Après une flopée de promesses pas vraiment tenues, Sony va-t-il enfin sortir le grand jeu en photo pour sortir sa division smartphone de la torpeur ? C’est ce qu’on pourrait être tenté de croire (ou au moins d’espérer) en lisant la fiche technique du nouvel Xperia PRO-I. Pendant plus grand public du Xperia Pro 5G, le Xperia PRO-I ne réinvente pas la roue côté plateforme technique puisqu’il s’agit toujours d’un Snapdragon 888. Mais il intègre (enfin !), une des armes photographiques fatales de Sony : son fameux capteur 1 pouce.
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Après que les différentes versions de ses compacts RX100 à capteur 1 pouce (13.2 x 8.8 mm) ont balayé la compétition dans le domaine des compacts experts depuis la sortie du premier modèle en 2012, Sony a fini par faire ce que tout le monde attendait de lui : l’intégrer dans un téléphone. Parmi les trois modules caméra du Xperia PRO-I – des équivalents 16 mm, 24 mm et 50 mm – c’est le grand angle 24 mm qui profite de ce capteur « géant ».
Un capteur géant équipé de technologies de pointe
Ce capteur qui a équipé les premiers hybrides de Nikon (les Nikon 1) ainsi que tous les compacts experts récents ou les bridges haut de gamme tels que le RX10 Mark IV boxe dans une catégorie au-dessus des capteurs de smartphones. Chacun des 12 millions de photodiodes (improprement appelées « pixels ») mesure 2,4 microns de côté. Ces pixels plus grands et moins entassés permettent au capteur 1 pouce de collecter plus de lumière et de profiter d’une plus large plage dynamique que les petits capteurs en un seul cliché, là où les petits capteurs classiques capturent en fait plusieurs images et font une moyenne.
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Autre avantage du capteur 1 pouce : il s’agit de la toute dernière génération Exmor RS. Primo, il intègre un système AF à corrélation de phase, qui devrait garantir une mise au point ultra rapide. Deuxio, outre le fait qu’il soit à structure dite « rétroéclairée » (back side illuminated) qui collecte plus de lumière que les capteurs classiques, il profite d’une mémoire intégrée en son dos (stacked CMOS sensor) ce qui lui offre une vitesse de lecture ultra rapide.
Au côté de ce capteur grand format, Sony a développé une optique stabilisée (OIS) à ouverture variable, un 24 mm f/2.0-4.0. En mode f/2.0, il collectera plus de lumière, notamment en basses lumières, la valeur f/4 lui permettant de limiter les effets de diffraction à grande ouverture (plus grande accutance, donc des images plus « piquées »). Sony a déjà développé une focale fixe ultra compacte et aux grandes qualités optiques pour feu la RX0, sa webcam « presque-pro-mais-pas-vraiment ». D’ailleurs, sur le papier, on se demande même s’il ne s’agit pas de la même optique équipée d’un diaphragme variable…
Promesses du capteur 1 pouce, coprocesseur en soutien
Le capteur 1 pouce 12 Mpix de Sony est la version Exmor RS. il est dérivé de ceux l’on retrouve aujourd’hui dans des compacts experts comme le RX100 Mark VI. Un composant qui a de nombreuses forces et promet beaucoup. Sa couverture AF native est de 90% avec ses 315 collimateurs à corrélation de phase répartis sur toute la surface du capteur. Des collimateurs ultra rapides (merci la RAM intégrée au capteur !) qui lui permettent de suivre yeux et visages en temps réel : travaillant à 60 Hz (60 mesures par seconde), il peut suivre un sujet et le shooter jusqu’à 20 images par seconde.
Des performances qui ne s’obtiennent pas par magie non plus. Car si Sony n’intègre pas son fameux processeur d’image photo, le Bionz, le japonais ne s’est pas contenté de l’ISP du Snapdragon 888 (Spectra 580). En plus de ce SoC de Qualcomm, Sony a incorporé un « front-end LSI », une puce dédiée qu’il intègre déjà dans ses hybrides en soutien de ses processeurs Bionz. Quand ceux-ci gèrent le système, l’AF ou les paramètres (balance des blancs, etc.), cette puce sans nom travaille en amont pour réduire le rapport signal/bruit issu du capteur et accélère le dématriçage et la compression d’image.
