Le Xperia 1 Mark II marque-t-il le réveil de Sony dans les smartphones ? On peut le croire à la lecture de la fiche technique générale – un terminal 5G en Snapdragon 865 avec la charge sans fil, un écran 21/9e, etc. Mais c’est surtout au regard de la partie photographique que l’impression semble devoir se confirmer.
Outre le triple module caméra, désormais classique dans l’offre de focales, Sony est allé encore plus loin dans les capteurs d’images et les technologies embarquées.
Le Xperia 1 II – prononcer « Xperia One Mark II » – est le premier Xperia à se revendiquer aussi fièrement de la ligne des appareils photo hybrides Alpha.
Il serait co-développé avec les équipes en charge de l’Alpha A9 dont il récupère des technologies (autofocus, rafale, suivi de l’œil, etc.). Il arbore d’ailleurs fièrement son traitement de surface Zeiss T*, dispose d’une nouvelle interface logicielle héritée de la division photo, etc. C’est aussi un grand changement de positionnement pour Sony, avec des capteurs d’image dont les dimensions sont en hausse. Petite anatomie photographique du nouveau fleuron de Sony.
Des capteurs qui grandissent, le Dual Pixel en renfort
Commençons par l’exception. Le module téléobjectif de cet Xperia 1 Mark II est le seul équipé d’un capteur aux dimensions similaires à celles du premier Xperia 1 lancé l’an dernier. Un petit capteur au format 1/3.4 pouce qui profite cependant d’une nouvelle focale plus longue, un équivalent 70 mm f/2.4 stabilisé optiquement qui remplace le 52 mm de la mouture précédente.
Les vraies évolutions sont dans le module principal grand-angle et dans l’ultra grand-angle. Ce dernier était au format 1/3.4 pouce dans le Xperia 1, et passe désormais au format 1/2.6 pouce dans cette version Mark II, sans changement de définition d’image qui reste à 12 Mpix. Chaque photosite de cet équivalent 16 mm f/2.4 collecte donc plus de lumière que son aïeul.
Même constat pour le module principal, un équivalent 24 mm f/1.7 qui passe de 1/2.55 pouce à 1/1.7 pouce. Le même genre de « grand » capteur qui équipait les compacts experts avant l’avènement du premier RX100. Un capteur aux dimensions similaires à celles du Huawei P30 Pro, par exemple. Là encore, cet agrandissement se fait sans changement de définition puisqu’il s’affiche à 12 Mpix.
De manière assez cocasse, Sony prend le contre-pied de la tendance actuelle d’intégré des « supers capteurs » de 48 Mpix, 64 Mpix voire 108 Mpix. Une décision qui peut paraître surprenante alors qu’il vend certains de ses capteurs aux constructeurs chinois. Mais au vu des déboires passés des équipes de Sony avec les capteurs trop riches en pixels, la décision semble sage.
Autre bizarrerie de capteur, s’il est bien construit avec la technologie Exmor RS de Sony (capteur dit « empilé » où l’électronique est placée derrière les photosites et qui embarque de la mémoire vive en son sein), la structure de ses photosites rappelle furieusement le Dual Pixel de Samsung (et Canon).
Sony a sans doute ici passé un accord avec Samsung pour profiter de ce capteur dont chaque photosite participe à la mise au point. Il s’agirait du capteur embarqué dans le Samsung Galaxy S20 (pas Ultra), l’IMX 555. Un choix qui serait raccord avec la stratégie de Sony dans le domaine des smartphones, puisque le Japonais ne commercialise plus ses terminaux que dans un nombre restreint de pays (en Europe, au Japon, à Taïwan et à Hong-Kong), il semble plus rentable de récupérer un composant déjà existant que d’en faire développer un nouveau.
Dernier détail assez amusant en ce qui concerne les modules caméra : le module frontal embarque un tout petit capteur (1/4 de pouce) de 8 Mpix autour d’un équivalent 26 mm. En clair : le Xperia 1 Mark II est fait pour prendre des photos, pas pour se prendre en photo.
