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WWDC 2016 : intelligence artificielle et vie privée, Apple dessine un autre chemin que celui de Google

Là où Google collecte vos données pour proposer des services toujours plus performants mais qui mettent à mal notre vie privée, Apple semble vouloir suivre un autre chemin, qui utilise également les intelligences artificielles mais sans sacrifier nos données.

Lors de sa dernière conférence I/O, Google a plus que jamais dessiné une stratégie de services basés sur l’usage d’intelligences artificielles et de nos données. Son nouvel outil de communication, Allo, est clairement dans cette ligne. Et il illustre à lui seul l’approche de la société de Mountain View, où les données permettent de rendre plus pertinents les services. C’est à ce prix que l’assistant intelligent de Google pourra donner son plein potentiel, un mode de fonctionnement par défaut.

Si vous souhaitez préserver votre vie privée et vos communications, Google vous propose d’activer une option qui chiffrera vos discussions de bout en bout mais vous privera des services de son assistant… Un choix cornélien.

La vie privée avant tout

Comme par un effet miroir, Apple a, lors de la keynote d’ouverture de sa propre conférence développeurs, parlé d’intelligence artificielle et de services. Des services de plus en plus importants dans sa stratégie, tant pour consolider l’intérêt de ses appareils que pour assurer une nouvelle source de revenus.

Pour autant, Apple n’a pas choisi le modèle Google. Que ce soit Tim Cook ou Craig Federighi, les responsables de la firme de Cupertino ont insisté sur le message : la vie privée des utilisateurs passe avant tout. Ainsi, dans les outils présentés (iMessage, FaceTime ou encore HomeKit), les communications sont conçues pour être chiffrées de bout en bout, par défaut.

Une IA qui fait la différence

Mais pour autant, Apple ne fait pas une croix sur ce que peuvent apporter les intelligences artificielles. Quelques jours après la Google I/O, Marco Arment, un développeur réputé de la communauté iOS et macOS, publiait une tribune intéressante sur son blog dans laquelle il s’inquiétait de voir Apple subir le sort de BlackBerry si jamais la vision de l’utilisation des intelligences artificielles de Google prévalait à l’avenir.

A ses yeux, les services reposant sur l’analyse de grands ensembles de données ont besoin d’un effort sur le long terme. Effort que Google et Facebook, plus récemment, mènent de manière poussée. Or, Apple semble être en retard dans ce domaine. La firme de Tim Cook est effectivement très performante pour des services classiques, mais ne semble pas avoir pris la mesure du big data et des intelligences artificielles, analyse Marco Arment. Et la question de la protection de la vie privée n’est pas une excuse valable pour rater le train du big data, remarque également le développeur.

Un début de réponse

Justement, à l’occasion de la WWDC 2016, Apple a commencé à apporter un début de réponse. Premier élément, le traitement des données par l’intelligence artificielle est déporté sur le périphérique. Ainsi les informations personnelles ne transitent pas sur les serveurs d’Apple. C’est le cas des algorithmes de reconnaissance d’objets et de personnes dans l’application Photos d’iOS, par exemple. Ils tournent sur l’iPhone et n’ont pas besoin des serveurs et des réseaux neuronaux de l’entreprise.

Deuxième élément de réponse, le recours à une technologie de plus en plus citée comme moyen de préserver les données privées tout en assurant le traitement de gros ensembles de datas.

Appelée « differential privacy », parfois traduite en « intimité différentielle », cette technologie permet de découvrir des schémas d’usages au sein d’un large nombre d’utilisateurs sans compromettre la vie privée de chacun, explique Apple sur son site. Dans l’ouvrage fondateur de la differential privacy (PDF), coécrit avec Cynthia Dwork, de Microsoft, Aaron Roth, de l’université de Pennsylvanie, explique ainsi – et nous schématisons – que pour chaque élément qui peut permettre de reconnaître un individu il faut, en quelque sorte, brouiller les pistes avec d’autres fausses données et ce grâce à des algorithmes capables de résister à des puissances de calcul en hausse permanente.

Quoi qu’il en soit, cette technologie sera a priori utilisée notamment pour améliorer le système de saisie prédictive QuickType dans iOS 10 ou la suggestion d’emojis en fonction du contexte de la phrase. Même chose pour les propositions de liens dans Spotlight.

A défaut d’être le seul acteur d’importance à s’intéresser à l’intimité différentielle, Apple s’est en tout cas positionné sur cette voie et à en croire ses dirigeants, les résultats des travaux de ses ingénieurs sont jugés tout simplement « remarquables » par Aazon Roth lui-même.

Marco Arment sera peut-être donc rassuré – même si la question des investissements sur le long terme et du temps passé sur la question ne sont pas réglés. En tout cas, les utilisateurs soucieux de leur vie privée devraient être plus sereins. Apple, qui se définit avant tout comme une société qui vend des produits et des services mais ne gagne pas d’argent avec nos données qualifiées, semble se tenir à cette feuille de route pour l’instant. Et si la voie empruntée n’est pas forcément la plus simple et la plus prometteuse, elle semble au moins mettre la protection de nos vies privées au sein d’une stratégie. De quoi être moins inquiet à l’idée d’utiliser des services mus par des intelligences artificielles…

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Par : Opera

Pierre FONTAINE