WAP en 2000, c’est Internet en 1996. Pour l’instant béni par la norme Wireless Application Protocol, le mariage de la mobilité et du réseau des réseaux ressemble en effet à un vaste chantier, qui met toute l’industrie en effervescence, suscitant l’émergence de nombreuses start up, tandis que pratiquement tous les acteurs traditionnels prennent à la hâte le train en marche. Et les mêmes questions reviennent. S’agit-il d’une mode ou d’une tendance lourde ? D’un gadget ou d’une technologie clé pour l’entreprise ? Comment développer des applications pérennes et les intégrer à l’existant ?
Avant de faire l’apologie ou le procès de WAP, il convient d’accepter comme une évidence l’intérêt de l’accès nomade à Internet ou à un intranet. En balayant d’abord une ambiguïté : non ! il ne s’agit pas d’offrir aux possesseurs de téléphone un moyen de surfer sur le Web à papa. Une telle vision mènerait aux pires déconvenues.
Sans faire abstraction de l’existant, les applications seront nouvelles ou fortement adaptées à l’ergonomie des terminaux. Dans ces conditions, l’accès nomade permettra tout d’abord de toucher des populations traditionnellement équipées de téléphones mobiles, mais pas forcément de PC. Il s’agira des nombreux particuliers rebutés par le PC, qui deviendront de facto une nouvelle cible pour le commerce électronique. Ou encore d’employés nomades, comme les personnels de maintenance ou les commerciaux itinérants, qui ont besoin de connaître un tarif ou l’état des stocks, ou bien de recevoir des ordres de mission. Professionnels ou particuliers, cette nouvelle cible sera d’autant plus vaste que le téléphone restera, selon toute probabilité, un terminal bien plus largement diffusé que le PC. Tandis que même les personnels sédentaires, qui, un tiers de leur temps (en moyenne), ne sont pas devant leur PC, auraient intérêt à bénéficier d’un accès immédiat à leur système d’information au travers d’un téléphone.
L’autre argument qui plaide en faveur de l’accès nomade est constitué par des applications dont l’intérêt devient évident dans le contexte de la mobilité. Il s’agit d’abord de l’accès permanent à des informations ou à des transactions essentielles, comme la Bourse, les enchères ou les courriers électroniques urgents. Et, ensuite, de services géodépendants, tels que l’aide à la navigation automobile ou piétonnière, ou encore la réservation de vols, d’hôtels ou de véhicules. La norme WAP est une réponse à ces besoins. Mais elle n’est pas définitive. Certes, elle reste sans concurrence si l’on se restreint au seul terminal téléphonique. Quant aux assistants personnels (PDA), leur diffusion reste inférieure à celle des PC et, a fortiori, à celle des téléphones. D’ailleurs, ils peuvent d’autant moins ambitionner de devenir l’accès nomade standard à Internet qu’ils restent essentiellement conçus pour un usage déconnecté. Toutefois, l’exemple américain du Palm VII (connecté à des services propriétaires par voie hertzienne) prouve que les choses ne resteront pas en l’état.
Une ergonomie succinte
D’autant que, de son côté, WAP souffre d’une extrême pauvreté en matière d’ergonomie – celle que l’on peut attendre d’un objet comme le téléphone. Logique, puisqu’il a été conçu par les constructeurs de mobiles GSM. Aujourd’hui, la norme réunit officiellement, au sein du Forum WAP, l’ensemble des acteurs de l’informatique. Et le choc est brutal. Sans forcément parler à l’unisson, les IBM, Oracle, Sun et autres Microsoft voudraient faire évoluer WAP vers une intelligence de traitement et une ergonomie accrue, ainsi que vers un mode de fonctionnement mixte, connecté ou déconnecté. En somme, vers les PDA, dans lesquels ils ont déjà beaucoup investi. Avec, en toile de fond, le désir de migrer vers des protocoles et des langages plus standards, IP et HTML (relancés par l’arrivée du GPRS et de l’UMTS) prenant alors le pas sur la pile WAP (norme jugée de circonstance, qui permet de s’accommoder de l’étroitesse actuelle des tuyaux du GSM). Les fabricants de téléphones ne refusent pas en bloc une transformation du terminal WAP, mais ils tentent de la contrôler en s’associant aux spécialistes des systèmes dédiés aux PDA – Psion ou Palm. Sans qu’il en sorte encore grand-chose de concret.
Le mobile du futur sera peut-être un mélange d’ordinateur de poche et de téléphone. Peut-être téléchargera-t-il des applications sous forme d’applets Java. Peut-être son écran couleurs atteindra-t-il une taille confortable. Sans doute supportera-t-il des débits plus élevés. Mais l’évolution sera lente – il faut s’attendre à quelques années, durant lesquelles verra le jour une palette de terminaux basés sur des standards différents et instables. Tandis que s’accumulera en strates successives un parc installé des plus hétérogènes, à commencer par les téléphones “préWAP”, déjà commercialisés depuis l’an dernier.
Rester indépendant du type de terminal
Autant de raisons qui plaident en faveur d’une adoption prudente et d’une mise en ?”uvre intelligente de WAP. Certes, la spécificité de la couche de transport est inévitable. Mais il ne doit pas être question pour les entreprises, opérateurs et sociétés d’hébergement de développer des applications spécifiquement conçues autour de la norme actuelle. Et, à l’inverse, il serait maladroit de créer des services WAP en s’appuyant directement sur le contenu HTML d’un site Web. La seule démarche viable consistera à séparer les couches données, application et ergonomie. Bases de données, moteurs documentaires, services applicatifs et pages au format XML seront partagés par tous les médias (Web, Palm, Psion, terminaux préWAP et WAP, actuels et futurs). A partir de ce contenu, des pages seront dynamiquement générées, selon un format et une ergonomie spécifiques à chaque terminal. WML pour les téléphones WAP, messages SMS pour les anciens téléphones, HDML pour les téléphones préWAP d’Alcatel, HTML et Java pour les navigateurs des PC ou les Psion, HTML appauvri ou AvantGo (un format propriétaire qui a le vent en poupe) pour les Palm. Avec, en toile de fond, une synergie entre ces différents médias. Typiquement, un site Web permettra à un utilisateur de paramétrer et de personnaliser ce qu’il souhaite recevoir sur son téléphone WAP. Cette vision est anticipée par la quasi-totalité des éditeurs de middlewares, de SGBD, de serveurs de messagerie, voire de PGI ou d’outils de CRM, ainsi que par des opérateurs et des sociétés d’hébergement et autres promoteurs de portails, comme Ubicco, SelfMobile ou Cegetel. Ce dernier prépare ainsi, avec Vivendi, un portail dont le seul nom (MAP, pour Multi-Accès Portail) évoque la cible plurielle
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