L’impression 3D « grand public » connaît une nouvelle évolution majeure : après la baisse des coûts, les améliorations de vitesse et la multiplication des filaments de plastique, voici qu’arrive la couleur. Ou plutôt les couleurs : plutôt que d’additionner les filaments plastique, la nouvelle imprimante Da Vinci Color du taïwanais XYZ Printing se base sur un seul filament mais reproduit « 16 millions de nuances de couleurs », comme l’explique Cin-Yee Syria Ho, responsable marketing pour l’Europe. Il faut dire que le cœur de cette imprimante 3D est agrémentée… de têtes d’impression couleurs classiques.
Impression 3D + impression couleur
« En couplant notre maîtrise de l’impression 3D à celle de l’impression couleur traditionnelle, nous sommes les seuls au monde à proposer une imprimante 3D à technologie FFF (fused filament fabrication, fabrication à partir de filament fondu) », se félicite Mme Syria Ho. A l’intérieur de la Da Vinci Color, on retrouve en effet ce qui ressemble à de très classiques têtes d’impression jet d’encre. « Nous avons modifié les têtes et la formule des encres pour l’intégration au plastique fondu mais dans l’ensemble, il s’agit bien d’une imprimante couleur intégrée dans une imprimante 3D », ajoute-t-elle.
Capable d’imprimer des pièces de 20 cm x 20 cm x 15 cm, cette grosse boîte rouge vif permet ainsi aux objets de sortir des tons monochromes classiques dans l’impression à base de plastique PLA. Le dépôt de pigments colorés n’influe en rien la précision de l’impression qu’on peut faire varier de 40 microns à 10 microns. Le rendu des couleurs lui est tributaire des quatre encres Cyan-Magenta-Jaune-Noir (CMJN ou CMYK en anglais) et permet de reproduire, sur le papier, 16 millions de nuances.
Si XYZ Printing est le seul constructeur de machines à ce niveau de prix capable d’injecter de la couleur dans le plastique fondu, il faut rappeler que cette entreprise appartient à un énorme groupe taïwanais appelé New Kinpo Group. Vous n’en avez jamais entendu parler, mais vous avez sans doute déjà acheté ou croisé des produits conçus par la firme car elle est principalement un Electronic manufacturing Services (EMS), c’est-à-dire une entreprise qui produit pour les autres. Le savoir-faire du groupe va des calculatrices en passant par les disques durs, les NAS, la robotique, etc. et les imprimantes. Et si XYZ Printing est sa première marque détenue en propre, l’entreprise de Taïpei produit des imprimantes noir & blanc depuis 1998 et couleur depuis 2002 pour des clients aussi connus que HP. Un savoir-faire dans le jet d’encre que le taïwanais a réussi à intégrer dans l’impression 3D.
Les limites de l’impression plastique
Lors de notre visite sur le stand de Boulanger Paris Opéra, l’imprimante était à l’arrêt. La raison de ce chômage technique n’était pas un défaut de l’engin mais un problème… de température. « Nous sommes en plein courant d’air et la température autour et à l’intérieur de l’imprimante est autour de 16°C », s’excuse Cin-Yee Syria Ho. Or, selon le principe de fonctionnement de l’imprimante, les têtes d’encre doivent déposer les pigments sur le plastique fondu à une température donnée. L’environnement trop froid du magasin sabotait le dépôt de couleur en refroidissant trop vite le plastique. « Il faut comprendre que c’est une machine de bureau qui est conçue pour être utilisée en intérieur aux alentours de 20-25°C, pas en extérieur ou dans le froid », ajoute Mme Syria Ho. Cela paraît logique, mais si vous comptiez emporter cette imprimante dans votre cabane en Norvège, prévoyez d’allumer un peu le chauffage !
Abordable… pour les pros
Mmr Syria Ho reconnaît que « bien évidemment, la technologie FFF à base de plastique PLA n’offre pas le degré de finesse des technologies des imprimantes professionnelles concurrentes », qu’elle soient à poudre, à résine, etc. Mais selon elle la Da Vinci Color « offre une qualité largement suffisante pour du prototypage rapide et s’avère bien plus accessible ».
Une affirmation qui s’est vérifié en regardant le prix de la ProJet CJP 460Plus du leader de l’impression 3D Systems. Ce gros engin dont la taille des objets imprimés est comparable (20 cm x 25 cm x 20 cm) est sans aucun doute plus performant que la Da Vinci Color, mais son prix de 50.000 dollars le met hors de portée de nombre de petites entreprises. « Sans compter que le plastique PLA est très peu cher à l’usage : ce masque (image plus haut) coûte entre 5 et 10 euros à imprimer, contre environ 100 euros avec une imprimante professionnelle concurrente ».
Si le tarif élevé de 3599 euros de la Da Vinci Color a de quoi refroidir le passionné, le bon côté de la chose c’est que XYZ Printing compte bien décliner sa technologie sur les modèles plus grand public.
La couleur pour tous
Leader sur les imprimantes 3D grand public, XYZ printing « ne peut pas s’attaquer aux géants du secteur comme 3D Systems », détaille Mme Syria Ho. « Aussi si nous voulons répondre à la demande de plus en plus importante des pros comme nous le faisons avec nos gros modèles (comme la Da Vinci Color, ndr), nous allons conserver notre approche facile et grand public. Et comme il nous a fallu trois années d’intense recherche pour développer notre première imprimante 3D en couleurs, il faudra sans doute attendre un temps équivalent pour que nous déclinions la technologie sur l’ensemble de la gamme », ajoute-t-elle. En clair, l’impression couleur sera rapidement accessible au grand public.
Et quand on voit que le premier prix de la marque est à 299 euros, il est clair que la concurrence a intérêt à s’activer : qui voulait encore d’un téléviseur noir & blanc l’année ou la télévision couleur est devenue abordable ?
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