Au cours des deux dernières années, Xerox a enregistré une perte avoisinant le milliard de dollars. Un niveau record pour cette société qui, jusqu’au milieu des années 90, était citée en exemple tant pour son dynamisme commercial que pour sa capacité à innover. Les causes de ce revers de fortune sont multiples. Parmi les plus évidentes, le fait de s’être reposé sur une position dominante sur un marché vertical. Place qui ne prédispose guère à l’innovation dans un secteur en évolution rapide, et où les concurrents n’ont pas toujours été suffisamment pris au sérieux.
Près de 15 % des effectifs remerciés
Afin de réengager sa société dans la voie de la profitabilité pour la fin de l’année 2001, Anne M. Mulcahy, présidente et COO (Chief operating officer), mène une réorganisation drastique, dans le but de rassurer actionnaires et investisseurs. Première conséquence : une coupe claire au sein des effectifs : 10 à 13 % du personnel devra passer à la trappe. Certains, comme Jean-Noël Machon, président de Xerox Europe, avancent même le chiffre de 15 %.Pourtant, supprimer des charges fixes salariales ne suffira pas au rétablissement de la société. C’est pourquoi Anne M. Mulcahy indique que tous les secteurs de l’entreprise ont été examinés avec soin afin d’y déceler tous les gisements d’économies possibles. Xerox s’apprête ainsi à se séparer de sa branche Leasing, qui permettait à ses clients de s’équiper à bon compte. La société, n’ayant plus les moyens d’être le banquier de ses utilisateurs, s’apprête à céder cette branche via des accords passés avec des repreneurs, par pays ou par régions. Ces ventes s’élèveraient, selon Anne M. Mulcahy, à près de 1 milliard de dollars. Enfin, s’appuyant sur une étude Info Link, la présidente de Xerox a pris la décision, pour mieux cibler ses engagements, de ne plus participer aux nombreuses manifestations auxquelles était traditionnellement associée sa société.L’ensemble de ces mesures devrait redonner confiance aux milieux financiers assez frileux aux cours des deux derniers exercices. De son côté, Jean-Noël Machon pressent que Xerox pourrait, dans un avenir proche, céder une partie de son activité impression personnelle à hauteur de 49 %. Cela concerne les produits à jet d’encre et laser d’entrée de gamme où Xerox, malgré une bonne technologie, n’a jamais réellement percé, faute de réseau de distribution. Dans un contexte où le ” trésor de guerre ” de Xerox est réduit à sa portion congrue, l’heure n’est pas à l’acquisition d’un tel réseau.
Tenter d’imposer le tout-couleur
Le temps n’est plus aux tergiversations, et Xerox ne doit pas rater son virage du tout-couleur, terrain où il a de réels atouts. La firme saura-t-elle convaincre les entreprises de l’utilisation massive de la couleur, lorsque l’on sait que la copie en noir et blanc revient à quelques centimes, alors que la même copie en couleurs coûte environ 45 cts ? En outre, Jean-Noël Machon avoue ses difficultés à faire évoluer un réseau de vendeurs habitués à “l’argent facile généré par les copieurs”.Xerox est à un tournant de son histoire. Son retour à la profitabilité ” au long cours ” est possible, mais ne sera sans doute pas aussi rapide qu’il le souhaiterait à cause de l’inertie habituelle des entreprises en matière de changement de technologie.
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