Microsoft vient de lancer Windows 10 S, un nouvel OS destiné à faire tourner des machines bon marché – et les quelques Surface Laptop qui ne seront pas encore passés sous Windows 10. L’annonce n’est pas sans rappeler le lancement de Windows 7 Starter – l’OS dont l’utilisateur ne pouvait même pas modifier le fond d’écran – ou de Windows RT – l’OS non compatible avec les logiciels Windows traditionnels. Cette fois, les fonctionnalités sont bien plus proches de celles de la version complète de Windows. La principale limite concerne l’installation de logiciels, désormais très encadrée.
Convaincre les développeurs
Sous Windows 10 S, impossible de télécharger le moindre logiciel sans passer par le Store officiel de Microsoft. Selon l’entreprise, cela permettra de mieux contrôler l’offre applicative et d’éviter les malwares. Mais cela pourrait aussi pousser les développeurs à fournir un catalogue aujourd’hui trop léger pour séduire.
Bien loin de la «vitrine» Surface Laptop, Microsoft mise sur ses partenaires historiques pour diffuser son nouvel OS. Dès l’annonce de Windows 10 S, HP et Acer présentaient des machines à moins de 300 dollars. Des offres qui rappellent celles des Netbooks de la fin des années 2000, avec les 2-en-1 qui viennent remplacer les minuscules PC de 10,1 pouces dans le rôle de la machine pour étudiants et utilisateurs nomades.
Grâce à ces fabricants, Microsoft espère placer Windows 10 S sur des millions d’ordinateurs abordables, avec des millions d’utilisateurs dépendant entièrement de son Store. A la différence de Windows RT, Windows 10 S fait tourner n’importe quelle application x86. Pour les développeurs, le fait de se retrouver sur le Windows Store n’est plus qu’une décision d’ordre commercial.
Du Windows 10 sous ARM
Si Microsoft parvient à remplir sa boutique en ligne, une nouvelle opportunité s’ouvrira. En décembre dernier, l’américain annonçait la compatibilité – grâce à un émulateur – des applications x86 sur une puce ARM. Soit la majorité des logiciels Windows ayant vu le jour depuis une vingtaine d’années. A cette occasion, un partenariat avec Qualcomm a été annoncé pour permettre aux machines équipées du Snapdragon 835 d’en profiter. Dans le monde idéal de Microsoft, on pourrait donc voir arriver des smartphones sous Windows 10 et capables de faire tourner les applications x86, présentes sur un Windows Store bien fourni.
Un tel scénario permettrait à l’américain de combler l’une de ses principales lacunes face aux appareils Android et iOS : le manque d’applications compatibles. Malgré de nombreuses qualités, les Windows Phone n’ont jamais pu égaler la richesse applicative de leurs rivaux. Une situation qui a contraint Microsoft à abandonner le marché. Si l’entreprise parvenait à remplir son Store, elle serait en bonne position pour amorcer l’arrivée de son Surface Phone tant attendu.
Plusieurs raisons d’échouer
Mais avant d’en arriver là, plusieurs obstacles pourraient enrayer la machine. D’abord, une version de Windows 10 faisant tourner toutes les applications sur du ARM ne serait pas la panacée. Elle permettrait effectivement d’offrir un mode Continuum très abouti pour transformer un smartphone en PC. Une fonction qui pourrait prendre de l’importance en cas de succès de produits comme le DeX de Samsung. Mais il faudra aussi adapter les contenus aux écrans de smartphones. A ce niveau, Microsoft devra convaincre les développeurs de retravailler leurs applications.
Parmi eux, des géants comme Google pourraient être tentés de ne pas jouer le jeu. En bonne concurrente de Microsoft, la firme a lancé Chrome OS, son système d’exploitation pour ordinateurs et 2-en-1. En septembre dernier, le Play Store faisait son arrivée sur les Chromebook bon marché fabriqués par les partenaires de Google comme… HP et Acer. De son côté, Apple pourrait aussi se passer du Windows Store pour distribuer ses applications. Dans les deux cas, il ne s’agirait que de la pérennisation de la situation actuelle : pour le moment, aucune des applications Google et Apple n’est disponible sur le Store de Microsoft. Les premiers PC tournant sous Windows 10 S seront donc privés de logiciels comme Google Drive ou iTunes. Une contrainte importante, qui sera rédhibitoire dans l’univers du smartphone.
Enfin, le succès de Windows 10 S est loin d’être acquis. Habitués à télécharger librement, les utilisateurs de Windows devront faire le choix d’évoluer dans un monde désormais fermé, ou accepter de débourser quelques euros supplémentaires. S’ils optent pour la seconde solution, Windows 10 S ne sera qu’une aventure éphémère et Microsoft devra trouver une autre béquille pour un éventuel smartphone.
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