Yashica is back : c’est en tous cas ce que veut nous faire croire la campagne Kickstarter du Yashica Y35. Née en 1949, la marque japonaise s’est taillée une réputation au XXe siècle pour ses appareils pas chers et s’est même payé le luxe de sortir, en 1965, le premier appareil photo télémétrique contrôlé électroniquement qui a fait sa légende : l’Electro 35.
Revendue à Kyocera au début des années 80, la marque a connu moult propriétaires avant de sombrer dans le noir lors de l’avènement du numérique. Un trou noir dont la campagne Kickstarter veut la ressortir. Mais soyons clairs : si le financement est déjà un succès, du point de vue technique, ce Y35 sent mauvais. Très mauvais.
Une bonne intention (mais l’enfer en est pavé)
Point d’écran LCD ou de viseur électronique : le Y35 s’appuie sur un simple viseur de Galilée pour veut nous faire revivre le temps où les cadres étaient imprécis et où il fallait les dompter, une époque où l’argentique imposait un shoot à l’aveugle et où l’on découvrait les images après les avoir développées. Nous saluons cette approche qui remet la tension de l’incertitude dans la démarche photographique. Leica n’a pas lancé pour rien des Leica M numériques dépourvus d’écrans : il s’agit de se concentrer sur l’instant sans passer en revue ses images juste après avoir déclenché.
Mais le must, c’est quand même quand l’appareil est bon et que les photos sont belles. Et à moins d’un miracle, ça semble mal engagé.
Le capteur de la honte
Au premier abord, l’optique 35 mm f/2.8 fait saliver : avec son look de vieux télémétrique, il était logique et nécessaire que le Y35 affiche de telles valeurs. Le hic, c’est quand on découvre la taille du capteur : un vieux CMOS de 14 Mpix au format… 1/3.2 de pouce. C’est à dire de mêmes dimensions que celui qu’intégrait, à l’époque, l’iPhone 5. Autant vous dire qu’il ne reste plus que le bloc optique de ce Y35 pour le sortir de la panade. Débarrassés des contraintes des smartphones, les ingénieurs ont sans doute pu intégrer une optique avec un meilleur pouvoir de séparation et ainsi une meilleur définition d’image. Mais il est quand même assez probable que votre smartphone de 2016-2017 produise de bien meilleurs clichés que le Y35.
L’usage d’un capteur minuscule a un avantage : pas besoin de développer un autofocus performant, avec une plage de netteté, il suffit de pousser les ISO pour avoir des images nettes. Mais en basse définition et moches. C’est un parti pros artistique, mais si vous êtes un vrai artiste, il existe quantité de vieux appareils argentiques et numériques sur eBay et consorts qui satisferont vos élans créatifs bien mieux que cette… chose. Et vous aurez le mérite d’avoir recyclé un appareil fonctionnel en lieu et place d’être responsable de la production (et donc de l’impact écologique) d’une bouse infâme – mais jolie, nous en convenons.
Ceci n’est pas une pellicule
Voici LA fausse bonne idée du Y35 : plutôt que de passer par une interface logicielle – ou pourquoi pas une molette physique – pour régler le type de rendu (couleur, noir et blanc, etc.) les génies du projet ont développé 4 “cartouches” interchangeables pour reproduire la sensation d’insérer une pellicule dans l’appareil.
Donc si vous partez avec une seule cartouche ou si vous perdez les autres votre superbe Y35 sera bridé dans un seul mode. Une idée d’autant plus stupide que l’appareil n’est pas, par défaut, livré avec tous les rendus : il faut choisir l’option la plus chère du Kickstarter pour profiter des 4 modes disponibles ou acheter, plus tard, les précieuses cartouches. Une pure stupidité dans le monde numérique.
Aussi à moins d’être un fan de la marque prêt à collectionner tous les appareils estampillés Yashica, voici bien un projet Kickstarter que nous ne vous recommandons pas. Allez plutôt chiner sur une plateforme d’occasion pour vous offrir une beauté argentique ou progressez avec votre appareils photo – ou votre smartphone – actuel. Ça aura bien plus de sens.
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