Disons-le tout de suite, la version de Windows 8 présentée par Microsoft à Anaheim (Californie), à l’occasion de la conférence Build, est bien loin d’être finalisée. Ce n’est qu’une developer preview (préversion à l’usage des développeurs), autrement dit même pas une bêta. Il faudra encore de longs mois de travail avant que Windows 8 ne montre son visage définitif. Ou plutôt ses visages ! Car si cette présentation a bien confirmé quelque chose, c’est que Windows 8 ne possède plus une seule interface mais bien deux.
Un seul système mais deux visages
Pour être plus précis, Windows 8 possède deux shells. Le shell est cette partie du système d’exploitation qui sert d’interface entre l’utilisateur, les applications et les couches fondamentales du système. Cette partie émergée de l’iceberg est ce que l’on appelle communément le bureau de Windows. Celui-ci ne disparaît pas, mais il devient « secondaire ». Attention : Windows 8 n’est pas composé de deux systèmes, mais bien d’un seul (la partie immergée) exposant deux shells complémentaires adaptés à des usages différents.
Le nouveau « shell » Metro
Du point de vue technique, le bureau n’est plus qu’une application sur laquelle s’exécutent les applications d’hier et d’aujourd’hui. Le shell principal de Windows, Metro, est désormais une interface pensée pour tous les types d’interaction homme-machine. Il se pilote aussi bien au doigt qu’au stylo, au clavier, à la souris ou même par gestes, au moyen de périphériques comme Kinect.
Quel que soit l’outil de commande, l’interface répond très bien, avec une fluidité et une vitesse jusqu’ici inconnues de l’univers Windows. Sur la forme, cette interface reprend beaucoup des principes ergonomiques innovants élaborés pour Windows Phone 7, mais les étend à un système fonctionnant sur des écrans bien plus grands que celui d’un téléphone et doté de capacités multitâches très avancées. On retrouve ainsi les « tuiles » dynamiques.
En un sens, elles remplacent avantageusement les icônes : elles ne sont pas figées dans une taille prédéfinie, elles sont animées et mélangent texte et images. Surtout, leur contenu se met à jour en fonction des informations reçues du cloud : les évolutions de la météo ou de la Bourse, un e-mail reçu, un contact ajouté, un message envoyé, un bulletin publié par votre blog favori, etc.
Cette interface d’accueil fait à la fois office de « super menu Démarrer » et d’environnement d’exécution pour toute une nouvelle génération d’applications dites Metro style. Elle est bien plus simple et conviviale que l’ancien bureau et exécute des applications totalement nouvelles, plus immersives, qui occupent tout l’écran sans qu’aucun cadre de fenêtre ni la barre des tâches ne viennent entamer la surface d’affichage.
Elle confère à ces applications (qui restent à créer) un look plus moderne, tout en fluidité et en animations. Elle apporte surtout une gestuelle tactile pour piloter cet environnement à l’aide des doigts. Windows 7 n’en était qu’aux balbutiements du tactile, Windows 8 l’adopte entièrement, sans s’y limiter pour autant. Après quelques minutes d’adaptation, l’interface Metro se révèle très intuitive.
Et elle répond au doigt et à l’œil, au sens propre comme au figuré. Il est possible d’utiliser un PC dans ce mode convivial sans jamais revenir au bureau. Mais il reste aussi possible de commander l’ordinateur entièrement en mode bureau, « à l’ancienne ».
Deux interfaces pour deux types d’usages
Cette dualité d’interfaces est censée répondre à la dualité des usages de l’informatique contemporaine :
– d’un côté, il y a tous les usages mobiles, dans lesquels on consomme des informations (consultation de sites Web, visionnage de films, lecture d’e-mails) tout en se déplaçant. Contrairement à un notebook, on interagit directement avec la tablette qu’on a dans les mains ;
– de l’autre, il y a les usages traditionnels de production d’informations, pour lesquels on s’assoit généralement à un bureau, où l’on utilise un clavier et une souris, deux outils bien plus précis pour ces opérations.
Pour simplifier, avec Windows 8, toutes les applications traditionnelles de production privilégient le bureau traditionnel, alors que les applications de consultation utilisent plutôt la nouvelle interface Metro. Les deux environnements peuvent même cohabiter à l’écran : vous travaillez sur Word ou Outlook d’un côté tandis que vos flux RSS s’affichent dans Metro de l’autre.
De nouvelles applications
Le nouvel environnement d’exécution qu’est Metro a une double particularité. D’abord, ses applications s’exécutent indifféremment sur Intel et sur ARM. Ensuite, cette plate-forme met au même niveau les développements en XAML (avec C#, VB ou C++) et ceux en HTML5-CSS3 (avec JavaScript).
