Il faudrait d’ores et déjà l’appeler le Braid français. Ou le Limbo parisien, c’est selon. Winter Voices, du jeune studio Behind the Pillars – deux ans fin septembre -, s’inscrit dans cette filiation encore très récente de jeux vidéo indépendants, innovants et introspectifs. Si ses deux aînés se sont illustrés dans le domaine de la plate-forme et de la réflexion en mettant en scène le traumatisme et l’angoisse, Winter Voices se rapprochera d’un jeu de rôle PC, en s’axant sur le deuil et la relation père/fille.
Ici, pas d’acrobaties à réaliser, ni de puzzles savants à résoudre. Winter Voices – Les Voix de l’hiver, en français – ressemble plutôt à une lutte lente et stratégique contre les mauvais souvenirs.
Les phases de combat, d’ailleurs, ne s’apparentent pas à un jeu de rôle traditionnel : pas d’apparition aléatoire, pas d’attaque, chaque ennemi – des feufollets symbolisant les traumatismes de l’héroïne – est placé à un endroit précis. Tout l’enjeu consiste à réussir à s’en défendre.
Pour cela, les créateurs, se rappelant à leur héritage geek, ont mis en place un étonnant arbre des compétences, qui sont autant de sorts psychologiques inhabituels que peut utiliser la jeune orpheline. Le sort de la négation, par exemple, permet de faire disparaître les ennemis durant quelques tours, tandis que celui de l’acceptation diminue l’impact de leurs coups.
En tout, pas moins de 12 branches et 120 talents ont été imaginés, dont 60 seront intégrés au prologue de 6 heures. Le tout sur une grille de combat qui emprunte, elle, à des références plus classiques, Fallout et Dofus.
Intuition, humour ou mémoire ?
Même le personnage a été réinterprété, selon un imaginaire à mi-chemin entre culture psychanalytique et mythologie nordique. En début de partie, le joueur est invité à lui choisir une caste : la chasseuse aura plus d’intuition, ce qui l’aidera dans les combats et l’amènera à sympathiser avec d’autres chasseuses ; la Tisseuse, par son humour, réduira les dégâts subits et donnera des textes plus sarcastiques ; tandis que la Volva, qui a le plus de mémoire, gagne plus de points d’expériences, mais elle est confrontée à davantage de souvenirs.
A la mi-septembre, Limbo remportait devant Heavy Rain le Milthon 2010 du meilleur jeu européen de l’année. Winter Voices serait-il promis au même avenir ? Le jeu, tout en 2D, bénéficie déjà d’une patte graphique et d’une ambiance uniques, douces, froides et dépaysantes. Le système de jeu s’annonce riche, mais également très déconcertant.
En tout cas, dès son premier projet, Behind the Pillar a su s’attirer la confiance de Steam, qui distribuera les sept épisodes prévus, à raison d’un toutes les deux semaines environ. En attendant, qui sait, une seconde saison si le public répond présent.
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