Le succès actuel des messageries instantanées souligne chaque jour un souci majeur : leur incapacité à se parler. Entre les adeptes d’AIM (AOL), de MSN Messenger (Microsoft), de Yahoo! Messenger ou du
récent Google Talk, par exemple, il n’existe aujourd’hui aucun pont. Les utilisateurs restent donc cantonnés par ‘ communautés ‘, sur tel ou tel réseau. Sauf
à utiliser des solutions comme Trillian ou Gaim, qui ne donnent pas accès à tous les services de ces logiciels.Aujourd’hui, les choses bougent enfin. Microsoft et Yahoo! viennent, en effet, d’annoncer en grande pompe un accord international pour rendre compatibles leurs deux systèmes de messagerie. ‘ Une première du
genre ‘, selon un communiqué des deux groupes.Les utilisateurs respectifs pourront donc, dans moins d’un an en principe, s’envoyer des messages. Mais ils pourront également vérifier la présence en ligne de leurs correspondants, s’envoyer des émoticônes spéciaux et ajouter à leur
liste d’amis des utilisateurs des deux messageries. La voix et la visioconférence sont prévues par cet accord, mais selon un calendrier inconnu pour le moment.Le rendez-vous est donc pris d’ici à l’été 2006. Pour rappel, AOL et Microsoft avaient
déjà conclu en 2001 un partenariat similaire pour mettre en commun leurs messageries instantanées, mais sans suite. Le seul résultat tangible de discussions entre principaux acteurs
s’appelle
Live Communications Server, un produit de Microsoft pour les entreprises, qui permet aux utilisateurs de converser indifféremment avec
les membres de la communauté AOL, MSN et Yahoo!.
Stratégie défensive ?
Avec un tel accord, Microsoft et Yahoo! espèrent doper la distribution de leurs logiciels et rattraper ainsi le leader AOL en doublant chacun leur parc d’utilisateurs. Selon Nielsen/Netratings, cité par Associated Press, AIM, le système
de messagerie instantanée d’AOL, comptait 53 millions d’utilisateurs en août, surtout aux Etats-Unis, contre 29 millions pour MSN Messenger et 23 millions pour Yahoo!. Les deux compères annoncent qu’ils espèrent créer
‘ la plus large communauté d’utilisateurs au monde, ceux-ci étant estimés à 275 millions ‘.Pour John Delaney, analyste au sein du cabinet Ovum, la raison d’un tel accord est surtout de ‘ se défendre à long terme contre Google ‘ qui
‘ espère croître
fortement sur ce marché ‘. En s’alliant, ‘ Microsoft et Yahoo! se créent la base d’utilisateurs désirée par Google pour devenir un acteur dominant de ce marché ‘. Les deux
partenaires indiquent, en effet, vouloir se concentrer sur cet accord, avant d’envisager l’ouvrir à d’autres services, tel celui de Google.Mais pourquoi cet accord n’intervient-il qu’aujourd’hui ? Les deux alliés ont répondu à cette question lors d’une conférence téléphonique commune, en mettant en avant l’incroyable ‘ complexité de ce
projet ‘. Côté technique, Yahoo! et Microsoft s’appuieront sur le protocole SIP-Simple (SIP instant messaging and presence leveraging extensions), pour assurer le dialogue entre leurs deux services.Si l’entente entre Microsoft et Yahoo!, deux poids lourds de la messagerie instantanée, est une vraie avancée, des progrès avaient quand même déjà été enregistrés dans le domaine. Ainsi, des logiciels comme
Trillian (sous Windows uniquement) ou
Gaim (Windows et Linux) sont compatibles avec de nombreux protocoles. Une application comme Gaim permet ainsi de centraliser en une seule application plusieurs comptes (AIM/ICQ, MSN,
Yahoo!, Jabber, IRC, Napster, Gadu-Gadu, etc.). Mais Gaim ou Trillian nécessitent d’ouvrir autant de comptes de messageries que nécessaires et n’assurent pas une interopérabilité de tous les services proposés, comme certains émoticônes particuliers
ou la visioconférence.En matière d’interopérabilité, Google Talk recourt au protocole ouvert XMPP (Extensible messaging and presence protocol), basé sur XML, promu par
l’IETF
(Internet Engineering Task Force) comme Jabber ?” qui en est à l’origine ?” ou iChat d’Apple, et s’avère donc compatible avec eux. Mais
même dans le monde ‘ ouvert ‘, des barrières demeurent encore et toujours. Ainsi, la messagerie maison de Wanadoo, Le Messager, s’appuie elle aussi sur XMPP, mais ses utilisateurs ne peuvent communiquer qu’entre eux…
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