Moins d’un enseignant du primaire ou du secondaire sur cinquante utilise l’informatique à une fin éducative, comment l’expliquez-vous ?Effectivement, malgré des efforts importants entrepris par les collectivités locales pour équiper les établissements scolaires, l’utilisation des technologies innovantes en classe décolle peu. Mais le potentiel est là. Plus d’un quart des enseignants utilisent internet aujourd’hui, notamment pour préparer leur cours. Un sur deux est déjà familier du multimédia. Il s’agit d’aider ces enseignants à réinvestir ce travail et cette curiosité personnelle en classe. À ce niveau, j’ai vu bon nombre d’initiatives intéressantes, mais elles manquent cruellement de visibilité. Il faut identifier ces bonnes pratiques et les mettre en avant. Nous devons nous servir des expériences du terrain comme d’exemples. C’est aussi vrai pour l’élaboration des outils de l’informatique éducative. Prenons en compte les bonnes idées, travaillons à les adapter à nos spécificités et voyons si elles sont réalisables sur le terrain. Avant tout, il faut rester pragmatique.Est-ce là le rôle que vous vous assignez ?Le ministère a une action de coordination et de pilotage national. Il est localement relayé par les académies auprès des établissements scolaires. Des dispositifs de soutien à la production, à la diffusion de contenus, au repérage et à la mise à disposition des ressources numériques existent déjà. Sur ce dernier point, nous allons aller plus loin et développer un “espace numérique d’éducation”, afin que les établissements scolaires puissent recevoir en accès libre des contenus pédagogiques adaptés et riches.Parmi les obstacles les plus fréquemment cités par les enseignants figure le manque de formation. Que répondez-vous ?C’est une de nos préoccupations prioritaires. L’école doit être le premier lieu d’apprentissage des nouvelles technologies. Elle doit fournir aux élèves un passeport minimum de connaissances informatiques. Le Brevet informatique internet (B2I) va dans ce sens et devrait être étendu pour tous les niveaux, élèves comme enseignants. L’école doit former, et donc se former, aux technologies de l’information. Cela passe par un renforcement du dispositif en direction des enseignants. Je souhaite rendre obligatoire une formation initiale aux nouvelles technologies dans les Instituts universitaires de formation des maîtres, et rendre possible une formation continue. Mais ces formations ne seront efficaces que si nous travaillons également sur les dispositifs d’assistance matérielle et sur le soutien pédagogique à apporter aux utilisateurs.Le ministère décide, les collectivités locales financent. Ce modèle fonctionne-t-il pour les nouvelles technologies ?Le choix est effectivement partagé entre l’État et les collectivités locales, entre ce qui relève des contenus et des programmes d’une part, et ce qui relève de l’équipement d’autre part. Il est vrai que la frontière est de plus en plus fine. Les projets doivent être menés dans une approche intégrée. Il faut dégager des objectifs qualitatifs précis et définir les compétences nécessaires. C’est une préoccupation constante du dialogue que nous engageons avec les collectivités locales dans le cadre de la décentralisation. Nous voulons promouvoir des expérimentations innovantes centrées sur des objectifs humains, plutôt que sur la technologie.
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