et des médias interactifs numériques (ENJMIN) d’Angoulême, présente l’école aux aspirants venus à l’occasion de la journée portes ouvertes. L’école propose six spécialités : game design, chef de projet, conception visuelle, conception sonore, programmation et ergonomie. Pour chaque promotion, elle recrute environ 45 étudiants de niveau bac + 3 au minimum (en réalité 80 % ont un niveau bac + 4). Le concours de recrutement se compose d’une épreuve d’élimination basée sur un dossier personnel au thème imposé, puis d’épreuves écrites à Paris, suivies d’épreuves orales à Angoulême. L’école est née des efforts de quelques enseignants et d’une volonté politique de stimuler la création de jeuxvidéo. ‘ Nous voulions créer une école en région dans le multimédia. C’est le jeu vidéo qui nous a semblé le secteur le plus intéressant. Nous avons fait le tour des entreprises du secteur, et défini les programmes ‘, explique Stéphane Natkin, l’un des piliers du projet avec Pascal Estraillier, professeur à l’université de La Rochelle. C’est aussi là l’originalité du projet : l’ENJMIN est la seule école publique entièrement spécialisée dans le jeu vidéo et ses dérivés fonctionnant en collaboration avec plusieurs entités publiques ?” universités de Poitiers et de La Rochelle, Centre national des arts et métiers (Cnam), Centre national de la bande dessinée et de l’image ?” et des structures privées ?” industriels du secteur. Mais déjà, des voix s’élèvent dans l’industrie, à travers le Sell (Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs), pour appeler à la création à Angoulême d’une école d’ingénieurs du jeu vidéo qui bénéficierait d’un soutien financier plus important de l’Etat.L’école a accueilli sa première promotion en 2001. Les étudiants ont obtenu un DESS ‘ Jeu vidéo et médias interactifs ‘, devenu depuis 2004, Europe oblige, un master ‘ Jeu et médias interactifs numériques ‘. Après des cours en tronc commun (analyse des médias, économie et droit de l’audiovisuel, anglais…), les étudiants se concentrent sur leur spécialité. Mais ils sont encouragés à suivre les cours des autres spécialités. Le gros de leur travail est un jeu développé en équipe qu’ils présentent devant leurs condisciples. Ceux qui veulent s’orienter vers la recherche peuvent rester un an de plus. Les porteurs de projets peuvent aussi être accueillis sur un principe proche de celui d’une résidence d’artistes.
Quel avenir pour les étudiants ?
Et les débouchés ? ‘ Débuter une carrière à l’étranger est presque un passage obligé, explique Stéphane Natkin. Il y a deux grands marchés au monde, en termes de production et de consommation : les Etats-Unis et le Japon. L’environnement le plus créatif se trouve au Japon, en Chine et en Corée, où ils font des choses qui remettent en cause ce qu’on a fait jusqu’à présent. ‘ Pour lui, le rôle de l’ENJMIN est d’ailleurs d’être un lieu de création où inventer le futur du jeu. Il insiste sur un autre point : le futur ne se réduit pas aux seuls jeux vidéo, mais inclut les jeux sur les mobiles, sur la télévision interactive ou sur des sites Internet. ‘ Si on prend en compte toutes ces nouvelles formes de jeux, le secteur n’est pas en crise. Il y a beaucoup de programmeurs et de game designers, mais on manque de graphistes et de créateurs sonores. ‘ Bref, il n’est pas inquiet pour l’avenir des étudiants. ‘ Dans le jeu, il y a des crises cycliques, par exemple quand une console s’arrête. Mais c’est un secteur qui marche, surtout si on forme les gens et s’il y a une volonté politique. Et il laisse méditer cette conclusion :Le c?”ur de ce métier, c’est de raconter une histoire. C’est un travail d’équipe avec des gens qui ne parlent pas tous le même langage, mais qui ont la même passion. ‘www.enjmin.net/fr
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