Dans les agences du web, les récits d’entretiens de recrutement vont bon train. Ici, c’est un candidat de vingt-trois ans avec six mois de stage pour seule expérience qui étale des prétentions salariales annuelles comprises entre 220 000 et 300 000 francs. Un an d’expérience pour cet autre candidat, et des exigences à hauteur de 290 000 francs. Encore un débutant sorti de l’école depuis six mois, et qui réclame 400 000 francs. Tout comme… un jeune bac + 2.
Les paillettes qui auréolent le web attirent très souvent ce type de candidats chez les prestataires internet. Inutile de rappeler qu’ils ont le vent en poupe et que les compétences s’y font rares. “J’ai rencontré un webmarketeur de niveau bac + 1 qui a immédiatement demandé 220 000 francs et six mois de formation, se souvient Olivier Woitiez, directeur général d’E-Wave. Un véritable abus dans la mesure où il ne rapporterait pas tout de suite à la société. Mais son attitude montrait qu’il était habitué à émettre ce type d’exigence.”
Bien sûr, ces sociétés opèrent sur un secteur porteur, et elles véhiculent souvent une image de ” sérieux dans la décontraction “. Mais cela ne les empêche pas de s’appuyer sur des grilles de salaires et quelques principes bien arrêtés. Notamment concernant les débutants. Ainsi, chez Orange Art, un ingénieur développement ayant un à deux ans d’expérience gagnera entre 190 000 et 200 000 francs. Chez Icon Medialab, un développeur HTML débute à 150 000 francs. E-Wave, elle, rémunère ses débutants entre 180 000 et 220 000 francs. Idem chez Fi System. Des fourchettes somme toute homogènes, dans lamesure où les recrutements les plus stratégiques ne se trouvent pas chez les débutants.
A l’intérieur de ces écarts, le diplôme peut, bien sûr, jouer. “Un centralien sera au niveau en trois semaines, précise Olivier Woitiez. Variation à la hausse, donc, dans ce cas. On voit beaucoup d’autodidactes, en graphisme, qui connaissent peu les besoins des entreprises.” Variation à la baisse, cette fois. Car la société prend un petit risque en les embauchant. Mais les augmentations peuvent suivre rapidement. Chez FRA, qui tient compte en premier lieu de l’expérience, certains bacs + 5 seraient payés moins que des bacs + 2, selon le directeur associé, Jean-Louis Bénard.
Des salaires rapidement révisés à la hausse
ans ce contexte, les agences du web jouent sur une hypothétique souplesse d’organisation, permettant de ne pas attendre un an avant d’augmenter les salaires. Ainsi, cette société récemment arrivée en France admet payer parfois ses employés un peu en dessous du marché. “Mais, dès trois mois de présence, une augmentation est possible.” Chez E-Wave, un polytechnicien pourra être rémunéré “40 000 francs de moins qu’ailleurs, malgré ses compétences techniques”. La ” souplesse ” invoquée ne vaut cependant que pour de petites structures. Fi System et ses sept cents employés en France révise ses salaires annuellement.
Les pratiques salariales semblent, en général, assez claires pour les développeurs ou les designers. Par contre, dès que l’on parle de consultants ou de chefs de projet, elles s’obscurcissent. Des fonctions plus stratégiques. Ainsi, chez Framfab, un manager de projet senior vaut entre 180 000 et 250 000 francs. Un chef de projet chez Fi System peut compter obtenir entre 230 000 et 330 000 francs. Et un consultant senior ou un chef de projet chez Icon Medialab touchera entre 300 000 et 600 000 francs. Tout dépend du contenu véritable de ces fonctions très génériques de ” consultant ” ou de ” chef de projets “. “Un chef de projet peut très bien se cantonner à de la simple gestion de planning, tout comme il peut avoir des responsabilités techniques, ou encore financières”, avertit Jean-Louis Bénard. Les limites que se fixent les uns et les autres sont également très variables. Elles peuvent atteindre 600 000 francs pour des commerciaux. Voire plus. “Lorsqu’on paie quelqu’un 800 000 francs, il doit être opérationnel immédiatement”, tempère-t-on simplement chez Framfab. Les expertises techniques rares seront surtout valorisées en fonction des axes de développement privilégiés par chaque société. Enfin, bien sûr, éléments variables et stock options restent pratique courante dans les agences du web. Mais ces dernières se font plus que discrètes sur le sujet.
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