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‘ WiMAX est condamné à rester un marché de niche ‘

Coincé entre le Wi-Fi et la 3G, le haut-débit sans fil WiMAX a peu de chances de connaître le succès. C’est, du moins, l’avis de César Zeitouni, gérant de fonds à IT Asset Management.

Electronique International : Pour un certain nombre d’industriels et d’analystes, la technologie WiMAX semble vouée au succès. Vous ne partagez pas cette opinion. Pourquoi ?


César Zeitouni : Sur la boucle locale fixe, WiMAX entre en concurrence directe avec l’ADSL, qui couvre plus de 90 % des abonnés dans des pays comme la France et qui affiche des coûts imbattables. Son
utilisation apparaît donc limitée aux pays émergents et aux zones non desservies par l’ADSL, ce qui réduit considérablement le marché initialement visé par le WiMAX fixe. Certains analystes en sont d’ailleurs maintenant pleinement
conscients.


Pour le WiMAX mobile, le problème est différent. Cette technologie est fortement poussée par Intel, qui a pris en charge à la fois la fabrication des circuits et les travaux de standardisation. Depuis longtemps, l’américain rêve
en effet d’entrer sur le marché du mobile, où les moteurs normatifs ont pour noms Nokia, Ericsson et Qualcomm. Intel a toujours échoué jusque-là et compte donc profiter de l’émergence de la 4G pour enfin prendre pied sur le secteur en
faisant la promotion du WiMAX mobile.


Mais les opérateurs de réseaux cellulaires qui ont massivement investi dans leurs infrastructures 3G n’ont aucun intérêt à déployer une technologie qui n’a pas encore fait ses preuves sur le terrain…
D’autant que Nokia, Ericsson, Qualcomm comptent bien proposer une évolution progressive vers la 4G afin de protéger au maximum leurs investissements ! Qui plus est, il leur faudrait débourser encore 1,2 milliard d’euros pour
disposer avec leWiMAX mobile d’une couverture géographique similaire à celle offerte par les réseaux 3G. Et ce, pour un retour sur investissements plus que douteux.


L’approche d’Intel risque donc fort de n’intéresser que des pays émergents ou de nouveaux entrants sur le marché de la mobilité, comme les FAI ou les opérateurs fixes souhaitant élargir leur offre.Pour ses promoteurs, le WiMAX mobile devrait apporter plus de débit et une meilleure efficacité spectrale…


Du débit pour faire quoi ? En mobilité, la voix représente, à l’heure actuelle, 85 % des usages. Sur ce plan, le WiMAX mobile ne peut pas, aujourd’hui, soutenir la comparaison avec ce qu’offrent les
réseaux 3G en matière de qualité de service, de couverture et de mécanismes de transfert intercellulaire. Ce sera peut-être le cas à partir de 2008 mais, d’ici là, les opérateurs 3G auront encore réduit leurs coûts. Quant aux
opérateurs de réseaux WiMAX mobile, ils auront dû mal à les concurrencer efficacement et à séduire les abonnés.


Par ailleurs, l’intégration en cours des technologies HSDPA et HSUPA au sein des terminaux et des stations de base 3G va réduire l’avantage du WiMAX mobile dans le domaine de la transmission de données. C’est
d’ailleurs tout l’intérêt de Nokia, d’Ericsson et de Qualcomm de pousser dans ce sens là, et ils ne s’en gênent pas. Ils aident ainsi les opérateurs 3G à contrer le WiMAX mobile.


En fait, le WiMAX mobile va se retrouver coincé entre deux technologies. D’un côté, la 3G et ses évolutions donc, et, de l’autre, le Wi-Fi, dont la montée en puissance est patente et qui constitue désormais une
alternative intéressante pour les municipalités souhaitant offrir un accès haut débit sans fil et nomade à leurs administrés. Occuper une position intermédiaire n’est jamais bon. Une telle situation condamne souvent la technologie concernée à
un marché de niche.D’autres menaces pèsent-elles sur le WiMAX mobile ?


L’été dernier, le rachat de Flarion par Qualcomm est un peu passé inaperçu. Or, son incidence va être considérable, car Flarion détient des brevets essentiels sur le procédé OFDM. Fort de son influence, Qualcomm va profiter de cette
situation pour faire évoluer progressivement les interfaces radio 3G vers cette technologie. L’américain devrait ainsi continuer, à l’avenir, de percevoir des royalties comme il le fait aujourd’hui avec le CDMA et le
W-CDMA, tout en protégeant les opérateurs cellulaires de la rupture technologique que représente le WiMAX mobile. Une telle stratégie ne peut que contribuer à marginaliser encore le WiMAX mobile.

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Pierrick Arlot