Xavier Niel, le fondateur d’Iliad, la maison mère de Free, vient d’être élu manager de l’année lors des BFM Awards par les auditeurs et internautes de BFM Radio (1). Il était l’invité de l’émission Good Morning Business, ce mardi 17 novembre, pour commenter cette récompense (podcast ci-dessous).
BFM Radio : Il y a un élément sur lequel il faut insister, c’est que vous êtes des fous de techno. Vous racontez qu’au départ, quand vous avez eu cette idée de box, vous avez été jusqu’en Californie dans la Silicon Valley et que personne n’avait idée de ce que vous vouliez faire. Donc vous l’avez faite vous même. Cette idée d’être fou de techno, de le rester, c’est un moteur pour vous ?
Xavier Niel : En fait il y a un truc dont on est très fier, c’est d’avoir popularisé la technique. Aujourd’hui, le terme dégroupage, le terme NRA ou le terme longueur de ligne ADSL, ce sont des choses que le grand public s’est approprié, ce qui n’est pas le cas dans les pays étrangers.
Donc on a essayé de faire de la technique pour nous, mais ensuite de l’expliquer, parce qu’elle nous paraissait tellement simple et explicable au grand public que s’il se l’appropriait, il nous mélangeait en termes d’image avec cette technologie. Et ensuite nous étions capables de gagner des parts de marché significatives.
Donc on a toujours travaillé avec la technicité, mais dans un seul but, la rendre accessible au plus grand nombre. Parce que vous pouvez faire le plus beau produit du monde, si c’est pour faire 1 % ou 2 % de part de marché, ça n’a pas de sens. Donc on a avancé avec cette idée de toucher une part significative de la population.
La première Freebox, c’est l’équipe de cinq dont vous nous parliez qui l’a construite avec un fer à souder ?
Oui, et on va fabriquer une nouvelle version de Freebox dans quelques mois, qui est la V6, et c’est exactement la même équipe qu’à l’époque. Ca n’a pas changé. Vous avez aujourd’hui en France une entreprise qui est le leader mondial de la voix sur IP, de la télévision sur IP. C’est en France parce que vous avez eu un groupe d’ingénieurs intelligents qui a été capable de mettre au point un produit qui crée quelque chose de disruptif au sein d’un marché.
Est-ce que derrière la grande bataille de la fibre par exemple, vous aurez les moyens de payer votre quote-part et d’investir à la hauteur de ce que vont faire les grands opérateurs ?
On a été le premier à annoncer une volonté de mettre un milliard d’euros pour développer la fibre optique, on va le faire, j’espère que l’on mettra plus et on va continuer, et c’est nous qui avons eu la plus grande volonté. L’opposition n’est pas entre investir et ne pas avoir les moyens de le faire, elle est entre investir et payer un gros dividende. Notre volonté est d’investir et de créer une entreprise qui a une marge normale à terme. Aujourd’hui on a des dividendes relativement faibles, ça va continuer parce qu’on va investir, on veut investir tant dans le mobile que dans la fibre optique. On va investir un milliard d’euros de chaque côté.
« On rentrera dans le CAC 40 si on est suffisamment bons vis-à-vis du consommateur »
Mais vous n’êtes pas un bienfaiteur public, vous êtes une entreprise privée…
On a eu une réussite financière, on en est ravi. Je pense que « boursièrement », on a un parcours qui ne se passe pas trop mal, donc globalement je pense que notre travail d’entreprise privée ne se passe pas trop mal. En face de ça, on pense que l’on peut faire mieux et être juste, c’est-à-dire répartir efficacement la valeur entre le consommateur, l’entreprise, et les salariés qui y travaillent. Si, avec ce triptyque là ça marche, tout va bien. Si on a une entreprise qui réserve la totalité de la valeur créée à l’actionnaire, ce qui est malheureusement souvent le cas des grandes entreprises françaises, ce n’est pas quelque chose qui a une pérennité.
Quelle est la limite maintenant ?
Nous avons des limites très simples, c’est que l’on ne connait qu’un marché, le marché français, nous sommes dans des activités liées au grand public et plutôt dans des secteurs liés aux télécoms. Voilà nos limites, et c’est tout l’intérêt d’aller vers le mobile, parce que le mobile, c’est l’étape suivante. On fera 25 % de parts de marché, on est ravi, et on n’a pas de volonté d’être hégémonique et de faire 100% de parts de marché.
Vous êtes la quarante-neuvième capitalisation française. Le CAC 40 un jour, c’est une ambition pour vous ?
Non, on n’a pas ce type d’ambition, on pense que le bonheur, la satisfaction de nos abonnés sur le long terme créera de la valeur auprès de l’entreprise. Le reste, derrière, ce n’est que la résultante de notre travail. On rentrera dans le CAC 40 si on est suffisamment bon pour mériter d’y aller, mais vis-à-vis du consommateur, parce que si le consommateur nous fait confiance, on gagnera de l’argent.
Retrouvez ici la retranscription intégrale de l’interview de Xavier Niel.
(1) Filiale de NextRadio TV, comme 01net.
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