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Qu’il paraît toujours plus ancien le temps où les théologiens s’interrogeaient et pinaillaient. Une messe observée à la longue vue avait-elle valeur de messe ? Pouvait-on…

Qu’il paraît toujours plus ancien le temps où les théologiens s’interrogeaient et pinaillaient. Une messe observée à la longue vue avait-elle valeur de messe ? Pouvait-on communier et communiquer à distance ? La présence éternelle du Christ passait-elle par des lentilles grossissantes ? Tout tremblant et chenu soit-il, Jean Paul II a le sens de la modernité. Il ne pinaille pas bézef. Et la prise de tête théologique n’est pas son fort. C’est qu’il faut toujours sauver le soldat Catholicisme, tremblant et chenu lui aussi.Le 24 janvier dernier, en direct de Rome, le pape y est donc allé franco de port : il a qualifié le cyberespace de “nouvelle frontière” pour l’évangélisation. Western médiatique : le Vatican dégaine les PC et part à la conquête de l’Ouest virtuel. Et après la techno-bulle, voilà la techno-bulle pontificale. Il est loin le temps où Jésus virait les marchands du Temple à coups de pieds au cul. Aujourd’hui, l’Église catholique téléporte un bout de son temple chez les marchands. Non sans rouspéter et donner une leçon en passant.Car Jean Paul II ne s’est quand même pas privé de faire la morale aux internautes, croyants ou pas. Il a ainsi déploré que le web “n’enseigne pas de valeurs […], favorise une façon relativiste de penser et alimente le manque de responsabilités et d’engagements personnels “. La plus grosse pierre dans le jardin, c’est évidemment “favorise une façon relativiste de penser “. Le web man- que d’absolu ? Putain, je veux… Mais pas Jean Paul II, qui a bien l’intention de ramener de l’absolutisme dans le relativisme, et un peu de foi dans la mécréance. Pour le coup, on se croirait presque revenu au siècle des Lumières, sauf que là, webmaster, c’est ton Mac qui clignote. Plus sérieusement, le problème des évêques dans l’évangélisation virtuelle, selon Le Monde, se- rait de “savoir comment passer d’un “premier contact” avec un site à une rencontre “. Marrant, ça ! Exactement le même souci qu’avec le chat !Finalement, entre l’amour de Dieu et lamour profane, la problématique est sensiblement la même : tout se résume à savoir si on va obtenir un rendez-vous dans le monde réel !* journaliste et essayiste

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Arnaud Viviant*