Cette fois, c’est certain, Windows 2000 va déferler sur la France au début du premier trimestre 2000. La sortie de la dernière mouture du système d’exploitation de Microsoft est l’événement le plus important de son histoire : d’une part, parce qu’il marque une rupture majeure en matière d’architecture avec Windows NT 4.0 ; d’autre part, parce qu’il traduit la volonté de la firme de Bill Gates de s’attaquer à un nouveau segment de marché, celui des Data centers. Rappelons que, selon le cabinet d’études IDC, les serveurs Unix de type Risc représentaient 7,3 milliards de dollars en 1998, contre 3,4 milliards pour Windows NT.
Les entreprises vont aussi devoir faire leurs comptes, pour passer de NT à Windows 2000
Pour les entreprises, la principale difficulté ne résidera pas tant dans le choix entre Windows 2000 et un autre système d’exploitation, mais bel et bien dans son intégration à leur infrastructure existante et dans les opérations de migration. En effet, si Windows NT a conquis en peu de temps de nombreuses parts de marché, il convient, pour les entreprises, de protéger leurs investissements en fonction de leur base installée, avant d’étudier les nouvelles possibilités offertes par la technologie de Windows 2000. Si l’on en croit une étude du GartnerGroup publiée en septembre dernier, le coût d’une migration de NT vers Windows 2000 s’élèverait à 2 050 dollars par poste, pour le passage de NT Workstation à Windows 2000 Professional ; et à 3 100 dollars, pour une migration à partir de Windows 9.x. Les analystes du GartnerGroup jugent même difficile un retour sur investissement en moins de trois ans, qui se fonderait sur les seuls gains du coût de possession, le fameux TCO(Total cost of ownership), dont ce cabinet est précisément l’inventeur.“Non, non et non !”, répond Microsoft, qui conteste fortement cette appréciation.
Une longue phase de préparation sera indispensable
S’appuyant, de son côté, sur une enquête du cabinet de conseil Arthur Andersen, la firme de Redmond réfute le modèle théorique d’analyse du GartnerGroup, qui ne correspondrait pas à la réalité en raison de la surestimation de certains coûts comme celui de l’achat de licences de Windows 2000 Professional, ou encore, ceux inhérents à la formation des utilisateurs. Les entreprises devront néanmoins tirer la leçon de cette controverse. Dès qu’on leur parlera de TCO, elles seront bien avisées de demander le mode de calcul exact ainsi que les paramètres, et de les adapter à leur propre cas de figure.
Quels que soient le coût réel de migration et la complexité de son mode de calcul, les promesses de Microsoft Windows 2000 sont légion : fiabilité, disponibilité, capacité d’évolution et administration accrues. Des progrès qui représentent les conditions sine qua non pour s’attaquer aux Data centers, et monter en puissance sur ce segment où Unix est roi.
Windows 2000 fera donc le grand écart, puisqu’il se veut adapté aussi bien aux portables qu’aux serveurs en grappes. Pour Microsoft, le défi est de taille. Si sa réussite sur le plan financier est indiscutable, la firme a moins bonne réputation quant à la qualité de ses produits. Pour ne citer qu’un exemple, Microsoft admet avoir identifié pas moins de quatre cents bogues dans la seule gestion de la mémoire de Windows NT 4.0.
Pour les entreprises, la migration impliquera aussi une mise à jour des applicatifs s’appuyant sur leur système d’exploitation réseau. Le premier produit de Microsoft, qui tirera parti de Windows 2000 est Exchange Server, dont la sortie est prévue quatre-vingts jours après celle de Windows 2000. Si les migrations dans le monde Windows ne sont jamais simples, cette fois, l’architecture est si différente qu’il faudra sans nul doute compter sur une longue phase de préparation avant de commencer l’opération. Microsoft a donc lancé l’offensive, afin de réduire autant que possible ce délai, avec la distribution à six cent cinquante mille testeurs de la version bêta 3 de son produit. C’est aussi un moyen de faire faire une partie du débogage par les autres. Les analystes du GartnerGroup notent que le modèle de travail de Microsoft, qui repose sur de petites équipes, peut poser problème au chantier gigantesque de Windows 2000, qui comprend de vingt à trente millions de nouvelles lignes de code, selon les sources. Ils remarquent également qu’il vaut mieux parfaitement définir les éléments dès la conception que colmater les brèches a posteriori.
Les responsables informatiques opteront pour la prudence
Windows 2000 a laissé apparaître, lors des tests de la version bêta 3, des failles importantes, notamment en matière de sécurité. Les entreprises se montrent donc logiquement prudentes. IDC, qui a interrogé sept cent quatre-vingt-huit entreprises américaines, révèle ainsi que plus de 50 % d’entre elles retarderont leurs projets de mise en ?”uvre de Windows 2000 tant qu’elles n’auront pas la garantie d’un minimum de stabilité. Le Meta Group ne prévoit pas une adoption de masse de ce produit avant 2001. Beaucoup d’entreprises attendront la sortie du premier Service Pack, qui, à l’instar du Service Pack 5, de NT 4.0, n’aura pour objet que d’apporter des correctifs logiciels et non d’enrichir le produit par l’ajout de nouvelles fonctions comme précédemment avec le Service Pack 4.
