C’est l’une des annonces majeures de la release preview de Windows 8 : Internet Explorer 10 activera par défaut l’option Do Not Track (DNT). Petit rappel : cette technologie, inaugurée par des chercheurs de Stanford et d’abord implémentée par Mozilla dans Firefox, consiste à indiquer aux éditeurs de contenu que l’utilisateur ne souhaite pas être pisté sur le Web par les publicitaires.
Apple, Opera, Microsoft, tous les éditeurs de navigateurs ont aussi implémenté la fonction Do Not Track… à l’exception de Google, qui l’a promis dans Chrome pour la fin de l’année 2012. Il faut dire qu’aux Etats-Unis, la puissance publique s’en est mêlée : la Federal Trade Commission a pris position pour DNT… et certains sites d’importance, comme Twitter, ont par ailleurs annoncé leur support de la technologie.
Microsoft a donc décidé d’aller encore plus loin que ses concurrents en activant d’emblée cette protection contre le pistage dans son navigateur. Dans un billet de blog posté à l’occasion du lancement de Windows 8 RP, Brendon Lynch, en charge de la vie privée au sein de Microsoft, écrit que « nous prenons cette décision aujourd’hui car nous souhaitons mettre les utilisateurs au premier plan. Nous pensons que les consommateurs devraient avoir davantage de contrôle sur la façon dont les informations sur leur comportement en ligne sont enregistrées, partagées et utilisées. »
Les publicitaires mécontents, tout comme Mozilla
Un positionnement qui n’a pas plu à tout le monde. A commencer par les publicitaires, évidemment. La Digital Advertising Alliance – organisation réunissant les acteurs américains de la publicité en ligne, dont Microsoft – s’est violemment opposée à la décision de Redmond, qui va selon elle à l’encontre de l’accord établi au mois de février dernier aux Etats-Unis adoubant Do Not Track… à condition que celui-ci soit optionnel. « La DAA est très inquiète de cette décision unilatérale d’un unique concepteur de navigateur – fait sans consultation […] – qui pourrait au final réduire le choix des consommateurs, miner des business models profitables et réduire la disponibilité ainsi que la diversité des produits Internet dont des millions de consommateurs américains profitent gratuitement », indique l’association. Qui prévient que cette décision ne « bénéficiera pas aux consommateurs et affectera profondément la large collection de services supportés par la publicité qu’ils utilisent actuellement ».
Une menace à peine voilée : l’activation de Do Not Track par défaut pourrait affaiblir les services gratuits, surtout sur Internet Explorer, qui demeure le navigateur le plus populaire !
Plus étonnant : la fondation Mozilla s’est également émue de la décision de Microsoft. Alex Fowler, monsieur « vie privée » au sein de Mozilla dit « apprécier de voir que Microsoft supporte DNT de tout son poids, surtout quand on sait que Firefox était le seul navigateur à inclure DNT il y a un an ». Mais il reproche également à Redmond d’imposer son choix à l’utilisateur, ce qui vide selon lui la technologie de sa substance : « DNT permet une conversation entre l’individu derrière son clavier et le site qu’il souhaite visiter. Si DNT est allumé par défaut, ce n’est plus une conversation. Pour que DNT soit efficace, il doit vraiment représenter la voix de l’utilisateur. Nous avons lancé DNT pour faire exactement cela : donner aux utilisateurs une voix et les laisser dire aux sites qu’ils ne souhaitent pas être pistés. »
Retrouvez toutes les informations sur la version finale de Windows 8
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