John Seigenthaler, l’homme par qui le scandale, bien involontairement, arrive. Ancien assistant de Robert Kennedy, il fait l’objet d’un article dans Wikipedia, l’encyclopédie en ligne alimentée par les internautes eux-mêmes. Or, selon
cet article posté en mai, l’homme aurait été soupçonné d’être ‘ directement impliqué ‘ dans les assassinats de John Kennedy (en 1963) puis de Robert Kennedy (1968), mais que rien n’avait pu être prouvé.
L’allégation avait été en fait rajoutée à l’article originel par un internaute anonyme.John Seigenthaler s’est fendu d’une lettre ouverte dans le quotidien USA Today du 29 novembre dernier, pour nier ces affirmations graves et critiquer le mode de fonctionnement de Wikipedia, qui laisserait la
porte ouverte à ce genre de dérive. Résultat : non seulement Wikipedia a supprimé le contenu litigieux et ajouté un
résumé de cette controverse à l’article, mais l’encyclopédie a décidé de changer les règles de publication en vigueur jusque-là. S’il existait un
contrôle a posteriori par la communauté Wikipedia des articles publiés, le fondateur du site Jimmy Wales a décidé d’instaurer un enregistrement préalable des contributeurs à partir du
5 décembre. Car dans le cas de l’article sur John Seigenthaler, le contrôle a justement montré ses limites. Les allégations douteuses sont restées en ligne plus de quatre mois et c’est finalement l’intéressé lui-même qui est allé corriger
l’article.Ainsi, sur le Wikipedia anglophone, un internaute anonyme est désormais empêché de poster de nouveaux articles. Il faudra s’identifier. L’opération se limite cependant à la création d’un nom d’utilisateur, qui peut être un pseudonyme,
et d’un mot de passe. La mention de l’e-mail est conseillée (ne serait-ce que pour récupérer son mot de passe en cas d’oubli), mais pas obligatoire. En revanche, pas besoin de s’enregistrer pour corriger ou compléter des articles déjà en ligne. Ce
qui reste de toute façon une faille du dispositif, comme le reconnaît Florence Devouard à Wikimedia France, l’organisation qui gère entre autres le projet de Wikipedia francophone. ‘ Ce n’est pas ce qui aurait réglé le
problème de monsieur John Seigenthaler, qui était de savoir comment faire pour que cela ne se reproduise pas, mais aussi de retrouver l’auteur anonyme. Là, c’est le rôle des FAI. Nous sommes coincés par rapport à
ça ‘.
Obligation de citer ses sources
Sur le Wikipedia francophone, en tout cas, pas de projet d’enregistrement obligatoire. En revanche, de nouvelles règles sont prévues. Depuis quinze jours, le site teste la possibilité de donner des notes aux articles en fonction de la
qualité d’écriture, de l’exactitude des faits, de l’exhaustivité…
‘ L’idée, à terme, est d’identifier une version comme une version validée et que ce soit celle-là qui apparaisse. Mais il resterait un lien vers la
version de travail. ‘ Wikipedia estime en effet qu’aucun article n’est jamais fini, qu’il y a toujours des améliorations à apporter.Deuxième idée : imposer aux contributeurs d’indiquer leurs sources (ouvrages, articles, sites Internet). Un moyen à la fois de rassurer le lecteur et de faciliter le travail de contrôle. Il sera plus facile de réagir à un article
s’il se présente sans source. Ce genre de règle aurait pu éviter le dérapage sur l’article de John Seigenthaler, selon Françoise Devouard.Il reste que le ‘ vandalisme ‘, selon la terminologie employée par Wikipedia, des articles n’est pas la seule préoccupation. Selon CNET, Jimmy Wales se soucie des contributeurs qui postent un article sur
eux-mêmes ou quelque chose qui les concerne, sans avoir encore d’avis sur la question. Florence Devouard, elle, mentionne les sites miroirs de Wikipedia, qui sont figés. Les corrections effectuées sur les articles de l’encyclopédie n’y sont pas
reproduites. ‘ L’idée serait détablir une liste de contacts des sites miroirs. ‘ Pour les avertir en cas de modifications sur le site originel. Tout en sachant que, dans certains cas, ces sites sont
anonymes.
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