Autrement dit, les développeurs traditionnels du monde Windows peuvent immédiatement utiliser leurs connaissances en Silverlight pour Metro, tout comme ceux du monde Web, d’Android ou de WebOS. En fait, très peu d’ajustements sont nécessaires pour transformer en quelques minutes les applications Web existantes en véritables programmes Windows.
Les deux univers autrefois opposés et rivaux sont aujourd’hui totalement réunifiés, à niveau égal, sur cette plate-forme. Et c’est peut-être là la véritable révolution de Windows 8. Microsoft a trouvé le moyen de se réconcilier avec les développeurs Web sans se fâcher avec sa base actuelle de développeurs.
Windows en beaucoup mieux !
Metro impose la création de nouvelles applications. Pourtant, Windows 8 reste Windows. Microsoft dit avoir beaucoup travaillé sur les fondamentaux du système. La compatibilité avec Windows 7 reste totale. Toutes les applications actuelles continuent de fonctionner sur le bureau de Windows 8. On trouve cependant, au cœur du système, le support natif d’USB 3.0, la prise en charge de nouveaux modes basse consommation comme la « veille connectée » (la machine reste connectée à Internet pour récupérer e-mails et informations), etc. La consommation de mémoire est inférieure à celle de Windows 7. Les démarrages sont spectaculairement accélérés. Les processeurs multicœurs sont encore mieux exploités.
Un nouveau gestionnaire des tâches offre une meilleure supervision du PC et affiche notamment les applications auto-exécutées au démarrage ainsi que leur impact sur le boot du PC.
Le support du multi-écran a été étendu : désormais, la barre des tâches peut être dupliquée sur chaque écran ou rester propre à chacun. On peut même afficher des papiers peints différents.
Comme Microsoft l’a déjà révélé, l’explorateur Windows s’enrichit d’un ruban qui simplifie l’accès aux opérations avancées (et permet finalement un contrôle tactile satisfaisant de l’explorateur) et offre des fonctions de copie de fichiers plus évoluées, ainsi que la possibilité de monter à la volée des disques virtuels VHD ou des images ISO.
Windows 8 apporte deux grandes nouveautés en matière de restauration :
– le bouton Reset PC ramène en 10 minutes la machine à son état d’origine, écrasant au passage tous les programmes et données ;
– le bouton Refresh PC réinstalle un Windows propre et neuf sans pour autant perdre vos données, vos paramétrages, vos personnalisations ni vos programmes.
Autre point sur lequel Windows 8 fait mieux que ses ancêtres : la sécurité. Le système intègre désormais en standard des protections contre les attaques Web de type drive-by download. Mais, surtout, le principe de réputation de fichiers SmartScreen introduit par Internet Explorer 9 est étendu à tout le système. Windows 8 peut automatiquement refuser de lancer toute application qui n’est pas reconnue comme saine par la base d’informations actualisée en temps réel par Microsoft et ses partenaires.
Enfin, Windows 8 apporte une fonction très utile, notamment pour les entreprises et leurs employés : avec Windows to Go, on peut désormais emporter un Windows complet avec ses applications sur une clé USB et l’exécuter à partir de celle-ci. Ainsi, une entreprise peut fournir sur une clé protégée et cryptée par BitLocker un environnement de travail complet à exécuter chez soi sur son ordinateur personnel.
Encore tellement de questions
Microsoft ne le cache pas : la présentation de Windows 8 expose bien les principes du nouveau Windows, mais il reste encore bien des nouveautés à découvrir, que Microsoft ne souhaite pas encore dévoiler. A commencer par le magasin applicatif Windows Store, dont le projet a été rapidement divulgué. Il fonctionnera uniquement dans l’interface Metro. Sa première raison d’être est de permettre la diffusion des applications Metro fonctionnant aussi bien en x86-x64 qu’en ARM. Toutefois, il sera aussi ouvert aux applications bureau en x86-x64. Aucune autre information n’a été rendue publique, si ce n’est que les développeurs pourront consulter de nombreuses statistiques sur le succès de leur application.
En revanche, les évolutions du Media Center n’ont pas été évoquées, ni les améliorations apportées à la barre des tâches et à l’ergonomie du bureau traditionnelle, pas plus que l’intégration éventuelle du Xbox Live ou les fonctions propres à l’entreprise, etc. La conférence de demain, 14 septembre, ainsi que les sessions techniques qui auront lieu jusqu’à la fin de la semaine pourraient cependant nous apporter d’autres informations complémentaires et quelques réponses aux questions en suspens.
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