Pourquoi voulez-vous créer une école de l’Internet à Bourges ? La pénurie d’informaticiens est grande en France, et le Cher est en proie à de profondes restructurations industrielles. Avec l’école de l’Internet de Bourges, j’espère garder les jeunes de la région, et en faire venir d’ailleurs. Je pourrai ainsi promouvoir ma région et répondre à une demande forte de l’industrie informatique française.Quels types de formations seront dispensés dans cette école ? Nous sommes en train d’écrire les cursus des cours de notre future école. Je ne peux pour le moment que vous parler du projet puisque nous ne l’avons pas encore présenté à la Commission du titre d’ingénieur, chargée d’en valider le cursus.Nous souhaitons former des spécialistes de l’Internet. Il y aura donc des cours de réseaux, de télécoms, d’informatique, de management, comme dans les écoles d’ingénieurs traditionnelles, mais centrées sur Internet. D’autre part, nous avons remarqué que la culture Internet nécessitait une grande ouverture d’esprit. Dans cette optique, nous donnerons également à nos étudiants des cours de droit, de sociologie, d’arts plastiques.Quel rapport entre les arts plastiques et Internet ? Il est essentiel de donner à de futurs ingénieurs des éléments de compréhension de la culture artistique, qui occupe une place importante dans la nouvelle économie. Inversement, des étudiants des beaux-arts gagneraient à disposer de compétences Internet de base. Dans cette perspective, je serais par exemple heureux de réaliser un partenariat avec l’école des beaux-arts de Bourges. C’est à mon sens le seul moyen de former des ingénieurs ouverts d’esprit et prêts à travailler en équipe. Je souhaite d’autre part que tous les étudiants de l’école de l’Internet de Bourges soient bilingues anglais-français. Cela permettra aux futurs diplômés d’entrer dans la compétition mondiale avec toutes les chances de réussir.N’êtes-vous pas en train de créer une école très élitiste ? Non, surtout pas ! Nous allons mettre en place trois filières pour faire bénéficier notre enseignement au plus grand nombre : la formation initiale, la formation en alternance et la formation continue. En formation initiale, l’école proposera une préparation intégrée au concours de l’école. On y entrera sur dossier, comme dans n’importe quelle prépa. La troisième année de l’école, qui correspond à une première année d’école d’ingénieur, sera accessible sur concours, comme dans les cursus classiques.Un étudiant de fac pourra-t-il entrer dans votre école ?Oui, il est capital de construire des ponts entre l’enseignement universitaire et les écoles d’ingénieurs. Un étudiant titulaire d’une maîtrise pourra entrer dans cette école. De même, il est indispensable que des bidouilleurs de l’Internet, qui n’ont pas forcément de diplômes, soient acceptés et reconnus pour leurs qualités. Nous serons dans ce cas précis dans une logique de validation des acquis professionnels avec des enseignements spécifiques en alternance sur deux ans.Et la formation continue ?Nous commencerons justement l’activité de l’école par la formation continue en octobre 2001.Cela nous permettra de tester nos cours et d’en valider l’efficacité. C’est en 2002 que l’école ouvrira ses portes aux étudiants en formation initiale. Nous estimons qu’elle fonctionnera pleinement en 2005-2006 avec une capacité de 615 étudiants.Quel est votre budget ?Pour la construction du nouveau bâtiment de l’école, nous prévoyons 125 millions de francs. Mais n’oublions pas que, pour l’instant, c’est encore à l’état de projet. Normalement, l’Etat devrait en financer 50 %, la région Centre 30 %, le Conseil général 10 %, et la ville de Bourges 10 %. Le budget annuel de l’école est, quant à lui, estimé à 35 millions de francs par an à partir de 2005. Le ministère de l’Education en prendra la charge.Envisagez-vous de donner des cours en ligne ? Oui, notre souhait est d’avoir le plus de cours possibles en ligne.Ces cours seront-ils libres d’accès ?C’est ce que je prône. Techniquement, il nous faudra l’accord des professeurs pour les droits d’auteur. Mais si nous arrivons à dispenser la majeure partie de nos cours en ligne, cela veut dire que nous pourrons à terme former des jeunes de tous les pays, des Africains par exemple. Nous entrerions alors dans une vraie démocratisation de l’accès à la connaissance.
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