La difficulté du passage à Windows 2000 sera accrue pour les utilisateurs qui n’ont pas adopté les versions les plus récentes du système d’exploitation de Microsoft. En effet, la dernière mouture des logiciels de l’éditeur est indispensable pour pouvoir installer Windows 2000. Tant pis pour ceux qui en sont restés à NT 3.1 ou NT 3.51 ; ils devront passer par l’étape technique de la double migration, heureusement sans devoir s’acquitter du prix des licences intermédiaires, Microsoft appliquant la loi du n ?” 1. Néanmoins, malgré toutes les réticences et toutes les inquiétudes que nous venons d’évoquer, la majorité des cabinets d’études prédit une forte croissance de Windows 2000 sur le marché dans les deux ans à venir, comme de coutume, serions-nous tentés de dire. Si Microsoft est contesté par rapport à la qualité de ses produits, la firme l’est beaucoup moins sur ses parts de marché gagnées. Toutefois, l’attitude attentiste des responsables de parcs informatiques s’explique pour plusieurs raisons. D’une part, les entreprises auront besoin de digérer le passage à l’an 2000. D’autre part, Windows 2000 requiert de nombreux moyens, humains et techniques.
L’annuaire Active Directory, placé au c?”ur du système
Enfin, il faudra attendre que le catalogue applicatif de Windows 2000 s’étoffe. Sachant que les opérations de migration se feront par étapes pour les grandes sociétés, il sera possible, pour les développeurs, de bâtir leurs applications pour les deux environnements (NT 4 et Windows 2000).
Chez Microsoft, Platinum, la nouvelle évolution du logiciel de messagerie Exchange Server, sera le premier produit serveur à exploiter Active Directory, une condition indispensable pour des opérations de travail de groupe où Microsoft Exchange Server est en retrait par rapport à Lotus Notes. Windows 2000, dans ses diverses déclinaisons, représente un tel changement que nombre d’ingénieurs systèmes et réseaux vont devoir retourner sur les bancs des centres de formation, afin de se familiariser avec ce nouveau système d’exploitation. En effet, une très grande richesse fonctionnelle est proposée. L’un des éléments clés est l’arrivée de l’annuaire Active Directory (AD), qui est compatible avec LDAP (Lightweight directory access protocol) v.3.0. Les bénéfices de l’annuaire en matière d’administration sont considérables et désormais bien connus. Historiquement, c’est Banyan qui avait ouvert le bal, avec StreetTalk, suivi des NDS, de Novell. Ce changement d’architecture avait, d’ailleurs, donné quelques soucis à la firme de Provo, du fait des bogues de la première version, mais aussi à cause des changements culturels qu’il induisait pour les administrateurs de réseaux. Aujourd’hui, certaines entreprises sont toujours sous NetWare 3.12 ! Windows 2000 change le modèle de domaine à deux niveaux de NT 4.0, pour fournir une structure hiérarchique beaucoup plus souple, avec un schéma extensible offrant la possibilité de stocker les informations provenant d’autres applications. Il agit comme un système central fonctionnant de façon répartie sur les serveurs et différents sites de l’entreprise. Comme pour tous les annuaires du marché, la base s’appuie en partie sur la technologie X.500 et est compatible avec le dénominateur commun LDAP v.3.0, qui, dans sa norme actuelle, ne définit aucun mécanisme de répli cation. AD repose sur le DNS(Do-main name system) comme espace de nommage. Chaque objet dispose de trois noms :un distinguished name, un relative distinguished name , ainsi qu’un nom d’utilisateur principal de type [email protected]. De manière générale, c’est une structuration complète des données qui est offerte.
La réplication intersites s’appuie sur les RPC ou sur SMTP
Un site est une zone regroupant des contrôleurs de domaine reliés entre eux par des liaisons rapides. Un domaine peut être éclaté en plusieurs sites et ceux-ci ne font pas partie de l’espace de nommage.
La réplication intersites pourra se fonder sur les RPC (Remote procedure calls) de Microsoft ?” qui, en l’occurrence, seront des RPC sur IP ?” pour les liens synchrones ou, pour les liens asynchrones, sur le protocole SMTP. La réplication intrasite, elle, s’appuiera sur les RPC. La sortie du SDK 2.5 Adsi (Active directory service interfaces) a rassuré les développeurs, qui ont profité de beaucoup de précisions sur la manière de procéder. Le SDK 2.5 Adsi a été accompagné de nombreux exemples et il est plus facile de déduire ce que les interfaces sont supposées faire.
L’interopérabilité des annuaires est encore un v?”u pieu
“Les essais précédents d’écriture de fournisseurs Adsi, par exemple, nécessitaient de faire appel à Microsoft pour des compléments d’information”, explique Pat Gibney, directeur des systèmes Windows 2000 chez IBM. Cependant, l’interopérabilité des annuaires est encore“en devenir”, déclare-t-on chez le géant d’Armonk. Pour y parvenir, il est nécessaire d’avoir une réplication, un contrôle d’accès et des schémas normalisés, mais tous ces éléments ne sont pas encore réunis. De plus, depuis que Microsoft a acquis, au mois de juillet dernier, le canadien Zoomit, éditeur du méta-annuaire VIA, c’est une porte vers de multiples technologies de synchronisation d’annuaires qui s’entrouvre. VIA a été annoncé comme devant être incorporé à Windows 2000 au milieu de l’année prochaine. Par ailleurs, en matière d’annuaires, “les mécanismes de réplication de Windows 2000 sont totalement prévisibles”, indique Andreas Luther, chef de programme chez Microsoft Corp. Le constat et la situation sont donc simples : tout réside dans la préparation, même si le Meta Group note qu’un investissement lourd dans les versions bêta ne réduira pas de beaucoup le cycle d’adoption de Windows 2000. ;
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