ADN d’Alpha A9 = autofocus et rafale de compétition
S’il n’intègre pas le processeur d’image dédié Bionz X de ses grands frères les hybrides, le Xperia 1 Mark II récupère le même « moteur » logiciel que celui de l’Alpha A9. Vu ce que le module Spectra 480 du Snapdragon 865 a sous le capot, on est en droit d’attendre des performances du même plan.
Quelles sont ses performances ? Trois fois rien : une rafale pleine définition à 20 images par seconde (avec soixante mesures AF et d’exposition par seconde !), le fameux Eye AF (suivi de l’œil pour la mise au point des portraits) et un autofocus hybride.
Côté autofocus, Sony a intérêt d’assurer : non seulement pour respecter l’image de son Alpha A9 qui est un tueur sur ce plan. Mais aussi à cause des technologies mises en jeu.
Outre la structure Dual Pixel de son capteur, s’ajoute à cela un quatrième module caméra intégrant un capteur de temps de vol (Time of Flight). Un capteur qui mesure en temps réel la distance aux objets et qui renforcerait ici la rapidité de l’autofocus.
Jusqu’ici, les ToF était plus souvent mis en avant pour la mesure de profondeur qui améliore la simulation de l’effet de finesse de profondeur de champ (effet bokeh).
Du point de vue photographique pur, si la rafale est un petit plus, on attend surtout de juger de la qualité du maintien de la mise au point sur l’œil (Eye AF), une technologie que Sony peaufine depuis des années dans ses appareils photo et qu’elle maîtrise parfaitement.
Fonctionnant aussi bien sur les humains que sur les animaux de compagnie, l’Eye AF offre la garantie de réussir les portraits, ce qui n’est pas rien. Déjà intégrée dans le premier Xperia 1, la technologie se revendique ici du niveau de l’Alpha A9, ce qui est une belle promesse en termes de performances.
Alpha Photography Pro, la nouvelle interface logicielle
Le Xperia 1 Mark II est le premier smartphone de Sony a intégré la nouvelle interface logicielle « Alpha Photography Pro ». Cette nouvelle application photo reprend l’identité visuelle des menus des boîtiers Alpha. Certaines mauvaises langues – qui n’ont pas tort – rétorqueront que l’interface logicielle des appareils photo de Sony est loin d’être la meilleure.
Il faut espérer que la disposition différente du placement des éléments sur l’écran du Xperia 1 Mark II fera la différence. Sur les illustrations disponibles, on voit que l’interface profite de la différence de rapport entre le ratio de l’écran de 21/9e et celle des capteurs d’image, au format en 4/3. Le caractère panoramique de l’écran par rapport au capteur 4/3 plus vertical laisse le reste de l’écran aux paramètres et autres. Ce qui rend l’ensemble lisible sur les images d’illustration. Il faudra voir ce que cela donne à l’usage.
Enfin un Xperia qui excelle en photo ?
Un smartphone est bien plus que la somme de ses modules caméra. S’il faut attendre le test global pour évaluer la qualité de l’intégration logicielle, celle de l’endurance de la batterie et autres, en photo les attentes sont importantes. Mis à part Huawei qui travaille avec Leica, aucune autre marque photo n’a réellement pied dans le monde des smartphones.
Xperia est un drôle de zèbre, alors que Sony est le numéro un mondial des capteurs et sa division Alpha est devenue en dix ans le champion incontesté des appareils photo hybrides, ses smartphones ont toujours été des élèves médiocres en matière de photographie.
L’an dernier, le PDG de Sony, Kenichiro Yoshida, a annoncé que le Xperia 1 serait le premier terminal à profiter du savoir-faire de la division Alpha. Un an plus tard, ce Xperia 1 Mark II fait montre d’une intégration encore plus forte entre les deux divisions.
Bien que désormais réduit à l’état de marque de second rang dans le domaine mobile, Sony a ici l’opportunité de réussir à réaliser l’exploit de Bravia. La division télé de Sony qui a réussi, face à la concurrence coréenne et chinoise, à rester pertinente en se concentrant sur le haut de gamme.
Le modèle est-il transposable dans le monde des smartphones ? C’est le pari de Sony, et, pour le Japonais, la différenciation passe par la photo. Face à Apple, Samsung mais aussi Google et Huawei, on leur souhaite bonne chance.
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