72 compagnies dans le monde avaient déjà installé une connexion à bord ou prévoyaient de le faire fin 2015, selon une étude du cabinet Euroconsult. Au total, ce sont 5300 avions de ligne qui étaient concernés. Accéder à Internet dans les airs n’est donc plus si rare. « Nous envisageons d’équiper l’intégralité de notre flotte en Wi-Fi d’ici 2020 », annonce même Matthieu Dollé, chef de produit connectivité chez Air France KLM.
La solution satellitaire majoritaire
Pour obtenir une connexion dans un avion, il n’y a pas une infinité d’options technologiques. Soit l’avion profite des antennes relais présentes au sol sur le territoire qu’il survole, soit il se connecte à un satellite géostationnaire situé à 36 000 km au-dessus de la Terre. Ce dernier choix s’impose de fait dans le cas des vols long-courrier qui traversent des océans, des reliefs accidentés ou des pays exclus d’une couverture mobile. Or, lorsque l’on observe de près les services proposés par les plus grandes compagnies aériennes au monde (qui font partie du classement Skytrax 2016), la plupart ne proposent Internet que sur les longs courriers. On peut donc considérer que l’infrastructure satellitaire est celle à laquelle nous sommes majoritairement confrontés.
Le coût de l’opération est élevé : une centaine de milliers de dollars pour une connexion terrestre et jusqu’à 500 000 dollars pour le satellite. Ce qui explique que Ryan Air ait renoncé l’année dernière à convertir sa flotte, espérant que cela devienne meilleur marché dans les années à venir. Il faut, en outre, immobiliser l’appareil une dizaine de jours pour réaliser les travaux. Un problème qui ne se pose plus avec les nouveaux avions désormais conçus dès le départ pour être connectés.
Il faut enfin louer les services des fournisseurs de systèmes de communication et de divertissement comme Thalès ou Panasonic Avionics qui proposent des solutions clefs en main. « Dans l’avion, nous installons une antenne de réception Ku, ayant la capacité d’émettre et de recevoir sur deux fréquences », nous explique Marcelo Toston, responsable de Panasonic Avionics en France. Cette antenne est visible de l’extérieur. On distingue toujours une protubérance à l’avant de l’appareil : le radôme qui sert de coque protectrice à l’antenne satellite. « On doit aussi installer un modem et des hotposts répartis dans la cabine. Ils sont au nombre de 3 à 7 selon la taille de l’avion », précise-t-il. Le tout est également connecté à une station de base au sol de type picocell.
Envoyer des SMS et recevoir des appels dans les airs
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, connecter un avion n’offre pas pour seule perspective de fournir du Wi-Fi aux passagers. Il existe notamment des offres de télévision par satellite pour regarder les programmes en direct. Ce que propose, par exemple, Cathay Pacific avec des chaînes de news comme CNN.
Autre service, la téléphonie. Cela fait déjà quelques années qu’il n’est plus nécessaire d’éteindre son téléphone à bord. La Commission européenne a autorisé en 2013 l’utilisation des appareils électroniques portables durant toutes les phases du vol car ils ne perturbent plus les instruments de navigation des avions. Ce qui a incité certaines compagnies à souscrire à des options de téléphonie. « Nous avons passé des accords avec tous les opérateurs de téléphonie des différents pays afin que les passagers puissent téléphoner, envoyer des SMS et des MMS, et surfer avec leur terminal mobile comme s’ils étaient au sol », nous explique encore Marcelo Toston. C’est le cas sur de nombreux vols d’Emirates ou Singapore Airlines. Ce qui ne va pas ravir tout le monde. Jusqu’ici, les passagers des avions avaient vécu dans une bulle de tranquillité. Ils ne seront plus désormais préservés des appels intempestifs de leurs voisins lorsque la compagnie qu’ils empruntent les autorise !
Le haut débit généralisé dans les années à venir
Accéder à une connexion internet dans les airs, ce n’est pas forcément la panacée. D’abord à cause du prix puisque c’est un service payant. Il existe plusieurs formules : soit c’est votre opérateur qui vous facture, soit c’est la compagnie. On vous propose le plus souvent des pass pour toute la durée du vol ou pour une durée et une quantité de data limitées. Air France KLM, par exemple, commercialise trois offres sur ses longs courriers : une option à 5 euros pour 20 Mo, une à 10 euros pour 50 Mo et une dernière à 30 euros pour 200 Mo. Par ailleurs, certains usages sont la plupart du temps bridés comme l’accès à des services OTT de type Netflix pour des questions de droit.
Autre problème, le débit. Comme nous avions pu le tester en 2016 lors d’un vol Paris-Genève, il est largement suffisant en téléchargement pour consulter ses mails ou surfer sur le web. Mais moins performant en upload, sans compter que le ping est forcément très élevé du fait de la distance avec le satellite. Par ailleurs, le débit dépend naturellement du nombre de personnes connectées qui se partagent la bande passante. Mais ce n’est pas la seule contingence. « Le débit dépend aussi du nombre d’avions présents simultanément dans la même zone », indique Matthieu Dollé qui fait avancer prudemment Air France KLM sur ce terrain. Il veut éviter à tout les promesses impossibles, pour ne pas générer de frustration.
La situation devrait évidemment s’améliorer dans les années à venir. « Les technologies de communication vont évoluer et les constellations satellites seront densifiées afin d’augmenter la vitesse de connexion pour chaque passager », prévoit encore le chef de produit connectivité d’Air France KLM. C’est justement l’objectif d’Eutelsat 127B, un satellite qui doit être lancé dans les semaines à venir pour apporter de la connectivité haut débit dans les avions dans la région Asie Pacifique. Ce satellite dernière génération est capable de répartir de façon dynamique sa bande passante en fonction de la demande. Cela, grâce à la technologie MPA, pour “amplifications multiports”, c’est-à-dire que son antenne peut diviser sa capacité en 11 spots correspondant à 11 faisceaux différents. Reste à savoir si – et de combien- ces connexions haut débit feront grimper la facture des usagers.
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