01 Informatique : De combien prévoyez-vous de réduire les dépenses informatiques de BP en Europe ?Yves Thouvenin : Notre objectif est de diminuer celles du support de base opérationnelle de 50 % sur deux ans [en 2003 et 2004, NDLR]. Au bout d’un an, nous avons déjà atteint la moitié de cet
objectif.C’est un enjeu pour votre direction générale ?Cela fait partie de la recherche d’une efficacité globale de l’entreprise. Pour maintenir des marges suffisantes dans un environnement toujours plus compétitif, nous devons réduire les dépenses du groupe. C’est vital pour la
compétitivité d’un pétrolier comme BP. Comme les autres directions, celle de l’informatique participe à cet effort.Pratiquement, quels sont les leviers de cette diminution des coûts ?Elle s’opère en agissant sur quatre moyens. D’abord, en passant à internet et en mettant en ?”uvre des applications hébergées utilisables à distance. Ensuite, en consolidant nos infrastructures matérielles. Enfin, en réduisant
localement l’effectif des informaticiens spécialisés, tout en sous-traitant et en externalisant des applications à des SSII et à des hébergeurs situés dans différentes parties du monde.Mais il s’agit là d’une reconstruction complète de votre système d’information ?Demain, l’informatique de BP sera mondiale ou régionale, et non plus locale. Même si les besoins locaux spécifiques des métiers continueront d’être gérés. Vanilla, notre environnement standardisé du poste de travail, donnera un
accès direct à toutes les applications via le web. Nous sommes en train de basculer progressivement vers une interface web unique pour toutes les grandes applications, administratives et métier. Ainsi la gestion des notes de frais, auparavant gérée
sur le réseau interne, est-elle maintenant assurée sur l’extranet de BP.Mis à part les postes de travail, vous vous affranchissez donc de tout matériel ?Oui. Et, très rapidement, il n’y aura plus de serveurs dans les bureaux de BP France ou des autres filiales, mais des baies télécoms servant à relier les ordinateurs à un double réseau mondial : le réseau interne BP et le
réseau internet. Nous allons donc supprimer toutes les salles informatiques locales et les remplacer par quelques grands centres. Localement, nous disposerons de technologies télécoms de type ATM ou louées pour créer des réseaux de type IP et VPN.
Et la plupart des nouveaux développements seront sous-traités.Ces prestataires resteront-ils en Europe ?La sous-traitance et l’externalisation des applications seront confiées à des SSII et à des hébergeurs situés dans différentes parties du monde. Nous étudions de nouveaux modèles de gestion. En Europe, les travaux informatiques
locaux pourraient être limités aux interfaces avec les utilisateurs et à la gestion des prestataires. Les informaticiens qui resteront localement aideront les utilisateurs à traduire leurs besoins et à suivre les prestations qui seront réalisées à
l’extérieur. Ainsi, nos serveurs bureautiques pour l’Europe sont déjà gérés depuis la Pologne.De combien et comment réduisez-vous les effectifs d’informaticiens en local ?En Europe, les équipes locales ont été réduites d’environ 30 à 40 %, et redéployées pour assurer régionalement la gestion des projets et des supports. Elles rapportent à une organisation régionale, qui couvre des périmètres
d’intervention plus larges qu’auparavant.N’y a-t-il pas là un risque de voir se perdre certaines compétences ?Auparavant, nous disposions d’une informatique reposant sur des standards essentiellement groupe, mais aussi nationaux. Il y avait alors une duplication des expertises, et des pertes d’efficacité. En créant des équipes régionales ou
globales d’informaticiens, nous diminuons le nombre d’expertises redondantes, et tous les utilisateurs convergeront vers les mêmes outils et des systèmes homogènes. Reste un problème de langue, qui sera résolu avec des correspondants informatiques
locaux, spécialistes des métiers de BP.Comment les autres informaticiens évolueront-ils ?Chez BP, l’un des grands défis est désormais de faire évoluer les informaticiens de l’informatique locale pour qu’ils passent du savoir-faire au savoir-faire faire. Il est important aujourd’hui qu’ils aient des compétences dans les
métiers des entreprises dans lesquelles ils ?”uvrent. Ceux qui resteront chez BP devront avoir une double compétence : métier et informatique.La période actuelle vous semble-t-elle propice pour mener à bien un tel projet ?L’informatique est actuellement dans une double période charnière. D’une part, nous vivons aujourd’hui un virage technologique, et les réseaux ou les applications propriétaires vont disparaître. D’autre part, les produits et les
services se standardisent, et les marchés sont concurrentiels. Cela explique pourquoi nous sommes en train de passer à des infrastructures consolidées et publiques, et surtout sécurisées.
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