Le Nouvel Hebdo :
Les derniers indices macro-économiques restent flous. Percevez-vous une reprise économique ? William Kennard : Aux États-Unis, nous sommes confrontés à des signaux contradictoires. Du côté de la consommation, c’est plutôt bon : les Américains sont confiants dans leur avenir. Mais il ne faudrait pas que de nouveaux incidents internationaux viennent saper leur moral. Alors, faut-il s’attendre à un rebond du secteur TMT ? Là aussi, nous sortons de la crise. Plus exactement nous entrons dans la troisième phase de développement de ce nouveau pan de l’industrie et des services. Après le boom et l’éclatement de la bulle qui a suivi ?” probablement de la plus forte amplitude jamais vue ?”, voici venu le temps de la construction, le plus important à mes yeux. C’est maintenant, parallèlement à une période de restructuration, de concentration et de recentrages, que se joue l’avenir d’un certain nombre de technologies et d’entreprises. Ce déroulement est assez classique, c’est celui qu’ont déjà connu d’autres révolutions industrielles, comme le télégraphe ou le rail. L’économie en réseau entre, aujourd’hui, dans l’ère des modèles d’affaires durables.Cela signifie-t-il que les marchés financiers devraient suivre rapidement à la hausse ? Voyez-vous des valeurs à des prix d’achat ? Les marchés, le Nasdaq en particulier, attendent une série de signaux positifs. Il faudra une répétition de bons résultats, trimestre après trimestre, sur plusieurs secteurs ou sur des valeurs tests. Je ne suis pas moi-même analyste et j’aurais du mal à recommander un titre, mais j’ai le sentiment que beaucoup de grandes valeurs ne peuvent pas tomber beaucoup plus bas !Avec le recul, le formidable mouvement de dérégulation des télécoms, dont vous avez été le témoin privilégié, sinon l’initiateur, a-t-il été positif ? Non, je crois qu’il y aurait eu plus et mieux à faire. Il y a, au fond, deux moyens d’assurer la meilleure concurrence possible, bénéfique aux consommateurs : s’attaquer frontalement aux monopoles et les briser, ou choisir la voie de la régulation. La solution première, la voie politique, est à mon sens la meilleure, mais c’est la plus délicate à mettre en ?”uvre. Autre opération à valeur symbolique à laquelle vous avez pris part : la fusion entre AOL et Time Warner. L’opération, qui était présentée à l’époque comme l’achèvement de la fameuse convergence, est dénoncée, aujourd’hui, par certains analystes comme une erreur stratégique…Cela me chagrine de lire ce type d’analyse dans la presse. Qui peut dire ce que serait, aujourd’hui, le niveau des titres AOL et Time Warner sans cette opération ? Je pense plutôt que la fusion a sauvé AOL. Et je n’ai pas de doute, stratégiquement, sur la synergie à l’?”uvre entre ces deux types d’activités. Laissons le temps au nouvel ensemble de digérer cet énorme chantier qu’est l’intégration de ces deux entreprises, et de prouver son succès, à terme. C’est la même chose pour Vivendi Universal : il est impossible de se prononcer aujourd’hui. Donc, ne condamnons pas trop vite. Votre métier de capital-risqueur est-il très étroitement corrélé aux marchés boursiers ? La faible valorisation se retrouve évidemment sur les deux terrains. Un prix bas ne signifie pas qu’il faut acheter immédiatement, mais, globalement, je dirai que c’est, en matière de capital-risque, un bon moment pour investir.Quelle est la politique de Carlyle en Europe pour les prochaines années ? Sur ce territoire, notre ambition principale est de consacrer plus de temps à la valorisation des sociétés de notre portefeuille. Notamment en leur favorisant un accès au marché américain.Quels sont les secteurs d’activité qui ont vottre préférence ? Nous sommes présents dans de nombreux domaines. Les télécoms, mais aussi la technologie pure, les logiciels, l’aérospatiale, la défense. Nous regardons activement le câble. Les médias et la publicité sont un secteur cyclique, qui va donc remonter. Hors TMT, nous investissons beaucoup dans l’immobilier. Nous avons assez peu investi dans les dot-com. Nous avons donc essuyé moins de pertes que d’autres.Une crise du secteur du capital-risque est-elle néanmoins possible ? Je le pense, oui. Beaucoup de fonds sont surévalués, les mauvaises nouvelles, là, sont devant nous. Le marché secondaire des fonds de fonds devrait se développer dans les toutes prochaines années.
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