01net. : de votre point de vue, y a-t-il une grande différence entre Epic Mickey et les autres jeux sur lesquels vous avez travaillé avant ?
A l’évidence, si je compare à Deus Ex, je suis tenté de dire oui, parce que l’univers, le style de jeu, les personnages sont très différents de ceux d’Epic Mickey. Pourtant sur le fond, il y a une continuité entre ces deux jeux. Pour moi, chaque projet est la continuation d’un autre. Et dans Epic Mickey on retrouve quelque chose qui me tient beaucoup à cœur, la possibilité de donner au joueur le choix, le pouvoir d’interagir avec l’histoire, au lieu de suivre celle que je lui imposerais. De ce point de vue là, on peut dire que ce sont deux jeux de la même famille.
Vous avez autrefois expliqué qu’au début de chaque nouveau projet, vous réunissiez votre équipe en lui montrant des diapositives de jeux, en lui disant de prendre le meilleur de chacun d’entre eux. Pour Epic Mickey, quels étaient ces jeux ?
Eh bien, j’ai dit aux membres de mon équipe de prendre le meilleur des Mario, des Sonic et des Zelda. Bien sûr, je ne dis pas que notre jeu est le meilleur de tous, que nous sommes meilleur que Nintendo, mais c’est là que nous avons puisé notre inspiration. Après, attention, quand je dis inspiration, cela ne veut pas dire que nous avons fait qu’imiter. Ce n’est pas ma manière de fonctionner.
Personnellement, je suis plutôt quelqu’un qui est dans la réaction, je joue à un jeu, je l’apprécie, et puis je me dis, « ah quel dommage qu’ils n’aient pas fait ceci ou cela » et c’est comme ça qu’un nouveau projet commence. Par exemple, Deus Ex est né de ma frustration quand je jouais à Thief. Je ne comprenais pas que l’on soit obligé de tout le temps faire dans l’infiltration. Et si je suis mauvais dans les jeux d’infiltration, comment je fais ? C’est pour ça que dans Deus Ex il y a toujours plusieurs manières d’aborder une situation. C’est une réponse à Thief.
Vous évoquez Mario et Zelda. Il y a des jeux Nintendo que vous n’aimez pas ou qui vous ont frustré particulièrement ?
II n’y a pas de jeux Nintendo que je n’aime pas, mais certains me frustrent davantage par rapport à ma sensibilité personnelle, oui. Ce sont deux choses très différentes, il y a une vraie nuance.
Justement, en 2007, vous racontiez sur votre blog que vous aviez joué et même fini Super Paper Mario sur Wii, mais que vous ne pouviez pas vous empêcher de regretter le manque de liberté laissé au joueur. Le jeu frustrant à l’origine d’Epic Mickey, c’est ce Paper Mario ?
Oui, entre autres. Je ne joue pas à beaucoup de jeux, j’en finis encore moins, mais lui je l’avais terminé et il a fait partie de ma réflexion. Mais ce n’est pas le seul. A la même période, je jouais aussi beaucoup à un autre jeu Nintendo, The Legend of Zelda : Phantom Hourglass. Les Zelda sont mes jeux préférés, mais là aussi, quelque chose me frustrait, l’absence de choix, de liberté, j’y reviens toujours.
Vous avez souvent évoqué votre amour pour la série des Zelda, mais beaucoup plus rarement les Mario. Or comme vous venez de nous le dire, ils font partie de l’influence d’Epic Mickey. Quels épisodes en particulier ?
Je dirais Mario 64, parce que c’est mon Mario préféré. C’est le premier en 3D et lorsque je l’ai déniché, j’ai eu cette impression grisante de découvrir un vrai monde, que cet univers était palpable et que je pouvais m’y déplacer en toute liberté. Et vous savez comme la liberté dans les jeux compte à mes yeux ! Mais à l’évidence il y a aussi beaucoup de Mario Sunshine dans Epic Mickey et dans cette idée que le héros peut peindre le monde, interagir avec lui. Mais dans mon jeu, il a le choix de la couleur.
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