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Zoom Actu : Google est-il trop puissant ?

Les entreprises françaises se plaignent de plus en plus des sommes astronomiques qu’ils lâchent à Google pour apparaître dans son moteur de recherche. Et dénoncent l’hégémonie de l’américain. Explications.

Google est-il devenu le grand méchant loup ? Un grand méchant loup qu’on adore ! Juste quelques chiffres récents de Mediamétrie pour s’en convaincre. Google est le site web le plus visité en France avec 15 millions de visiteurs uniques chaque jour (pratiquement deux fois plus que Facebook). Et l’ensemble du groupe Google (donc avec ses autres sites, comme Youtube) est aussi numéro un en audience sur le web français avec 41 millions de visiteurs uniques par mois. Donc entre Google et les internautes français, c’est une vraie “love affair”… mais qui n’est pas du goût de tout le monde. Car, à l’inverse, les entreprises qui ont pignon sur web, elles, n’en peuvent plus. Google, pour elles, c’est un passage à la caisse qui leur revient de plus en plus cher. On a appris par exemple que des grandes boîtes comme Adobe ou VoyagesSNCF donnent à l’américain plusieurs millions de dollars par mois !

Un passage à la caisse qui a d’autant plus de mal à passer, que Google paie peu d’impôts en France

Seulement 6,6 millions d’euros d’impôts payés en France, en 2012. Une somme ridicule, selon les spécialistes économiques, qui estiment que Google réalise un chiffre d’affaires d’1,5 milliard euros en France… contre seulement 190 millions déclarés (le reste étant facturé depuis l’Irlande). Cela dit, Google serait sous le coup d’un redressement fiscal qui pourrait s’élever à un milliard d’euros, selon les dernières infos qui circulent.

Autre grief : une quinzaine de sociétés européennes ont porté plainte contre Google pour abus de position de dominante

Google Hotel Finder
Google Hotel Finder – Google Hotel Finder

Google détenant 90% du marché de la recherche, il est effectivement en position dominante, et n’a donc pas le droit de faire tout ce qu’il veut. Comme mettre en avant ses propres services plutôt que ceux des autres… Or, c’est justement ce qu’il se passe avec les nouveaux services de comparaison de prix créés par Google : Hotel finder, Google Flights, Google Shopping… Si vous cherchez, par exemple, un vol Paris-New York, un hôtel à Lyon ou un iPad, Google fera remonter dans la liste de résultats les offres de ses propres comparateurs. Donc pas forcément les prix les moins chers (Google affiche uniquement ceux de ses partenaires… qui paient pour ça) . Ni les offres des comparateurs concurrents.

Un accord a été trouvé pour plus d’équité?

Google était ainsi sous le joug d’une amende de 5 milliards d’euros depuis trois ans pour concurrence déloyale. Mais la Commission européenne vient d’annoncer qu’un accord a été trouvé. Entre autres concessions, Google devra désormais faire remonter trois comparateurs concurrents aux côtés de ses propres offres. Google s’engage aussi à laisser les annonceurs placer leurs offres sur d’autres services que le sien, sans pénaliser leur “ranking”. Et accepte d’être placé, dans ce domaine, sous la surveillance d’un tiers de confiance pendant 5 ans.

Tout le monde est content ?

Pas vraiment. Certains plaignants dénoncent une nouvelle “pompe à financement pour la firme américaine”. Car ils devront encore payer, selon un système d’enchères comme pour l’achat de mots-clés, pour apparaître en haut, et décrocher l’une des trois places disponibles aux côtés des offres de comparaison de Google. Aussi, l’accord doit-il encore être analysé par les plaignants, avant que la Commission ne l’entérine.

Et nous, devrions-nous y réfléchir à deux fois avant de chercher sur Google ?

On peut adorer Google, et en même temps s’inquiéter de n’utiliser que ce service, presque de manière inconsciente. Le patron de Bing (le moteur de recherche de Microsoft) racontait à 01net qu’aux Etats-Unis, Microsoft a dépensé un gros budget marketing, simplement pour que les gens prennent le temps de  réfléchir quelques secondes  avant de lancer une recherche. Résultat : aux US, Bing fait presque 20 % de part de marché. Mais pour casser le réflexe Google, y a encore du chemin ! A défaut de réfléchir avant de cliquer sur Google, au moins pouvons-nous déjà prendre conscience de sa (sur)puissance.

 

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Delphine Sabattier