WLAN : une expansion freinée par la législation française

Nous sommes venus sur les réseaux locaux sans fil [WLAN, Ndlr], car le marché arrive techniquement à maturité, et nos clients commencent à nous réclamer ces matériels”, explique Olivier Sezenec, directeur technique de Cisco Systems France. Il y a 10 ans en effet, les WLAN étaient des systèmes propriétaires à faible débit pour des applications verticales très spécifiques, par exemple dans le milieu hospitalier ou la logistique. Mais, avec l’arrivée des normes 802. 11 (2 Mbit/s), 802. 11b (11 Mbit/s) et bientôt de l’HyperLAN (25 à 54 Mbit/s), les grands constructeurs de réseaux et de PC se positionnent. Les WLAN ont en effet l’opportunité de sortir de leur créneau habituel : “Ces nouvelles technologies arrivent alors que les besoins de mobilité au sein de l’entreprise sont de plus en plus importants”, note Agnès Chabrier, responsable marketing produits de 3Com France.

Une autre façon de câbler

Les WLAN peuvent être également utilisés comme pont de réseau sur des campus, ou pour des installations temporaires, comme des salons ou des chantiers. Ils évitent les travaux et permettent d’installer des réseaux, là où le câblage est impossible. Mais une entreprise qui n’a aucun besoin de mobilité, de franchissement ou de solution temporaire ne sera pas prête à payer le surcoût d’un réseau sans fil, qui, quelles que soient les technologies retenues, fournira des performances moindres qu’un câblage classique. Les WLAN ne sont qu’une autre façon de câbler, et vraisemblablement pas le remplaçant du câble. “Ce sera toujours un marché de niches, mais avec un nombre de niches plus important”, estime Patrick Hogie, directeur général France de la division Business Partner Channels de Lucent Technologies. “On ne trouve pas de nouveaux comptes avec du WLAN, mais c’est un produit de complément”, confirme l’intégrateur Dynetcom. Cependant, le nombre réduit de canaux disponibles en France pour les systèmes utilisant les bandes des 2,4 GHz (dont les normes 802. 11, 802. 11b et Bluetooth), avec de surcro”t la nécessité de demander une autorisation à l’ART pour les déployer, constitue un frein non négligeable. Surtout si les WLAN veulent toucher les petites entreprises et le grand public.

Avis d’expert : ” Le risque d’une loi à deux vitesses “

Garry Goldenberg est le patron de la filiale française du constructeur israélien BreezeCOM, qui développe des produits d’accès sans fil depuis 1992. Il fut l’un des pionniers, aux côtés de Lucent, Aironet (racheté par Cisco) et Proxim, à concevoir des produits réseaux locaux sans fil.
” Dans la bande des 2,4 GHz, en France, seuls quatre canaux ont été attribués pour les équipements LAN sans fil, contre une dizaine ailleurs. Comme ils se superposent, cela peut créer des perturbations. Le nombre d’utilisateurs, la couverture et les débits peuvent s’en trouver réduits “, estime Garry Goldenberg. De plus, les fréquences qui ont été libérées par l’armée sont gérées par l’ART. Les utilisateurs doivent donc lui demander une autorisations avant d’installer leurs équipements. ” Mais on risque d’avoir une loi à deux vitesses “, s’inquiète le directeur général de BreezeCOM France. Car, si les communes de plus de 50 000 habitants font l’objet d’une procédure simplifiée, les autres demandes, traitées au cas par cas, sont soumises à un accord du ministère de la Défense. Bornes et cartes doivent être déclarées. ” Avec l’accroissement des volumes, comment l’ART va-t-elle répondre à toutes les demandes ? “, s’interroge Garry Goldenberg. Autre frein juridique : l’utilisation des WLAN doit être faite dans le domaine privé. ” On est dans le cas de la CB, il y a 15 ans. À l’époque, il était possible d’acheter des équipements, mais on ne pouvait pas les utiliser. Aujourd’hui on peut se procurer des produits pour réseaux locaux sans fil, mais l’ART estime que les ondes ne doivent pas traverser la rue pour raccorder deux sites. “

Cas d’entreprise : Polytechnique utilise un WLAN pour des postes de travail temporaires

À Polytechnique on utilise un petit réseau local sans fil depuis six mois. En effet un bâtiment préfabriqué, qui ne doit être utilisé que pendant un an, devait tout de même être relié au réseau local de l’école. Le responsable réseaux, Loïc Pasquiet, a donc déployé un pont radio qui lui permet de relier les deux bâtiments, distants de 50 mètres. Un câblage classique aurait coûté trop cher pour des équipements temporaires. De plus, l’application, un accès à Internet et à la messagerie ne concernait que quatre postes de travail. ” Nous avons investi dans cette solution en pensant que, par la suite, nous pourrions toujours la réutiliser à une autre occasion “, explique Loïc Pasquiet. Pour lui, le coût des équipements ” est correct par rapport aux services qu’ils apportent. Le déploiement de cette solution est simple et les performances ont été conformes à ce que nous attendions. “ S’il a retenu des équipements 802. 11, c’est parce qu’à l’époque ” les produits 802. 11b apparaissaient tout juste sur le marché. Nous voulions des produits dont nous étions sûrs qu’ils fonctionneraient, et nous n’avions pas besoin de débits de 11 Mbit/s “. Loïc Pasquiet n’envisage pas, pour l’instant, l’utilisation de WLANdans ses locaux en dur, qui sont tous précâblés. Il pourrait toutefois y faire éventuellement appel pour l’organisation de forums avec des stands éloignés.
École polytechnique

Activité : établissement public d’enseignement et de recherche placé sous la tutelle du ministère de la Défense.