Le pdg de la SSII CS Communication et Systèmes est l’un des inspirateurs du récent rapport remis par Claude Bébéar au Premier ministre, ‘ Des entreprises aux couleurs de la France ‘. Co-auteur, avec son frère
Yacine, du récent ouvrage Discrimination positive, Yazid Sabeg, qui se définit lui-même comme un Français, arabe et musulman, aux racines algériennes, s’explique sur les raisons de son engagement. Il fait le point sur les
pratiques du secteur informatique en matière de recrutement.01net. : On parle beaucoup actuellement, dans la foulée du rapport Bébéar, de la discrimination à l’embauche dans les entreprises françaises. Qu’en est-il dans le secteur informatique ?Yazid Sabeg : La discrimination à l’embauche y existe, mais ce secteur demeure plus ouvert que les autres. Les critères d’expertise technique sont prioritaires pour le recrutement.Considérez-vous que CS Communication et Systèmes soit un exemple en matière de recrutement des minorités ?Nous recevons entre 15 000 et 20 000 candidatures par an, pour un recrutement total qui atteint, les grandes années, un millier de personnes. Nous embauchons les collaborateurs selon leurs compétences. Sur les CV soumis à
la DRH, nous faisons en sorte qu’apparaissent en évidence le titre, le métier, la compétence et l’expérience du candidat. En clair, les CV sont traités systématiquement, car il est particulièrement humiliant qu’un CV soit jeté directement à la
corbeille simplement parce que le candidat se prénomme Tariq, ou Malik. Je suis convaincu néanmoins qu’il faut introduire un véritable processus de transparence et d’égalité de traitement entre les candidats. Il faut être en mesure d’expliquer au
candidat comment va se dérouler le processus de recrutement, et le cas échéant s’il sera mis en concurrence avec tel ou tel autre profil.En janvier 2004, vous avez publié avec Laurence Méhaignerie, dans le cadre de l’Institut Montaigne, un rapport intitulé ‘ Les oubliés de l’égalité des chances ‘, et vous avez récemment signé (comme
d’autres entreprises informatiques, IBM, Serda, Servia Informatique) la ‘ Charte de la diversité ‘, quels sont les fondements de votre engagement en faveur de la discrimination positive ?Tout d’abord, il est important de remarquer que ce que l’on nomme ‘ discrimination positive ‘ est déjà une réalité en France, si ce n’est qu’elle touche toutes sortes de populations (les
femmes avec la parité, les personnes handicapées…) à l’exception notable des minorités, pour assurer la diversité. S’agissant de la Charte de la diversité, il faut que les entreprises se fixent des objectifs, voire un calendrier, pour assurer
cette diversité. D’ailleurs, une entreprise comme France Télévision vient de prendre de tels engagements.Le modèle d’assimilation de la République est-il en crise ?Aujourd’hui, la République qui se veut unie et indivisible est en réalité désunie et divisée. Il faut arrêter ce trucage ! Je pense que les Français n’ont pas forcément conscience des discriminations, mais qu’ils ont horreur de
l’injustice. C’est l’un des points sur lesquels nous devons travailler. Car, en l’état, la France est un pays où il n’y a certes pas de races, mais où il y a du racisme. En ce qui me concerne, je suis un vrai républicain, arabe, musulman, de langue
française, avec des racines en Algérie. Mais je n’ai qu’une seule nationalité et j’attends le jour où mon fils pourra afficher fièrement l’héritage culturel que ses grands-parents auront laissé à leur pays.Que pensez-vous du récent amendement sur les CV anonymes, voté par la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale ?C’est une bonne mesure [déjà intégrée dans le Rapport Bébéar, NDLR]. Mais ce n’est pas une fin en soi. Cette disposition doit s’intégrer à un dispositif global pour le traitement égalitaire, la transparence et la
diversité. C’est exactement ce que vise la Charte de la diversité.
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