Wikipedia aura mis du temps à réagir mais prend aujourd’hui la parole avec force contre le droit à l’oubli, reconnu le 13 mai dernier par la Cour de justice européenne. Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue ce matin à Londres, trois membres de la fondation Wikimedia ont déclaré que cette disposition constituait une « menace » contre l’encyclopédie en ligne et une « censure de l’information véridique ». Un communiqué envoyé dans la foulée parle, lui, d’un « impact direct et critique » sur Wikipedia.
Depuis l’instauration du droit à l’oubli, n’importe quel internaute peut demander à faire supprimer par un moteur de recherche les liens qui pointent vers des contenus ayant trait à sa vie privée. Le souci pour l’encyclopédie en ligne, c’est que Google lui a notifié la semaine dernière avoir accepté cinq demandes la concernant et supprimé 50 URL pointant vers elle. Selon le site Techcrunch, l’une des requêtes concernerait un article sur une mafia italienne, et une autre porterait un individu ayant passé du temps en prison.
Des suppressions de liens opaques et sans possibilité de recours
« Le projet Wikimedia, y compris Wikipedia, est fondé sur la croyance que n’importe qui n’importe où est en mesure d’avoir accès à la somme de toutes les connaissances. Mais cela n’est possible que si des gens peuvent contribuer et participer à ces projets sans réserve- c’est-à-dire que leur droit à créer du contenu, y compris controversé, doit être protégé », a déclaré le cofondateur de Wikipedia Jimmy Wales lors de la conférence de presse.
Par ailleurs, les membres de la fondation Wikimedia ont souligné le fait que tous les moteurs de recherche n’avertissaient pas les éditeurs de contenus de la suppression des liens. La procédure reste donc opaque et sans possibilité de recours. Dans le communiqué de presse diffusé sur son blog américain, Wikipedia précise : « Les résultats de recherches précises sont en train de disparaître en Europe sans aucune explication publique, aucune preuve réelle, pas de contrôle judiciaire, et aucun processus d’appel. Le résultat est un internet criblé de trous de mémoire, des lieux où les informations gênantes disparaissent tout simplement. »
Une prise de position qui va ravir Google, obligé malgré lui d’appliquer le droit à l’oubli. Rappelons que la société a prié Jimmy Wales d’entrer à son conseil consultatif chargé de réfléchir à la façon de gérer cette question. Mais Wales se défend de tout conflit d’intérêt.
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