Tester le Xperia PRO-I sera l’occasion rêvée d’évaluer si la maîtrise matérielle d’un tel composant apporte ou non une réelle valeur ajoutée face aux ISP des puces de smartphone. De la capacité de ce capteur 1 pouce à travailler en RAW 12 bit et de l’ajout d’une puce de prétraitement d’image, on attend en effet des images bien moins bruitées, des aplats plus homogènes et des contours plus naturels.
Ultra grand-angle et téléobjectif en moderato cantabile
Du côté des autres modules caméra, Sony est resté plus modeste en termes de taille de capteur : le module équivalent à un 16 mm f/2.5 embarque un petit capteur 1/2.5’’ et l’équivalent 50 mm f/2.4 un capteur plus petit encore (1/2.9’’). Mais Sony a tenu à conserver des photodiodes (oui, des pixels, si vous voulez) supérieures à un micron (1,4 µm pour le capteur du 16 mm, 1,2 µm pour celui du 50 mm).
Le fabricant a maintenu la même définition cible que les générations précédentes de Xperia 1 de 12 Mpix. Un conservatisme qui s’étend aux focales en elles même : on a vu plus large que 16 mm et bien plus puissant qu’un simple 50 mm. Nous espérons donc que Sony a soigné la partition optique et traitement du signal, car sur le papier, rien ne leur permet de sortir du lot. Seul le 4e capteur ToF qui vient en soutien de l’autofocus, leur permettra peut-être de sortir du lot côté AF, l’un des points faibles des focales secondaires des smartphones.
4K HDR, 4K120p, 21:9 et 120 Hz
Côté vidéo, tant du point de l’expérience (écran) que de la capture, le Xperia PRO-I place la barre assez haut sur la fiche technique. D’une part, son capteur au ratio 3/2 permet de profiter d’une 4K sans trop de recadrage contrairement à la plupart des smartphones actuels. Ensuite, ses technologies se déclinent aussi en vidéo, avec pour la première fois dans un smartphone, un suivi du sujet et de l’œil en vidéo.
Et aussi un vrai mode 4K120p, à savoir non pas un mode automatiquement ralenti, mais bien un mode avec 120 images pleines par seconde. De quoi produire en sortie, au choix soit un ralenti x4, soit une séquence ultra fluide… sur un écran 120Hz, comme celui de ce smartphone. Un écran au format « cinéma » 21/9e qui est, justement, compatible 120 Hz.
Sur le papier, le potentiel vidéo du terminal est excellent. Sauf qu’en face, l’écosystème d’iOS en matière d’apps vidéo est bien plus développé que celui d’Android. Sony a donc développé ses propres applications photo et vidéo « pro » pour tirer pleinement parti du potentiel. Il reste à savoir si le public de vidéastes mordra. Sony a tout fait pour, notamment pour séduire les vloggeurs avec un panel d’accessoires – grip, pince de mise en place du smartphone, écran 3,5’’ à attache magnétique et microphone externe – pour les plus sérieux d’entre eux.
Touches ergonomiques au parfum analogique
En insufflant autant de technologies issues de sa gamme d’appareils photo, Sony se devait d’ajouter des touches matérielles de ce monde. Comme la prise pour une dragonne, placée sur le côté inférieur droit, un déclencheur physique texturé, un bouton programmable ou encore un « corps de boîtier » renforcé – plutôt épais avec presque 9 mm, certifié IP65/68 contre l’eau et les poussières et protégé par du Gorilla Glass.
Et, petit raffinement de réactionnaire technologique : une magnifique prise jack 3,5 mm. Un équipement logique pour une marque qui propose des équipements audiophiles. Sony a aussi soigné d’autres éléments comme la dissipation thermique, la batterie 45000 mAh avec des cellules très haut de gamme (performances garanties 3 ans), ou encore la flopée de certifications audio et vidéo (Dolby Atmos, HiresAudio, etc.)
Dans les plus grands paradoxes de la tech, le cas photographique de Sony se pose en cas d’école : comment une entreprise, à la fois numéro deux mondial de la photo et numéro un mondial des capteurs CMOS, peut-il à la fois performer avec ses Alpha et équiper aussi bien les iPhone que les moyen-formats de Fujifilm, et se planter à chaque fois pour ses propres smartphones ? Face à ce constat, le nouvel Xperia PRO-I sonne comme l’appareil photo de la « rédemption ».
Une rédemption qui arrive bientôt : le Xperia PRO-I (prononcez « pro-aïe ») sera lancé d’ici la fin de l’année à 1799 €. Espérons qu’il tienne ses promesses…
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