Le petit monde du Wi-Fi semble suspendu à la publication de ce texte, dont l’ART (Autorité de régulation des télécommunications) confirme qu’il sera rendu public “avant la fin du mois “, en se refusant à tout autre commentaire.Mais beaucoup craignent que les fameuses ” lignes directrices ” valident officiellement les propos tenus par Jacques Douffiagues, membre du collège de l’ART, le 7 octobre dernier. Des propos selon lesquels les collectivités locales ?” et elles seules ?” pourraient faire une demande d’autorisation pour effectuer des expérimentations Wi-Fi, limitées à une période de trois ans.
” … une aberration technologique typiquement française “
Du côté des associations, qui souhaitent développer le Wi-Fi de façon libre et communautaire, on ne cache pas son indignation. “Ils veulent verrouiller cette technologie pour trois ans, en interdisant les initiatives communautaires, et en fermant le marché ! “, clame Marc Revial chez Wireless.FR.” Encore une aberration technologique typiquement française. Dans la plupart des autres pays, il y a des réseaux communautaires. En France, l’Etat veut se garder le gâteau Wi-Fi “, ironise Martin Loyer, le fondateur de Paris sans fil.
” On perd la motivation pour le combat devant autant de mauvaise volonté de la part de nos chères institutions “, ajoute Pierre Lefort, cofondateur de Provence Wireless.Cette dernière avait été en ligne de mire en avril dernier, lorsque l’Agence nationale des fréquences (ANFR), le ” gendarme des ondes “, comme l’appellent la plupart des ” Wi-fistes “, avaient exigé le démontage des antennes installées par l’association, pour cause de brouillage.” Arrêtons l’hypocrisie ! D’une part, il n’y pas eu brouillage, d’autre part, l’ANFR nous a trouvé uniquement parce que nous avons fait savoir à la presse que notre réseau fonctionnait. Je ne suis pas pour l’anarchie des ondes. Mais on veut faire pression sur le législateur pour trouver des solutions. Les petites communes n’intéressent pas les grands opérateurs et les élus locaux sont très à l’écoute lorsqu’on leur montre quelque chose qui fonctionne bien… “, explique Guy Karaghiosian, l’autre fondateur de Provence Wireless.
Les associations veulent s’associer aux élus locaux pour développer Wi-Fi
La plupart des associations envisagent donc de s’associer à leurs élus locaux pour continuer à développer Wi-Fi. Sur le Web et dans les forums, on travaille à la rédaction d’un document explicatif à destination des collectivités locales. “On veut continuer et développer des réseaux communautaires. On va se battre pour faire évoluer la législation “, positive Martin Loyer.Mais, indépendamment des associations, il semble clair que les ” réseaux pirates “, émettant de façon illégale sur la voie publique, vont se développer. Contrairement à l’époque des radios libres, souvent citée en référence par les défenseurs d’un Wi-Fi libre, le matériel est bon marché, et la tentation est grande de créer des relais entre immeubles voisins, permettant le jeu en réseau ou le partage de connexion Internet.” Des réseaux pirates sont en train de se monter partout en France et ce sont des initiatives que j’encourage. Ils doivent simplement rester très discrets pour éviter les problèmes que nous avons eu en Provence “, déclare Pierre Lefort.
Plusieurs émetteurs Wi-Fi clandestins à Paris ?
Selon certaines sources difficiles à vérifier, il y aurait en effet déjà plusieurs centaines d’émetteurs Wi-Fi opérationnels et externes, rien que sur Paris. “Pourquoi les ondes seraient-elles la propriété de l’Etat ? Vive l’anarchie ! Je compte installer un émetteur à 5 GHz pour tout mon quartier, que je vais connecter à celui du quartier voisin ! “, explique un contributeur anonyme, sur un forum dédié à Wi-Fi.” Mon antenne rayonne à 500 mètres à la ronde en pleine ville. J’ai pas les moyen de stopper les ondes… “, s’amuse un autre amateur. “ On va quand même pas blinder nos murs pour empêcher les ondes de sortir ! “, lui répond-on…Mais l’ANFR, qui doit veiller au respect de l’utilisation des fréquences, semble plus lucide, et reconnaît qu’il y a en effet ” un certain nombre ” de réseaux pirates aujourd’hui en France. Quant à la suite, “tout dépend de l’ampleur du mouvement. Nos moyens sont limités, et nous n’aurons pas la possibilité d’arrêter chaque utilisateur. On va traiter en priorité les plaintes pour brouillage “, admet Pierre Conil, responsable des études prospectives à la direction de la planification du spectre et des affaires Internationales de l’ANFR.L’ANFR, qui avoue ” être mal armée “ pour assurer la prévention et le respect de la réglementation, semble d’ailleurs favorable à l’assouplissement de la législation. ” On comprendrait mal de faire deux poids et deux mesures, entre les collectivités locales et les autres utilisateurs “, souligne Pierre Conil, dautant que dès que les collectivités locales commenceront à émettre, la surveillance des ondes, et le tri entre les émissions légales et pirates deviendrait alors un véritable casse-tête…
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