Vrai scandale ou faux procès ? La communauté du libre s’agite de nouveau, après la publication par Microsoft des exigences matérielles pour que les fabricants puissent obtenir le fameux sticker « conçu pour Windows 8 ». Des documents extrêmement longs qui précisent toutes les spécifications indispensables pour que les ordinateurs sous Windows 8 soient adoubés par Microsoft.
Or, il apparaît que les machines sous architectures X86 et ARM (notamment les tablettes) ne seront pas logées à la même enseigne. Et qu’il sera impossible d’installer un autre système d’exploitation (OS) que Windows 8 sur une tablette utilisant l’architecture ARM. Cela à cause d’une technologie que nous avions déjà évoquée il y a quelques mois : le démarrage sécurisé (Secure Boot) sur le nouveau gestionnaire de boot UEFI, qui avait pas mal agité la communauté open source à l’époque.
Les premiers PC qui ne feront tourner que Windows
Et pour cause : on soupçonnait Microsoft de vouloir interdire l’installation de systèmes d’exploitation alternatifs sur les machines Windows 8, au prétexte de le sécuriser avec Secure Boot. Cette technologie, qui sera utilisée par défaut sur les futurs PC, oblige la machine à lancer (au démarrage) du code signé par un certificat, en l’occurrence livré par Microsoft, afin d’empêcher d’éventuels rootkits d’en prendre contrôle.
La firme de Redmond avait rapidement réagi pour faire taire la polémique, expliquant que « le boot sécurisé est un protocole de l’UEFI et non une fonction de Windows 8 » et que les fabricants de PC auraient le choix de le désactiver, pour permettre aux clients d’installer l’OS de leur choix sur leur ordinateur.
Oui, mais voilà, Microsoft indique précisément dans son document que, « sur un système ARM, il est interdit d’activer le mode “customisé”. Seul le mode standard peut être activé. […] Désactiver Secure Boot NE DOIT PAS être possible sur les systèmes ARM » (voir capture ci-contre). On ne peut être plus clair : Ubuntu (ou tout autre distribution Linux) ne pourra pas tourner sur une tablette ARM conçue pour Windows 8.
De nombreux partisans des logiciels open source s’en sont émus. Notamment le Software Freedom Law Center, organisme qui conseille Richard Stallman ou la FSF, à l’origine de la licence GPL v3 : « Alors que la fonction Secure Boot a été conçue pour garantir la sécurité des utilisateurs, ces restrictions-là n’ont rien à voir avec la sécurité. »
Aaron Williamson, qui écrit ces propos pour l’organisme, indique par ailleurs que « cette décision trahit le cynisme de Microsoft face aux inquiétudes initiales liées à l’emploi de Secure Boot. » Et de conclure que, « si Microsoft ne change pas ses plans, ce seront les premiers PC jamais produits qui ne pourront jamais faire tourner autre chose que Windows ».
Un vrai danger ?
Malgré ces propos alarmistes, il n’est pas certain que cette restriction soit si pénalisante à terme. D’abord, parce des hackers parviendront sans doute à la contourner bien vite afin d’installer les OS qu’ils souhaitent. Ensuite, parce que des tablettes x86 devraient côtoyer demain des appareils sous ARM, Intel semblant être de retour sur le marché des puces à basse consommation, destinées aux appareils mobiles.
On rappelle enfin que Microsoft est loin d’être le seul à verrouiller ses tablettes. Apple interdit évidemment l’installation d’un autre système d’exploitation qu’iOS sur les iPad ou les iPhone, tout comme RIM sur sa PlayBook… et la plupart des fabricants de matériels Android.
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