Bonne nouvelle, il y a une vie après la mort. C’est même l’une des problématiques de stockage des fournisseurs d’accès au net. Chez Wanadoo Interactive, comme chez les autres, lorsque le détenteur d’une boîte aux lettres meurt, personne n’est tenu de prévenir le prestataire, lequel ne dispose pas toujours des coordonnées des internautes. Ainsi, un internaute décédé ou disparu pour une raison quelconque peut laisser à Wanadoo Interactive quelques mégaoctets de données, dus à son passage sur terre. Et Didier Tournadre, directeur de projet au sein de la filiale de France Telecom, l’admet : aucun protocole de ” nettoyage ” n’est prévu pour des boîtes aux lettres devenues inertes.L’homme a pour mission de gérer le casse-tête du stockage de Wanadoo Interactive, et surtout d’anticiper la croissance des besoins de conservation des données, soit 70 à 80 % par an. L’architecture d’archivage de Wanadoo ne concerne pas les Pages Jaunes ou le portail Voilà, mais seulement les e-mails et les “pages perso”. Wanadoo Interactive, c’est 2,1 millions d’abonnés actifs et 4 millions de boîtes aux lettres électroniques à gérer (à fin mars 2001). Pour accueillir tout ce monde-là, gérer les entrées et les sorties, stocker les photos de famille et les fichiers musicaux échangés entre amis, Didier Tournadre dispose d’un parc de serveurs Sun (à 100 000 euros pièce environ, pas loin de 650 000 francs) représentant 6 téraoctects de capacité.
Six téraoctets de capacité pour 2,1 millions d’abonnés actifs
Pour fixer les idées, 1 mégaoctet, c’est presque l’équivalent d’une disquette, de celles que l’on trouve dans un supermarché, 1 000 méga donnent un giga et 1 000 giga donnent un téra. À titre d’exemple, rien que les courriers électroniques gérés par le fournisseur d’accès représentent 3 téraoctets, marge de sécurité comprise. Le stockage de Wanadoo est un système LAN (local area network).
En 2004, il s’agira d’architectures en réseau de type SAN ou NAS (storage area network et network attached storage) afin de résoudre la croissance des données à stocker, laquelle sera notamment dopée par la généralisation de l’internet rapide. Le stockage en réseau se pilote plus finement et permet notamment de faire face aux inégalités de montées en charge. Mais l’avenir, c’est déjà demain. Wanadoo estime que son parc d’abonnés ADSL devrait passer de 60 000 personnes à la fin 2000 à 120 000 en mars 2001, et à 600 000 à la fin de l’année ! De nouveaux types d’internautes qui n’hésiteront plus à télécharger un film entier et à en faire des copies pour le redistribuer à leurs copains. On sera alors loin du besoin moyen de stockage d’un abonné Wanadoo, qui n’était encore que de 0,6 mégaoctet en mars 2001. Et le volume des boîtes aux lettres, de son côté, passera de 4 millions actuellement à 6 millions à Noël. Anticiper les besoins de stockage, c’est cerner les besoins actuels et futurs des internautes. Ainsi, le centre informatique de Wanadoo, situé dans le 16e arrondissement parisien, ne sait pas si une femme stocke plus quun homme, ou inversement. Une capacité de discernement qui sera intégrée au ” projet 2004 ” de Didier Tournadre.
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