Oui, l’aventure américaine d’Iliad est le signal d’une vraie volonté d’internationalisation du groupe français, a confirmé Xavier Niel au micro de BFM Business, lors de l’émission matinale de Stéphane Soumier. « Pour les quatre ans qui viennent, on a une forte croissance, donc il faut qu’on prépare cet après quatre ans », justifie simplement le patron d’Iliad.
Mais, pour autant, non, « Iliad ne va pas racheter un opérateur suisse ». Pas plus qu’il n’est désormais intéressé par Bouygues Telecom : « on n’est pas acheteur de Bouygues, explique-t-il. Et la consolidation ne peut pas se faire sans nous pour des raisons de concurrence. Le paysage à quatre opérateurs est donc là pour durer. »
Un échec lié à des raisons de stratégie et d’égo
Xavier Niel revient toutefois en détail sur l’historique de l’intérêt d’Iliad pour T-Mobile US et sur les raisons de l’échec de cette opération. C’est « parce que vous n’avez pas renversé la table ? » demande Stéphane Soumier faisant référence au bonus par action proposé. Pour Xavier Niel, le point d’achoppement n’est pas là et tient en deux points. Le premier est très stratégique. « Le problème, c’est qu’on a un vendeur, Deutsche Telekom, qui se dit : je suis leader en Europe, et mon plus gros actif [hors de cette zone, NDLR] est aux Etats-Unis. Si je le vends demain, je vais avoir du cash », ce qui impliquera que les actionnaires demanderont des dividendes, « et si un jour les autorités françaises et allemandes me demandent de fusionner avec Orange, je n’aurai plus la main », parce que Deutsche Telekom pourrait alors être plus petit que l’opérateur français.
Le deuxième élément, continue Xavier Niel, « c’est un côté ego ». Deutsche Telekom pourrait en effet craindre qu’un autre opérateur européen, le troisième ou le quatrième dans son pays, ce qui n’est pas « grand chose vu d’Allemagne », arrive et réussisse là où Deutsche Telecom a échoué. A savoir réaliser 10 milliards de dollars d’EBITDA contre 5 milliards actuellement.
Iliad avait sa carte à jouer
Mais pour Xavier Niel, l’affaire aurait très bien pu fonctionner. Tout a commencé quand des employés d’Iliad chargés de surveiller les marchés étrangers ont vu arriver John Legere à la tête de T-Mobile, qui a mis en place « une stratégie commerciale exceptionnelle » et très proche de celle pratiquée par Free. « Il a une chemise rose quand j’ai une chemise blanche » s’amuse Xavier Niel. En revanche, « il ne structure pas sa société comme il faut, elle ne dégage pas assez de cash », analyse Xavier Niel. C’est ainsi qu’Iliad a commencé à s’intéresser au dossier en reconnaissant simplement que « on sait gagner de l’argent et on sait optimiser les coûts ».
Puisque l’affaire T-Mobile semble terminée car il « n’y a pas de vendeur », commente Xavier Niel, le patron d’Iliad recentre son attention pleinement sur le marché français. Pour l’instant.
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