Porteur d’une histoire lourde et compliquée, faite de soupçon de monopole, de technologies propriétaires et de problèmes de sécurité, Internet Explorer n’avait plus d’autres options que de tirer sa révérence et de laisser place à un nouveau navigateur. D’autant que le lancement de Windows 10 est un nouveau départ à plus d’un titre pour le monde logiciel tel qu’envisagé par Bill Gates, Steve Ballmer et désormais Satya Nadella…
Microsoft a donc présenté Project Spartan, devenu Edge, dans sa version définitive. Un nouveau navigateur, plus moderne, plus intelligent, plus conforme aux besoins et standards du Web d’aujourd’hui…
Au fil de la Technical Preview, nous avons suivi son évolution, ses bonnes idées, et ses petits soucis. Ceux qui sont résolus et ceux qui persistent… Maintenant que Windows 10 est là et qu’il est officiellement lancé, nous avons passé Edge au crible des tests du Web et de notre prise en main.
Une ergonomie intéressante mais perfectible
Pas facile de réinventer la roue quand son premier essai a servi, en duo avec Netscape, à définir ce que serait un navigateur pendant si longtemps. Pour Edge, Microsoft a visiblement observé le marché, la concurrence et pris des idées de-ci, delà.
L’apparence générale fait ainsi beaucoup penser à celle de Chrome. Pour autant, quelques détails ergonomiques et fonctionnels nous chagrinent.
Le fait que les onglets prennent toute la hauteur du haut de la fenêtre oblige à cliquer sur le bout droit de la barre des onglets pour déplacer la fenêtre. L’exercice devient périlleux quand beaucoup de sites sont ouverts simultanément.
Par ailleurs, s’il est possible d’extraire un onglet pour en faire un navigateur indépendant, il est impossible de regrouper une page seule avec d’autres pour la transformer en onglet. Il y a encore un peu de polish à passer ici.
Enfin terminons cette rapide revue de l’ergonomie générale d’Edge, par la barre de recherche et d’URL, qui ne font qu’une. A l’ouverture d’un nouvel onglet, cette barre ne se situe pas en haut de la fenêtre, mais dans le « corps » de la page. Elle rejoindra cette position habituelle si vous cliquez à son emplacement coutumier ou une fois saisie une requête ou adresse. C’est un peu perturbant et on n’en comprend pas forcément l’intérêt… Mais sans doute est-ce là la force de l’habitude…
Quelques fonctions et une grosse absence
On sait très bien que les réflexes acquis au fil du temps avec un navigateur sont le plus gros frein à l’adoption d’un nouveau logiciel. Aussi, faut-il essayer Edge avec une certaine ouverture d’esprit.
On commencera donc par Cortana qui est sans doute la plus bluffante des nouveautés de ce navigateur. Nous avons particulièrement apprécié la possibilité de mener une recherche directement depuis un article en sollicitant l’assistant de Microsoft. Pour les autres applications, rappels, informations complémentaires, etc., il nous faudra certainement plus de temps pour faire le point…
On enchaînera ensuite avec la page d’accueil personnalisée et personnalisable, à la iGoogle d’antan, qu’on apprécie beaucoup. A l’ouverture d’Edge, elle affiche un aperçu des actus du moment, de la météo, etc. Cela reste un flux d’actualité MSN, mais l’offre est assez variée…
Une fois passé cet accueil agréable et parfois quelques hoquets impromptus, il est difficile de ne pas lever un sourcil de temps à autres. Ainsi, la fonction « sociale » Partager souffre d’un fonctionnement assez erratique. Le bouton se grise sur certaines pages, empêchant le partage, alors qu’il est actif sur d’autres – sans qu’on comprenne trop pourquoi.
De même, alors que l’application Twitter est installée (depuis le Windows Store), l’option de partage sur le site de microblogging n’est pas disponible via Partager, qui s’entête à ne proposer que OneNote ou l’application Courier. Au temps pour la vie sociale numérique…
Le mode lecture est agréable mais est présent depuis longtemps sur Safari et Firefox. On ne va donc pas s’étendre trop longtemps sur le sujet. Il tient sa promesse, mettre le texte à l’honneur sur un Web de plus en plus encombré de publicités et modules qui clignotent…
L’outil d’annotation d’un page Web est sympathique pour partager quelque chose vue en ligne avec un ami mais ne nous sert pas vraiment au quotidien, on vous laisse donc le soin de vous faire votre propre avis…
Terminons par le manque principal qui empêche Edge d’être un vrai navigateur « moderne », selon nous : l’absence d’extension. Elles apportent tant à nos navigateurs quotidiens, comme Chrome et Firefox, qu’on se demande comment Microsoft a pu nous en priver… pour l’instant. Tant que ce point n’est pas corrigé, ce pourrait-être une raison suffisante pour ne pas utiliser Edge de manière exclusive…
Edge, un nouveau, mais pour quelles performances ?
Mais avant de sauter le pas, peut-être faut-il également savoir si Edge tient la route face à la concurrence. Sur une version de Windows 10 fraîchement installée, nous avons donc soumis aux mêmes tests Edge, Chrome et Firefox. Nous cherchions un quatrième homme mais avons dû exclure Safari, qui n’est désormais présent que sur Mac OS X. Et ce dernier recours, nous l’avons trouvé en la « personne » d’Internet Explorer 11, qui est toujours là, dans Windows 10, ne l’oublions pas. Même s’il n’est plus star qu’il était le navigateur servira de témoin. De témoin des progrès réalisés par Microsoft…
Il ressort de nos différents tests qu’Edge est quasiment à armes égales avec ses compétiteurs plus installés. Nous avons maintenu Sunspider parmi nos outils de benchs pour une comparaison avec d’éventuels résultats passés que vous auriez sous la main, même si cet outil est de plus en plus décrié et appelé à être remplacé par JetStream. Lancé en juin 2014, ce nouveau benchmark est censé mieux coller à la réalité des usages modernes des navigateurs, notamment pour ce qui est des jeux en ligne.
Ces trois benchs ont un point commun et une spécificité, moins élevé est le nombre fourni, meilleure est la prestation du navigateur…
Nous avons également fait tourner quatre autres benchs sur ces quatre navigateurs. Notamment, Peacekeeper, qui assure une belle part aux « multimédias » – mais au cours duquel Edge n’a pas pu faire tourner deux tests – et Octane 2, développé par Google.
Dans tous les cas, on observe deux tendances. La première, Edge a fait d’énorme progrès par rapport à Internet Explorer 11 – et d’énorme progrès depuis qu’il a été introduit sous l’appellation Projet Spartan, mais nos chiffres ont disparu avec un disque dur épuisé. La seconde, Edge colle aux performances de ses concurrents et n’a pas à rougir de ce qu’il offre à ses utilisateurs. Il faudra encore qu’il progresse dans sa gestion du HTML 5, mais le progrès est net par rapport à son prédécesseur et le signal envoyé encourageant. Microsoft a donc tenu parole quand il disait travailler à l’optimisation de son navigateur.
Ne reste au géant de Redmond qu’à peaufiner les usages et ajouter quelques fonctions pour qu’Edge soit un bon candidat au trône. Chrome et Firefox ont intérêt à le prendre au sérieux.
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