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Yahoo à nouveau en odeur de sainteté

Après une bien mauvaise année 2001, le célèbre portail repart à l’offensive. Il vient de racheter le site de recrutement Hotjobs, numéro 2 du secteur aux États-Unis.

Do you still Yahoo ? ” (Êtes-vous encore Yahoo ?), s’interrogeait à l’automne le magazine Business 2.0, en parodiant méchamment le slogan du célèbre portail. Pourtant, au terme d’une annus horribilis ?” 100 millions de dollars (112 millions d’euros) de pertes, 400 licenciements ?” Yahoo bénéficie aujourd’hui d’un regain de confiance à Wall Street : tombée à 8 dollars fin septembre, l’action s’est nettement redressée, jusqu’à repasser le cap des 20 dollars dans les premiers jours de janvier.Sur un an, la chute du cours se limite désormais à 35 % quand la plupart des dot-com ont cédé 90 % de leur valeur. Bref, Yahoo est redevenue une action attirante : la société SBC Communications vient d’ailleurs d’investir 300 millions de dollars pour racheter 3 % du capital du portail et lancer avec lui un service d’accès internet à haut débit.Le retour en grâce de Yahoo doit beaucoup à la réussite de son OPA surprise, le 27 décembre, sur le site d’offres d’emplois Hotjobs. Pour quelque 436 millions de dollars, la firme de Santa Clara s’est emparée du numéro 2 du recrutement en ligne aux États-Unis, au grand dam du leader du secteur, Monster.com.Sa dernière OPA remontait à 1999, avec le rachat de Geocities pour 4,5 milliards de dollars. Moins coûteux, mais tout aussi stratégique, le rachat de Hotjobs va faire de Yahoo le principal concurrent de Monster sur un marché qui pèse déjà 1 milliard de dollars outre-Atlantique. Avec 6 millions de demandeurs d’emploi enregistrés et 8 000 entreprises clientes, Hotjobs affichait un chiffre d’affaires de 92,6 millions de dollars sur les neuf premiers mois de 2001.

Un portail appétissant

Un bel apport pour Yahoo, qui, l’an dernier, a vu son chiffre d’affaires s’effriter à 700 millions de dollars en raison de la déprime publicitaire. “Cette acquisition va contribuer à diversifier nos revenus conformément à la nouvelle stratégie que nous avons mise en place“, a commenté Terry Semel, le PDG du groupe . Son objectif est clair : réduire la dépendance du portail à la publicité (80 % des revenus en 2001). Outre le lancement de nouveaux services à péage (alertes personnalisées, messagerie avancée, téléchargements audio-vidéo, etc.), le premier portail mondial (200 millions d’utilisateurs) parie surtout sur sa faculté à devenir un intermédiaire incontournable, sur le modèle Ebay, pour les transactions entre particuliers et entreprises. Le rachat de Hotjobs constitue un pas important dans cette direction. Et Terry Semel n’a pas l’intention d’en rester là : il souhaiterait maintenant s’offrir le site d’annonces immobilières Homestore.com. À 60 ans passés, l’ex-patron des studios de cinéma Warner Bros n’a sans doute pas fini de surprendre ceux qui s’interrogeaient sur sa capacité à piloter une entreprise internet.Reste à savoir s’il pourra préserver l’indépendance de Yahoo : à 10 milliards de dollars en Bourse, le portail fondé en 1994 par Jerry Yang et David Filo reste une cible tentante. Dernière rumeur en date : le patron d’USA Interactive, Barry Diller, étudierait une OPA sur Yahoo, avec la bénédiction de son nouvel associé Vivendi Universal…

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Jean-Christophe Feraud