Le chant des criquets du désert, les bruits de rue d’une ville lapone, des conversations de cosmonautes… Dans son émission, La Planète Bleue, Yves Blanc, 43 ans, compose des ” cartes postales sonores ” immédiatement reconnaissables. Dans le studio qu’il a constitué chez lui, dans les Alpes, il travaille exclusivement en numérique. Résultat : une sonorité très pure, sans effets, et pourtant si sophistiquée…En 1995, Yves, rédacteur en chef de Mégamix, l’émission d’Arte consacrée aux musiques du monde, est contacté par Couleur 3, une radio basée à Lausanne. On lui propose de développer un concept d’émission d’une heure. Il invente alors La Planète Bleue, l’émission de ses rêves, ambitieuse, décalée. Il y décrypte les tendances qui secouent la planète, qu’elles soient musicales, comportementales ou technologiques. Et ça marche ! Devenu réalisateur indépendant, il décide d’en finir avec le stress parisien et s’installe dans un petit village à flanc de montagne, près de Grenoble. Yves entreprend alors de transformer son chalet en ministudio d’enregistrement. Il installe l’écran de son Power Mac, d’Apple, dans un bureau climatisé et fait fabriquer des câbles de 10 m de long pour isoler la bruyante unité centrale dans la pièce voisine… Puis il s’équipe de ProTools, de Digidesign, un logiciel de mixage audio habituellement utilisé par les professionnels de la publicité pour créer des jingles, de courtes séquences musicales très travaillées. Yves Blanc détourne ProTools de son usage premier pour fabriquer une émission d’une heure en 8 pistes (soit 8 ” sources ” sonores) : 1 pour sa voix, 4 pour les musiques qu’il présente, et 3 pour l’ambiance, chutes d’eau et cris de dauphins… une vraie mosaïque sonore ! Chaque fichier est extrait d’un support numérique (CD ou DAT, Yves en possède plus de 10 000) grâce au logiciel Toast Audio Extractor, d’Adaptec, puis directement intégré dans ProTools. Pas de compression du son, mais un montage et un mixage d’une précision d’orfèvre pour élaborer un véritable monde parallèle : “Je peux aller me promener à l’intérieur d’un son : changer, par exemple, le volume d’un coup de baguette dans un roulement de batterie !”Travailler en numérique permet à Yves Blanc de proposer une émission très finement montée. En outre, cela lui offre plus de souplesse. Il peut réenregistrer rapidement une séquence en cas d’erreur. Bref, tout le contraire du direct, qu’il a longuement pratiqué à France Inter ! Pas vraiment nostalgique, le journaliste avoue toutefois regretter un lien instantané avec ses auditeurs, que seul l’e-mail lui a permis de renouer : “Ça a changé ma vie !” Puis il lance, provocateur : “A part ça, je n’y connais rien en informatique, et d’ailleurs ça ne m’intéresse pas !”
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